home Politique, RD Congo, Société Lutte contre la Corruption : Thierry Mbulamoko sous la malédiction de l’APLC ?

Lutte contre la Corruption : Thierry Mbulamoko sous la malédiction de l’APLC ?

L’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption (APLC) serait-elle entrain de « manger ses propres fils », c’est le moins que l’on puisse dire avec le nouveau scandale qui risque de faire « chuter » presqu’inévitablement son deuxième Coordonnateur en la personne de Thierry Mbulamoko écarté de ses fonctions jusqu’à nouvel ordre.

Dans une note confidentielle d’information interne datée du 23 octobre 2023 dont une copie a été consultée par afriwave.com, une nouvelle réorganisation sans Thierry Mbulamoko apparait au sein de ce service spécialisé de la Présidence de la République institué par l’Ordonnance n° 20/013 bis du 17 mars 2020.

« La Coordination de l’APLC informe au personnel ainsi qu’à l’ensemble de la communauté qu’à dater de ce lundi 23 octobre 2023, Monsieur Michel Victor Lessay assume jusqu’à nouvel ordre, les fonctions de Coordonnateur A.I de l’Agence. Pendant cette période, Madame Bénie Laure Kamwinziku continuera à assumer ses fonctions de Coordonnatrice Adjointe en charge de Détection, Prévention et Administration. Quant à Monsieur Francis Lusakueno, il cumulera ses fonctions actuelles de Coordonnateur Adjoint en charge du Suivi et Poursuites des Affaires fixées devant la Justice, avec celles de chargé des Plaintes, Enquêtes et Investigations » peut-on y lire.

Quid d’une malédiction APLC ?

Le Parquet près la Cour de Cassation saisi et poursuivant ses enquêtes depuis septembre 2023, Thierry Mbulamoko, deuxième coordonnateur de l’APLC depuis son institution serait-il tombé dans son propre piège, celui de la lutte contre la corruption. Et comme une malédiction, le coordonnateur suspendu serait impliqué dans une affaire des gros sous et qui frise une arnaque contre le pays, mieux la corruption et dans laquelle il pourrait entrainer bon nombre des personnalités.

En effet, il serait accusé d’avoir engagé, sans titre ni qualité, le pays (RDC) ; avec le Groupe Juridique et de Conseil Centurion sud-africain (Centurion Law Group). Selon des indiscrétions, ce cabinet spécialisé dans les questions liées à l’énergie en Afrique ne serait qu’un arbre qui cache la forêt dans réclamation de 36 millions USD à l’Etat congolais soit 20 % du montant perçu pour avoir pesé dans l’Accord de réparation de 180 millions USD conclu, fin 2022, entre le pays et le Groupe anglo-suisse Glencore. Cette société est spécialisée dans le courtage et d’extraction de matières premières issue de la fusion le 2 mai 2013 de Glencore, société de négoce fondée par le trader Marc Rich, et de Xstrata, une entreprise d’extraction minière.

Cette affaire Centurion rappelle une autre, celle dite de la controverse Acces Bank RDC SA. A peine cinq mois après la création de l’APLC, en décembre 2020 ; Me Ghislain Kikangala, le tout premier coordonnateur et l’APLC s’était vu éclaboussé et emporté par le scandale dit Affaire Acces Bank RD Congo SA. Deux agent de l’APLC filmés par une caméra de surveillance avaient été soupçonnés d’extorsion des fonds d’une valeurs de 30.000 dollars cash des guichets de cette banque nigériane en guise de caution alors qu’ils n’en avaient ni l’autorisation, encore moins les droits. Une situation qui avait ressemblé à s’y méprendre à une tentative de corruption dont l’APLC était censée combattre en complicité avec les deux directeurs alors que des services officiels de recouvrement existent.

A cette occasion, Me Kikangala qui avait été entendu par la justice au Parquet Général près la Cour d’Appel de Kinshasa Gombe s’en était sortie fragiliser qu’il ne pouvait plus remplir correctement sa mission ; plusieurs personnes ayant appelés à sa démission à l’époque. Quant à eux, Les deux anciens directeurs des opérations convoqués au Parquet ne se sont jamais présentées devant la justice.

Si pour l’APLC à l’époque, « l’interpellation du coordonnateur Kikangala ne devrait pas occulter les graves soupçons de blanchiment des capitaux et financement du terrorisme chiffrés à plusieurs millions de dollars qui pèsent sur Access Bank SA » on a plus jamais connu la suite de ce dossier qu’on prétendait explosif. Or selon nos sources, il se ferait que cette affaire qui avait piégé Me Kikangala avait aussi un sous bassement politique, celui de positionnement entre conseillers de la présidence de la République qui se combattaient pour garder une influence auprès du Chef.

A lire aussi : RDC : L’APLC et la « vraie-fausse » controverse Access Bank RD Congo SA https://www.afriwave.com/2020/12/16/rdc-laplc-et-la-vraie-fausse-controverse-access-bank-rd-congo-sa/

On pensait que la nomination de Mbulamoko insufflerait-t-elle un nouveau souffle à l’APLC tout lui en redonnant confiance au sein de l’opinion, surtout lorsque l’on sait que la lutte contre les anti-valeurs et la corruption ne sont pas un long fleuve tranquille ; mais c’était sans compter avec le nouveau scandale Centurion.

Faut-il le rappeler qu’à l’époque aussi, le Sénat présidé par Modeste Bahati Lukwebo avait décidé de lancer son propre service de lutte contre la corruption, constituant ainsi un risque de créer un doublon inutile et crever encore davantage le budget de l’Etat.

Présumé innocent, Thierry Mbulamoko ; deuxième Coordonnateur de l’APLC venu de la diaspora et impliqué dans une affaire de présumée corruption, il subsiste tout de même une interrogation par rapport au credo du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi de lutter contre la corruption sous toutes ses formes.

Une nouvelle affaire qui a fait réagir Me Laurent Mutambayi : « En effet, à l’entame de son premier mandat, le Président de République, Félix Antoine Tshisekedi avait fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Cet engagement avait suscité énormément d’espoirs aussi bien parmi les masses populaires que les partenaires de la RDC. L’avènement de l’APLC avait également soulevé des débats au point que certains acteurs de la justice doutaient de la plus-value de cette agence. Déjà à l’époque, je me rangeais parmi ceux qui menaient le plaidoyer pour la création et le maintien de cette agence dans le paysage juridique congolais d’autant que la RDC n’était pas le 1er pays au monde à faire cette expérience. Il est malheureusement regrettable de constater que le Président de la République ne soit pas efficacement aidé dans la mise en œuvre de sa vision, notamment par une direction correcte et irréprochable de l’APLC. En effet, comment comprendre que ceux-là même qui sont chargés de mettre en œuvre la vision du chef de l’Etat se retrouvent eux-mêmes dans des pratiques qui mettent à mal la vision du Président de la République. Cela laisse croire que le Chef de l’Etat se bat tout seul. Il faut au Chef de l’Etat des personnes aguerries, intègres, compétentes et à la moralité irréprochable qui plus est, ont véritablement intégré sa vision du changement. Ces personnes existent, elles sont disponibles et c’est simplement question de les mettre à contribution. Autrement, ce sera un éternel recommencement ».

De ce service directement rattaché à la présidence de la République et imaginé par Félix Tshisekedi en personne pour lutter contre les anti-valeurs, trois ans plus tard ; l’opinion publique en attend toujours les résultats probants qui restent à démontrer dans l’accomplissement de son travail.

Me Laurent Mutambayi en a son idée : « Je ne serai pas aussi péremptoire que vous. Il convient de relever que l’agence n’est pas le ministère public ni son extension. De ce fait, l’agence n’a pas le monopole de l’action publique en ce qui concerne la lutte contre la corruption. L’agence n’est qu’un des acteurs de la lutte contre la corruption. L’efficacité de l’agence est également tributaire du fonctionnement de la justice. Après avoir bouclé une enquête, le dossier est transmis au parquet pour engager les poursuites nécessaires. Contrairement à certaines instances qui communiquent beaucoup à l’instar de l’Inspection Générale des Finances (IGF), L’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption (APLC) a quant à elle opté pour l’instruction dans la discrétion, à l’abri des caméras et en respect du principe de la présomption d’innocence. Bref, on n’a pas encore le sentiment que nous sommes entrés dans l’ère de Zéro Tolérance pour la Corruption. Lorsque nous y serons on pourra alors dire avec assurance « the mission is accomplished ».

« Considérant que la corruption est un obstacle à la réduction de la pauvreté, à la réalisation des objectifs du développement durable et au développement des capacités nationales à améliorer les conditions de vie des citoyens, l’Agence de Prévention et de Lutte Contre la Corruption (A.P.L.C) a été instituée. Avec son Comité de pilotage, sa Coordination et son Comité technique, l’APLC a, entre autres pour mission de « définir et de mettre en œuvre les programmes permettant de détecter les agissements susceptibles d’être considérés comme relevant de la corruption ou d’une infraction y assimilée » peut-on lire sur le site de l’APLC. Un vœux pieux ou une réelle volonté de faire ?

Un dossier à suivre…

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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