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RDC : Les IXèmes Jeux de la Francophonie, Kinshasa recalés jusqu’en 2023

Camouflet ou sauvetage de dernière minute alors qu’ils auraient pu être délocalisés ailleurs, c’est selon dans quel camp l’on se trouve ; mais comme il fallait s’y attendre et malgré les assurances des gouvernants comme du Comité organisateur, les IXèmes Jeux de la Francophonie qui étaient prévus en aout 2022 n’auront pas lieu.

Ainsi en a décidé le Conseil Permanant de la Francophonie pour « reporter d’une année supplémentaire les IXèmes Jeux de la Francophonie de Kinshasa ». Recalé ou sauvetage, ces jeux auront lieu on l’espère en 2023 et le nouveau comité dirigé par Isidore Kwandja Ngembo se démène pour ce faire ; pourvu qu’on lui en donne les moyens et qu’on lui laisse les mains libres.

Trois raisons discutables sont à la base de cette décision de report à savoir :

  • L’état d’avancement de l’organisation,
  • Le plan vaccinal contre la covid-19 pour assurer la sécurité sanitaire des délégations francophones qui viendront participer aux jeux,
  • Les possibilités d’une participation massive des jeunes athlètes et artistes francophones.

Certes motifs valables mais discutables alors que le « diable » se cache dans les détails. La réalités demeure que sur « l’état d’avancement de l’organisation », aucune infrastructure nouvelle n’est existante à ce jour malgré les promesses faites ; mais aussi que la réhabilitation de deux stades de Kinshasa devant abriter les compétitions sportives n’est jamais terminée.

Jusqu’à ce jour, aucune construction nouvelle pour ces jeux n’est sortie des terres, notamment le village des athlètes. Sur le site situé à côté du Stade Tata Raphael de la commune de Kalamu, 12 bâtiments du Village des Jeux de sept étages auraient pu être construits pour accueillir diverses délégations dans un délai imparti. Chose irréalisée jusqu’à ce jours.

Alors que la construction de ces bâtiments n’a jamais démarré, le contrat entre la RDC et l’entreprise sélectionnée pour réaliser ce projet a été annulé à l’amiable ; faute de faisabilité, notamment le délai imparti de réalisation dit-on du côté de l’entreprise jadis choisie.

Dans l’entretemps, de l’argent débloqué et payé en avance à cette entreprise, on en parle plus ; ce qui sous-entend une nouvelle perte pour le pays.

De la deuxième cause concernant la pandémie de la covid-19 reste encore discutable, car à ce sujet et depuis deux ans déjà que sévit la maladie dans le monde ; il n’y a pas eu plus des contaminations et des morts au Congo qu’en France pour ne citer que ce pays par exemple.

De plus, les athlètes arrivant dans le pays pour les jeux devront être isolés du reste de la population pour résider dans leur camp. On a vu cela au Cameroun avec l’organisation et la tenue de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2021 reportée en 2022 du fait que les infrastructures n’étaient pas au point.

Corruption et détournements

« Le Conseil Permanent a saisi l’occasion d’une part pour louer le leadership du nouveau Comité national dirigé par Isidore Kwandja Ngembo et la nouvelle dynamique qu’il incarne et, de l’autre part, pour saluer les efforts de la RDC pour les moyens qu’elle est entrain de déployer afin de garantir le succès de cette 9ème édition des jeux » peut-on lire dans le communiqué de presse diffusé.

Le problème de Kinshasa dans l’organisation de ces jeux comme dans d’autres projets initiés depuis trois ans demeure la corruption et les détournements devenus un « sport favoris » des personnes appelées à gérer les dossiers. Les IXèmes Jeux de la Francophonie n’en ont pas fait exception après le renvoi de la manière que l’on sait de l’ancien Haut Représentant du Chef de l’Etat pour ces jeux Didier Tshiyoyo Mbuyi.

Outre son incompétence en la matière dont se plaignaient ses collaborateurs, ce « DJ » animateur des nuits dans les dancings européens avant son parachutage à Kinshasa a justifié sa déconfiture « Qu’il n’y a pas de détournement, car l’argent n’a jamais été disponibilisé » en expliquant deux choses : « Il n’a jamais reçu l’argent pour la préparation des jeux et l’organisation a désormais été récupérée par le ministères sectoriels depuis le 22 octobre 2021 ».

Ce que Tshiyoyo qui s’en tire sans sanctions ni poursuites n’explique pas, combien avait-il reçu du gouvernement pour mener le train de vie qui était le tien ? Pourquoi la grogne des agents qui n’ont pas été payés depuis des mois alors que lui se pavanait avec un train de vie d’un petit « roitelet » dans Kinshasa ?

A peine Tshiyoyo débarqué et un nouveau Directeur national nommé, le gouvernement annonçait avoir disponibiliser 58 millions de dollars pour accélérer l’avancement du projet. Une opportunité pour les « vautours » et les « lobby » des conseillers occultes s’activent. Car avant même que le nouveau comité n’ait vu la couleur, l’argent est disséqué par d’un côté le Ministère des Infrastructures et Travaux Publics et de l’autre par le Ministère de la Coopération Internationale, Intégration Régionale et Francophonie.

Avec précipitation, des contrats dépassant près de 15 millions de dollars sont déjà ou en passe d’être signés avec des prestataires au nom du gouvernement pour les jeux de Kinshasa sans qu’on en voie l’urgence extrême sur terrain.

Et dans l’entre-temps, les jeux ont été reportés d’un an « supplémentaire qui va permettre au Comité National des jeux de la Francophonie de terminer les travaux d’infrastructures en cours et des tout mettre e, œuvre pour offrir les meilleurs jeux à la jeunesse francophone du monde ». Qui dit que d’ici 2023, ces contrats signés et l’argent payé produiront des résultats se demande l’opinion désabusée à plusieurs reprises.

Lire aussi : RDC : IXèmes Jeux de la francophonie, Didier Tshiyoyo renvoyé à ses dépends https://www.afriwave.com/2022/01/05/rdc-ixemes-jeux-de-la-francophonie-didier-tshiyoyo-renvoye-a-ses-depends/

Et dire qu’à un moment donné ; on avait imaginé logé les athlètes dans les dortoirs rénovés pour étudiants sur le Campus de l’Université de Kinshasa situé à des kilomètres des deux stades dans une ville embouteillée du matin au soir.

Une autre solution et un contrat envisagé même avec une entreprise britannique pour la construction des préfabriques sans que l’on se rappelle « le scandale » des maison préfabriquées du Programme de 100 Jours qui pourrissent aujourd’hui dans une végétations luxuriantes sur les hauteurs de Kinshasa au bord du fleuve comme à Mbuji-Mayi en province du Kasaï Oriental.

Les 58 millions de dollars de ce projet n’ont jamais été revus alors que l’ancien Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat, Vital Kamerhe et l’entrepreneur libanais Samih Jammal ont été condamnés pour corruption et détournements des deniers publics.

Il est encore grand temps afin qu’une vigilance tous azimuts soit dans ce dossier si l’on ne veut que le nouveau Comité National d’Isidore Kwandja Ngembo qui se démène ne se retrouve pas dans les mêmes conditions que Didier Tshiyoyo.

A l’Inspection Générale des Finances (IGF) et pourquoi pas la Cour des Comptes d’enquêter dans ce dossier Jeux de la Francophonie avant que d’autres scandales ne viennent encore ternir l’image du plus grand pays francophone du monde.

Nous y reviendrons.

Lire aussi :  RDC : Le gouffre financier de l’arnaque des maisons préfabriquées et le Procès de 100 Jours https://www.afriwave.com/2021/03/15/rdc-le-gouffre-financier-de-larnaque-des-maisons-prefabriquees-et-le-proces-de-100-jours/

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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