Une longue journée qui s’est terminée dans la nuit aux cents couteaux a vu la chute de Jeanine Mabunda Lioko Mudiayi, membre PPRD et première femme « speaker » de la Chambre basse du parlement. Malgré sa demande de pardon au nom du bureau qu’elle a dirigé d’une main autoritaire, c’est à une majorité écrasante que les 483 députés membres de la chambre basse du parlement ont voté la destitution de leur désormais ex-présidente de l’Assemblée nationale : 281 voix pour, 200 contre, 1 abstention et 1 nul sanctionnant ainsi la fin d’une époque.
Malgré la présence des députés de son camp du Front Commun pour le Congo (FCC) venus en nombre pour la soutenir alors qu’ils avaient au départ promis de ne pas venir, Jeanine Mabunda est tombée face à ses collègues. Cette déchéance symbolise la victoire historique de la démocratie sur l’arbitraire, celle du peuple. Mme Mabunda a été victime de son arrogance, de son manque d’esprit de corps et de leadership dans la gestion des affaires parlementaires ; bref de son gangstérisme parlementaire » selon le député de l’ancienne opposition Delly Sesanga.
Dans une espèce de « mea culpa » tardive lors de sa prise de parole avant le vote, Jeanine Mabunda avait rejeté « tous les griefs mis à sa charge et invité l’auguste Assemblée à rejeter la pétition à leur endroit ». Elle justifiait ainsi sa présence dans l’hémicycle dans le seul but « clarifier les allégations perçues sur les réseaux sociaux ».
Elle finit par demander pardon à ses collègues qui ne l’ont pas entendu à ce sujet : « Je peux vous rassurer qu’en toute simplicité, au-delà des incidents et accidents, si nous avons été mal compris, nous nous en excusons. Néanmoins, l’Assemblée nationale est une institution complexe ».
Cette sanction confirme ainsi la volonté du président de la République Félix Tshisekedi de créer une Union Sacrée de la Nation pour une nouvelle gouvernance du pays après deux ans de blocages en tous genres de la part du FCC hier encore majoritaire au sein de l’Assemblée nationale.
La chute du Bureau Mabunda sonne ainsi le glas de la majorité parlementaire hétéroclite détenue jusque-là par les proches de l’ancien président Joseph Kabila, ouvrant ainsi la voie à la fin du Gouvernement de coalition du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, au profit d’un Informateur promis par le Président Félix Tshisekedi et devra être chargé de redéfinir la nouvelle majorité.
L’ensemble du bureau tombe
Les griefs portés contre Mme Mabunda n’ont pas épargnées l’ensemble de son bureau, soit les cinq membres alors que l’ancien premier vice-président, l’UDPS Jean-Marc Kabund destitué n’avait pas toujours pas été remplacé pour cause des manouvres de l’ancienne majorité. Il leur été reproché notamment l’opacité dans la gestion des finances, le mépris à l’égard de la plénière pourtant l’organe suprême de l’Assemblée nationale et des violations répétées de la Constitution et du règlement intérieur de la chambre basse du parlement.
Le 2ème vice-Président, Balamage Nkolo (AAB) a été destitué avec 265 voix pour, 215 voix contre, 2 abstention et 1 nul sur les 483 votants. Le même sort a été réservé au Rapporteur Célestin Kalombo Musao (AAA), à la Questeure Marie-Claire Alfani Machozi, dissidente de l’AFDC-A ; et plus étonnant, son adjoint Jacques Lunguana (MLC) considéré comme un proche de Jean-Pierre Bemba qui n’a pas non plus passé le cap des pétitions.
Le cas du dernier membre de ce bureau a été remis à une prochaine session du fait qu’il est gravement malade dans un hôpital de la place après avoir piqué une crise.
Comme un clin d’œil, c’est en pleine nuit qu’a été destitué Jeanine Mabunda qui désormais siègera dans l’assemblée de ses collègues et non plus au perchoir, à l’instar de Jean-Marc Kabund qu’elle avait également fait destitué nuitamment.
Lire aussi : RDC : Destitution de Kabund, un « coup » de semonce et d’avertissement à Tshisekedi https://www.afriwave.com/2020/05/26/rdc-destitution-de-kabund-un-coup-de-semonce-et-davertissement-a-tshisekedi/
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi