C’est sous les regards des portraits d’anciens premiers Commissaires d’Etat et premiers ministres ornant la salle principale de la Primature que le vice-Premier ministre en charge de la Justice et Garde des Sceaux, Célestin Tunda Ya Kasende a rendu finalement son tablier hier samedi 11 juillet 2012.
Lisant lui-même son communiqué, l’homme sur qui tous les regards étaient tournés depuis deux semaines annonce lui-même et laconiquement sa démission de ses fonctions : « Ce samedi 11 juillet 2020, je suis venu rencontrer le Premier ministre après que j’ai eu à faire un examen personnelle de la situation de l’heure pour lui remettre officiellement ma démission ».
« Je n’ai pas démérité, je pars du gouvernement avec la conviction que mon action au sein du ministère de la Justice a apporté une pierre à l’édifice de la consolidation de l’État de droit dans notre pays. J’ai pu présenter au Chef du gouvernement tous mes remerciements pour son encadrement, au président de la République pour la confiance qu’il avait placée en moi, à toutes les autorités politiques du pays et à ma propre famille politique pour le soutien et l’encouragement » explique-t-il sans beaucoup d’expression.
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— TOP CONGO FM (@TopCongo) July 11, 2020
Démissionnera ou pas ?
Fragilisée politiquement malgré sa posture et celle de son parti le PPRD de Joseph Kabila, la question de la démission ou non de Tunda Ya Kasende était sur toutes les lèvres depuis sa brève interpellation à son domicile du samedi 27 juin 2020 avec comparution en procédure de flagrance devant le Procureur Général près la Cour de Cassation.
Il était reproché à l’ex-ministre de la justice un « faux et usage de faux » dans la transmission par lui à l’Assemblée nationale d’un avis favorable du gouvernement sur les propositions de modification de la loi justice sur le parquet initiées par les députés nationaux FCC Aubin Minaku et Gary Sakata.
Cette prise de position personnelle de l’ancien Garde des Sceaux l’était sans information au Conseil des ministres que préside d’ordinaire le président de la République. Interdit de participation aux dernières réunions hebdomadaires du gouvernement par visio-conférence après un coup de colère de Félix Tshisekedi, la situation de l’ex-Secrétaire Général adjoint du PPRD comme de son parti devenaient intenable pour sa présence au sein du gouvernement.
Lire aussi : RDC : Le « feuilleton » interpellation Tunda Ya Kasende, un suspens au bout de la nuit https://www.afriwave.com/2020/06/28/rdc-le-feuilleton-interpellation-tunda-ya-kasende-un-suspens-au-bout-de-la-nuit/
Dans ce qui ressemble à un mélodrame politique sur fond des tensions au sein de la coalition au pouvoir ( le CACH de Tshisekedi et le FCC de Kabila), le PPRD du même Kabila avait comme pour entamer un énième bras de fer ; avait fait de dénoncer ce qu’il considérait comme un « acte d’intimidation » et un « recul de la démocratie ».
Du point de vue de notre consultant maison Jef Bunduki K., « La situation politique dans le pays est effectivement tendue, mais quelles sont les leçons peut-on déjà tirer de l’appel à manifestation de l’UDPS ? La première est que le congolais ont bravé les restrictions liées à l’état d’urgence sanitaire. Signe qui montre que le peule accepte de se sacrifier plutôt que de vivre encore les magouilles consécutives à son choix électoral. C’est un rejet massif des velléités du FCC. La seconde leçon c’est que nombre de ceux qui n’osaient pas sortir de chez eux sous la gouvernance de Kabila ont pu défiler dans les rues du pays. La troisième leçon, c’est que la police a, en dépit de quelques bavures, dans l’ensemble bien géré les mouvements de foule sur l’ensemble de territoire national ».
Et à lui d’estimer que « La quatrième leçon est que la réussite de la mobilisation est un succès politique pour Kabund et Kabuya. Ceux qui contestent leur leadership au sein de l’UDPS sont forcés d’admettre que la base du parti est mobilisée derrière eux. La cinquième et dernière leçon c’est que cette démonstration de force est un renforcement de la légitimité populaire de Fatshi. Il n’est pas seul. Ce tout cela, la question est de voir comment le président de la République va transformer ce quasi plébiscite en actes politiques qui va conforter l’adhésion de la population à son objectif de faire de la RDCongo un pays où il fait bon vivre pour tous. Et ce, en attendant de voir si les autres organisations politiques qui ont programmé des marches rencontreront la même adhésion populaire ».
Certes un « soupape » de petite décompression provisoire, la démission de Tunda Ya Kasende ne résout en rien la vive tension politique et sociale que traverse le pays ; avec en ligne de mire la désignation des futurs membres du bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante (Céni) qui sera chargée de l’organisation des élections générales et présidentielles de 2023.
La candidature à la présidence de la Céni de Ronsard Malonda « entérinée » en toute précipitation par l’Assemblée nationale est violement contestée dans le pays tout entier. Suspectée comme une préparation de la future fraude électorale pour faire revenir Joseph Kabila au pouvoir, le cas Malonda a fini par diviser en deux groupes les confessions religieuses avec les pour et les contres : d’un côté les Catholiques et protestants, de l’autre les restes dans un groupe de six.
Dans un climat politique qui demeure volatile, la première manifestation contre la candidature de Malonda sur appel du parti de Tshisekedi l’UDPS a fait des morts à Kinshasa comme à l’intérieur du pays. Plusieurs autres marches de protestation comme de soutient sont déjà programmées dès la semaine prochaine par la coalition de l’opposition Lamuka, la Société civile avec ses mouvements citoyens et voir par le PPRD de Kabila.
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi