home Politique, RD Congo RDC : Le « feuilleton » interpellation Tunda Ya Kasende, un suspens au bout de la nuit

RDC : Le « feuilleton » interpellation Tunda Ya Kasende, un suspens au bout de la nuit

ACTE 1 : Une interpellation qui a fait trembler…

« Tunda Ya Kasende célestin, séant ministre PPRD de la Justice et Garde des Sceaux en passe d’être interpeller en flagrance par la police su ordre du Procureur Général de la Cour de Cassation » annonce un n internaute sur Twitter avant que l’information ne devienne virale en faisant le tour du monde.

Il s’ensuit des images partagées de ces jeeps de la police autour du domicile du ministre qui se « serait enfermé dans sa maison, refusant de suivre les officiers » venus le chercher afin de l’amener devant le Procureur au Parquet Général près la Cour de cassation après un incident de procédure la veille avec le président de la République Félix Tshisekedi en Conseil des ministres.

Malgré les négations avec le communiqué du Directeur ad intérim du cabinet du chef de l’Etat pour minimiser cet incident, il se fait que le même vendredi, lors du Conseil des ministres ; le président Tshisekedi avait « sévèrement reproché à Tunda Ya Kasende d’avoir transmis à l’Assemblée nationale l’avis du gouvernement sur trois propositions de loi très controversées » avant qu’il ne quitte visiblement remonté et chose rarissime ; la visio-conférence gouvernementale. Une « initiative personnelle », avait même révélé le compte-rendu officiel du Conseil des ministres diffusé pour parler du ministre Tunda.

Selon les sources de la justice, Tunda Ya Kasende qui avait fini par se rendre avait pris ce temps pour « alerter ses proches du PPRD » dont le Secrétaire Permanent du PPRD Ramazani Shadary, le député auteur de la proposition Aubin Minaku etc. Branle-bas de combat des responsables du PPRD accourus au secours du « soldat Tunda » dont l’audition se déroule devant la Cour de Cassation et « coup de sang » lorsqu’ils sont interdits d’entrée par la police.

Dans l’entre-temps, une réunion entre le premier ministre Ilunga Ilunkamba, tous les vice-premiers ministres et les ministres d’Etat de sa plateforme du FCC est tenu d’urgence avec une déclaration lue par son porte-parole sur ce qu’ils considèrent être « l’arrestation arbitraire et l’humiliation subie par leur collègue » avec à la clé « une menace de la démission du gouvernement » si Tunda n’était pas libéré.

ACTE 2 : Emotion et incohérences

C’est le moins que l’on puisse dire de la sortie médiatique par son chargé de communication interposé du premier ministre Ilunga Ilunkamba pourtant « aphone » depuis sa nomination sur plusieurs questions  d’intérêts du pays. L’opinion se questionnant même sur la capacité de son travail effectif à la tête du gouvernement national depuis plus d’un an.

Interpellation de son ministre de la Justice et membre de son parti le PPRD aura été finalement l’occasion de l’entendre entre « émotion et incohérences » dans son discours comme le révèle le document officiel de sa communication ratée.

Sur sa page Facebook ce dimanche 28 juin 2020, le Pr Alphonse-Daniel Ntumba Luaba Lumu se pose un certain nombre des questions sur le comportement du premier ministre Ilunga Ilunkamba. C’est notamment sur la « nature de la réunion tenue par lui hier soir, son format, sa dénomination et sa déclaration finale lue par un porte-parole qui n’est pas le Ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement » apparemment resté en dehors de la rencontre pro-FCC.  

Texte d’Alphonse-Daniel Ntumba Luaba Lumu

QUELLE EST LA NATURE DE LA RÉUNION TENUE PAR LE PM HIER ? SOUS QUEL FORMAT ET QUELLE DÉNOMINATION ? DEPUIS QUAND UNE RÉUNION DES MINISTRES SE TERMINE PAR UNE DÉCLARATION D’UN PORTE-PAROLE DE LA PRIMATURE ?

On nous dit que se sont réunis autour du Premier ministre des Vice-premiers ministres, des ministres d’Etat, des ministres et vice-ministres, sans préciser lesquels. Apparemment, le PM ne s’est réuni qu’avec une partie du Gouvernement, essentiellement les membres d’une composante.

On ne sait pas s’il s’agit d’une Commission interministérielle, laquelle ? Lorsque le Président de la République est présent au pays, le PM peut-il tenir une réunion de Cabinet sans obtenir l’autorisation ou prévenir le Chef de l’État ?

Depuis quand le PM communique avec le Chef de l’État à travers un texte lu et rendu public par son Directeur de communication et porte-parole ? A-t-on convoqué le VPM de la Justice sur la base des propos tenus au Conseil des ministres, des opinions émises ou sur la base d’écrits fallacieux, écrits et adressés à l’Assemblée nationale au nom et du Gouvernement et du Conseil des ministres et qui n’ont jamais été soumis à celui-ci. Paradoxalement, la réunion d’hier semble engager aussi le Gouvernement sans que celui-ci se soit réuni et traduit sa volonté par son porte-parole attitré. On lui fait même dire qu’il menace de démissionner. Et même s’il le faisait, la Nation congolaise survivrait.

Que pense le professeur Ilunga Ilunkamba de cette substitution subtile et pernicieuse d’un ministre au Gouvernement, dans l’ignorance ou le contournement de celui-ci ? Lorsque le PM constate de tels faits pourquoi n’a-t-il pas le courage d’en tirer conséquence ? Le VPM ministre ignore sa lettre et ses recommandations à ce sujet, il ne fait l’objet d’aucune demande d’explication et mise en demeure. Bien au contraire le Conseil des ministres, sous la partie continuée par lui, constate que le VPM a envoyé les avis à son initiative personnelle, donc dans l’ignorance superbe du Gouvernement, et il n’en tire aucune conséquence, et cherche même à couvrir cette faute. Rien d’autre que de la complaisance.

Depuis quand, sur un ton péremptoire et dans des accents d’un chef ou représentant syndical d’une composante d’une partie du Gouvernement, le PM adresse des recommandations publiques au Président de la République et lui demande de faire respecter la Constitution. Est-ce là la courtoisie, voire le respect, qu’un Premier ministre doit avoir à l’endroit d’un Président de la République. Qui assure le secret des délibérations du Conseil des ministres ? Est-ce le Chef de l’État ou le Chef du Gouvernement ?

Ce texte de la Primature fait apparaître que celle-ci est aussi engagée dans la bataille de l’abaissement de la Justice. Le Premier ministre qui n’a pas su ou pu demander des explications ou sanctionner les fautes commises par le ministre de la Justice, le voilà qui sollicite du Chef de l’État d’obtenir la sanction de certains magistrats.

Non monsieur le PM, un Premier ministre en homme d’État ne s’adresse pas au Président de la République à travers un communiqué lu par son chef de communication ou porte-parole. Il lui écrit directement ou demande à le rencontrer.

C’est un déficit de courtoisie républicaine. Ce n’est pas l’attitude d’un homme d’État. C’est un agissement syndical d’un chef d’une composante gouvernementale. C’est une faute ou erreur éthique et déontologique véritable.

Je signe et j’assume

Pr Ntumba Luaba

Dimanche 28 juin 2020

ACTE 3 : Une libération au bout de la nuit…

Visiblement content d’être libéré samedi soir, quelques heures après avoir été arrêté chez lui puis retenu au Parquet, Tunda Ya Kasende s’est retrouvé face à une poignée des partisans PPRD réunis au siège du parti en présence de Ramazani Shadary pour des discours improvisés.

Après sa relaxe, Tunda Ya Kasende comme pour se donner un peu de courage évoque Joseph Kabila sans le citer déclare : « Yemeyi (lui-même en personne, NDLRr) m’a dit il ne faut pas avoir peur de quoi que ce soit. C’est pourquoi, malgré qu’ils avaient déjà encerclé la parcelle, Yemeyi (lui-même) m’avait dit n’ait pas peur » – Celestin Tunda Y’a KASENDE après sa libération.

Et pour a part, le Secrétaire Permanent du PPRD se rappelant aux bons souvenirs du MPR parti-Etat de Mobutu sous les « vivas » et autres « nyenye » invective ses troupes comme pour se redonner du courage sur fond des oukases : « Personne ne devra nous intimider, la dictature est entrain de revenir ».

Notons tout de même que le ministre avait été à la base d’un incident lors du conseil des ministres du vendredi 26 juin 2020 suite à la transmission par ses soins à l’Assemblée nationale et sans l’aval du gouvernement « des observations sur la proposition de modification de la loi portant statut des magistrats du parquet » faite par les députés PPRD Minaku et Sakata. Ces propositions ont provoqué depuis lors des manifestations à travers le pays de Lubumbashi à Kikwit, les plus violentes s’étant déroulées mardi et mercredi autour du Parlement nationale de Kinshasa.

Alors que lesdites observations du gouvernement étaient attendues pour au plus tard le 29 juin 2020 selon la lettre du premier ministre, Tunda Ya Kasende les avaient transmises dès le 18 juin ; les modifications souhaitées par lui portant sur l’alinéa 2 qui devrait se réécrire : « S’agissant spécialement de la violation de son pouvoir d’injonction, le ministre ayant la justice dans ses attributions est habilité à prendre toute mesure conservatoire ou administrative à charge des magistrats du Parquet. Il est en outre nanti du pouvoir de contester tout manquement imputable à un ou plusieurs magistrats du Ministère public près toute juridiction, d’en confier l’instruction à son officier du Ministère public de son choix sans préjudice de la considération de grade et d’en saisi le Conseil Supérieur de la Magistrature ».

Du point de notre analyste politique maison Jeff Bunduki, il se pose également des questions : « Est-ce que les magistrats sont à ce point bêtes pour opérer des arrestations arbitraires ?  Le Conseil d’Etat n’est plus muselé comme il y a 58 ans. Le FCC n’a toujours pas compris le vent du changement qui souffle en RDCongo. Leur majorité artificielle au parlement n’est pas une garantie pour eux. Le président peut dissoudre l’Assemblée nationale et tant que la situation de Covid-19 n’est pas vaincue, il peut légiférer par ordonnances-loi en attendant l’organisation de nouvelles élections législatives et il peut nommer un nouveau gouvernement d’où sera totalement exclu le FCC. Les poursuites contre le FCC auront toujours lieu grâce à la Justice indépendante ».

Et de poursuivre : « Ces grognements ne sont là que pour s’auto-rassurer. Il est quand même étonnant de voir le premier ministre qui ne s’est jamais exprimé sur un sujet social dans le pays se lever hier et dire qu’il va présenter sa démission car un ministre a été interpellé par la justice. Personne ne se dit voyons ce que la justice va faire. Attendons voir si elle a raison ou tort. C’est tout de suite, l’arme de la démission qui est présentée. Le ministre du Portefeuille Kwete a bloqué près d’un an et demi les ordonnances présidentielles nommant des mandataires publics. Ilunkamba n’a jamais pipé mot ni menacé d’éjecter le ministre fautif. Une question à 1000 dollars maintenant : si le VPM et ministre de la Justice est mis aux arrêts, est-ce que les lois scélérates Minaku et Sakata seront encore votées avec empressement si c’est le vice-ministre de la Justice qui est UDPS est confirmé à ce poste ? La politique n’est pas l’art de faire du nombrilisme ».

Lire aussi : RDC-JUSTICE : Le ministre Tunda Ya Kasende doit démissionner ! https://www.afriwave.com/2020/06/27/rdc-justice-le-ministre-tunda-ya-kasende-doit-demissionner/

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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