home Politique, RD Congo RDC : Scandale « Machines à voter », un délit de corruption avéré et une fraude en perspective ?

RDC : Scandale « Machines à voter », un délit de corruption avéré et une fraude en perspective ?

Ce qui n’était au départ qu’une suspicion de l’opposition politique et de la Société civile sur une intention de fraude à grande échelle au travers des « machines à voter » lors des élections de fin d’année 2018 se vérifie chaque jour qui passe.

De ces machines qui n’ont jamais encore été utilisées nulle part au monde et les démonstrations effectuées en RDC sont loin d’avoir donné toute satisfaction. Les électeurs congolais selon divers sondages ne faisant confiance en la CENI et étant nombreux à redouter que lesdites machines ne soient utilisées pour organiser une fraude massive, plus discrète que celle qui avait poussé les observateurs à considérer les élections présidentielle et législative de novembre 2011 comme « non crédibles ».

L’arrivée du premier lot de huit kits de la machine à voter le mardi 9 décembre 2017 et la présentation officielle du 21 février 2018 tout comme les diverses démonstrations qui se poursuivent depuis lors ne convainc personne. Au pire, Les négociations engagées avant 2015 par feu l’abbé Malumalu et finalisée par Corneille Nangaa en début 2018 avec l’approbation du premier ministre Bruno Tshibala n’avaient toujours été précédées par une clarté dans la procédure.

Les petites passes entre ’amis comme cette nomination du fils du vice-président, le PPRD Norbert Basengezi ; comme Conseiller chargé des Nouvelles Technologies à la CENI n’avait jamais fait l’unanimité. En effet, Marcellin Mukolo Basengezi qui a fait une partie de ses études en Corée du Sud aurait été vu avec les diverses délégations de Miru Systems, l’entreprise qui signé le contrat pour qui il aurait travaillé ; chose qu’a toujours démenti Nangaa disant le fils de son vice-président qu’il : « n’a aucun lien avec cette entreprise ». Un soupçon de corruption avec de rétrocommissions importantes planant au-dessus de ce marché dénonce un membre du Bureau de la CENI.

Lire aussi : CENI-RDC : Corneille Nangaa Yobeluo et ses valises « Machine à Voter » de toutes les polémiques ! https://www.afriwave.com/?p=8398

Réagissant à notre article ci-dessus, un internaute congolais écrit : « Si l’ambassade de la Corée voit un problème à ces machines à voter et prend position officielle de la part de son pays, n’est-ce pas que les licences d’exportation de ces machines sont de l’apanage du gouvernement coréen et celui-ci peut juste ne pas en délivrer ? À quoi bon envoyer des emails à gauche et droite si l’essentiel à faire c’est juste ne pas délivrer la licence d’exportation ».

Déjà lors de sa visite à la CENI durant son déplacement en RDC en fin octobre 2017, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikky Haley avait dénoncé le recours à cette « machine à voter » pour le risque colossal contre le processus électoral, lui conseillant préférer un vote à bulletins papier pour qu’il n’y ait pas de doutes sur le résultat final. Position qu’avait également soutenu la CENCO qui avait d’abord invité la CENI « à lever l’équivoque et les suspicions autour de la machine en acceptant sa certification par des experts nationaux et internationaux ».

La mise au point coréenne

Le recours à cette technologie non encore éprouvée de la machine à voter par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pourrait « mettre en danger la tenue pacifique et ordonnée des élections», a averti le gouvernement de la Corée du Sud : « Au vu de la situation actuelle en RDC, la communauté internationale est préoccupée que le gouvernement congolais puisse une fois de plus retarder l’élection ou mettre en danger la tenue pacifique et ordonnée de l’élection», peut-on lire dans ce document intitulé «La position du gouvernement de la République de Corée sur l’utilisation par le gouvernement congolais des machines à voter aux prochaines élections ».

Dans le document publié par Jeune Afrique, on peut également y lire : « Exporter leurs machines au Congo pourrait donner au gouvernement congolais un prétexte pour des résultats indésirables liés aux élections, notamment le retard additionnel de la tenue des élections, et aussi le danger de devenir une cible des critiques », prévient la Corée du Sud.

Si le gouvernement sud-coréen reconnait en outre ne posséder en outre « aucun droit légal pour décourager une compagnie privée à ne pas exporter ses produits », il promet de « prendre des mesures adéquates en collaboration étroite avec les pays concernés (dans lesquels ces machines pourraient être exporter dans le future, NDLR), tout en suivant de près l’évolution de la situation au Congo, plus particulièrement tout mouvement relatif aux prochaines élections ».

La CENI enfermée dans un « autisme » inquiétant

Pour la CENI qui continue de s’enfermer dans une espèce d’autisme inquiétant, « tout vas bien, rien à signaler » semble dire les responsables. Son rapporteur sur le « départ » pour son remplacement, l’UDPS Jean-Pierre Kalamba disant « son institution pas inquiète, étant donné que Miru Systems, le fabricant coréen des machines à voter, n’a pas signalé un quelconque problème ».

Kalamba voit même dans toute cette « agitation » et les réserves de la chancellerie sud-coréenne de Kinshasa un « dessous de cartes » qu’il n’explicite pas autrement. « L’ambassadeur vous dit qu’il n’a pas à imposer son autorité à l’entreprise coréenne qui a signé avec nous, mais ne s’engage pas. Donc ça ne nous inquiète pas, dans la mesure où c’est l’entreprise Miru qui traite avec la CENI » affirme Jean-Pierre Kalamba.

A l’instar de son président Corneille Nangaa qui disait des machines à voter comme « un fruit de l’expertise congolaise de la @cenirdc dixit @CNangaa », Kalamba précise que « les spécificités de ces machines sont des logiciels congolais dont l’entreprise sud-coréenne Miru n’aide la CENI qu’à mettre en musique ».

La question qui demeure est celle de savoir avec quelle garantie pour des élections apaisées et sans fraudes ?

Luaba Wa Ba Mabungi

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