home Politique, RD Congo KINSHASA : « Les jeunes leaders PPRD » ou l’apologie de la violence contre les prêtres et les opposants

KINSHASA : « Les jeunes leaders PPRD » ou l’apologie de la violence contre les prêtres et les opposants

« Désormais les choses sont claires et l’on sait de quel côté l’apologie de la violence est prônée ». Ces propos de colère sont ceux d’un citoyen de la commune de Lingwala plus qu’emporté alors que la tension demeurait à son comble hier soir dans la ville de Kinshasa avec l’invasion de l’enceinte de la Cathédrale Notre Dame du Congo dans la commune de Lingwala par des badauds dits « jeunes leaders PPRD ».

Se réclamant des « soldats politique du Raïs » donc de Kabila et qui ont reçu leur formation trois ans durant, ils ont fini par être mis en débandade par les jeunes habitants de la commune de Lingwala venus défendre leur lieu de culte. Les faux « pèlerins » d’un soir n’ont pas résisté malgré les promesses non tenues de leur hiérarchie de paiement de pourboire et la passivité des forces de la police présentes sur le lieu.

« Même à l’époque du MPR parti-Etat, nous n’avons jamais connu pareil comportement » commente un habitant du quartier accouru au secours de sa paroisse pour chasser « les intrus » comme il a appelé les jeunes PPRD.

Lire aussi : KINSHASA : Les badauds en « bérets rouges » du PPRD envahissent l’enceinte de l’esplanade de la Cathédrale Notre Dame du Congo http ://www.afriwave.com/ ?p=7807

Comme si cette déroute ne leur suffisait pas, une vidéo privée est apparue dans les après-midis sur des réseaux sociaux expliquant bien les réelles intentions de cette bande plus d’inciviques que des vrais militants d’un parti politique. La violence prônée en l’endroit des « prêtres » en soutane qualifiés « d’imposteurs » qu’il faut arrêter et acheminer à la police dit tout. Ceci expliquant bien cela, la police serait-elle de connivence avec les jeunes du PPRD qui sont devenus ses agents auxiliaires dans l’accomplissement de sale besogne contre les ministres de l’Eglise et autres opposants politiques ?

Vidéo sur réseaux sociaux

Dans une harangue d’un autre âge, un individu se contredisant aiguise la petite foule dans un discours vindicatif au nom du Raïs : « Ne frappez pas, tu vois un prêtre en soutane ; fais ta prière au nom du père et tiens dans sa soutane et ramènes-le à la police. Je le répète ne frappez pas, n’ayez pas peur de la soutane. Les porteurs de la soutane sont des personnes respectueuses, mais si vous voyez une personne en soutane manifestant dans la rue, c’est un imposteur ; saisissez-le et ramenez-le où ? A la police ! Vous êtes les soldats politique du Raïs (Kabila, NDLR), vous avez été formé pendant trois ans et ce dimanche (25 février 2018 NDLR) c’est la force, notre force est pour protéger la nation. Nous serons dans les Églises à partir de 5H00’ (du matin NDLR), chaque messe aura 10.000 soldats politique de Joseph Kabila. Dans chaque Eglise, vous serez par 10.000 ; au commandant en charge dans chacune des Eglises, soyez discipliné, courtois et ferme. Si vous remarquez une personne en soutane marchant, fais votre signe au nom du père et saisissez-vous de lui pour l’amener à la police. N’ayez peur de rien, si tu meurs ce jour-là ; tu iras au ciel. Si tu meurs pour le pays, tu seras où ? Au ciel ! Qui accepte de mourir ce dimanche cela ? ».

Une prémisse de la guerre civile ?

A défaut d’une répression disproportionnée de la part des forces de l’ordre et de sécurité, le régime a-t-il franchi un palier de plus avec cette organisation des jeunes leaders ? Parler d’une « guerre civile » serait alors un petit mot car les prémisses en sont plantées au vu et au su de tous. Avec le discours de cette vidéo de cette jeunesse du PPRD en béret rouge mise sur pied par Mova Sakany, ne serait-ce pas t’on entrain d’inciter carrément emmener la population à s’entretuer. Comment alors ne pas interpréter de formalisation la nomination de leur chef Henry Mova Sakany au ministère de la sécurité intérieure car connaissant très bien ses troupes des badauds ?

De ce qui ressemble à s’y méprendre à une milice avec ses bérets n’a qu’une mission bien précise : troubler l’ordre public et semer le désordre au sein de la population. Pourtant l’Article 190 de la Constitution est clair : « Nul ne peut, sous peine de haute trahison, organiser des formations militaires, paramilitaires ou des milices privées, ni entretenir une jeunesse armée ». Qu’en est-il alors de cette jeunesse au discours certes alarmiste que démagogique où tout est dit du genre : « Bozali ba soldats politiques ya Raïs, vous êtes des soldats politiques du Raïs », se reconnaissant ainsi comme étant une milice. D’où trouveront-ils 10.000 soldats politiques pour perturber les messes alors que la police est incapable pour en trouver pour sécuriser les manifestations ?

Selon certaines sources, ces jeunes ne seront utilisés que pour masquer les vrais badauds et autres voyous qui seront déversés parmi les manifestants de demain pour provoquer des bagarres. Ces dernières étant considérées comme échauffourées entre civils et autres fidèles, ceux qui étaient pour et ceux qui étaient contre la marche. Ainsi, les forces de la police et de sécurité trouveront-elles un alibi d’intervenir en expliquant que ce sont les fidèles entre qui se sont tués, qui se sont bagarré. Et la grave conséquence sera les arrestations massives des prêtres des paroisses et l’accentuation des charges contre les membres du CLC en clandestinité.

Pour Me Firmin Yangambi‏ @FirminYangambi emprisonné depuis plusieurs années à Makala à Kinshasa via son compte twitter, « Ces images des jeunes coiffés de béret rouge et manipulés seront un jour pièces à conviction dans des affaires criminelles graves. Attention ! ».

Luaba Wa Ba Mabungi

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