Le processus d’enrôlement des électeurs pour la constitution du nouveau fichier électoral a démarré ce matin du 28 mai 2017 à Kinshasa. Sous un soleil de plomb et dans les communes tests, ce fut une journée à vite oubliée pour les personnes venues pour s’enregistrer. Et ce, à cause des nombreux couacs constatés par-ci par-là, signe d’une impréparation malgré les expériences accumulées à travers les provinces depuis le lancement de cette opération. Entre-autres problèmes soulevés, celui des opérateurs de saisi qui sont loin d’être familiers de leur outil de travail à savoir l’ordinateur.
C’est sur les réseaux sociaux que plusieurs électeurs s’expriment. Un premier électeur explique : « Il est 16h00, j’ai eu le temps de rentrer à la maison et de manger. Ils en sont au 140 ème. Moi, je suis 245eme. Bon, j’espère que, pour la suite, la Ceni Rdc tirera les leçons des ratés de ce premier jour ». Un autre enchaîne : Calvaire d’un enrôlé : il est 15h00’, je suis debout en rang, on m’apprend que la Ceni ne va enrôler que ceux qui ont des jetons, ces derniers se vendant autour de 5000 à 10 .000 FC entre particuliers et la police fait entrer certaines personnes selon que vous êtes accompagné des gardes de corps ou que vous avez un passeport diplomatique. Depuis 6h00’, la Ceni n’a enrôlé que 60 autorités du pays et distribué 45 jetons. Donc à la clôture, il ne va enrôler que 105 à 120 prochains électeurs du Quartier Athénée de la Gombe pour cette journée. Je serais là demain à 6h00’ pour obtenir mon jeton.
Une dernière électrice écrit : Bureau de l’ISTA : 13h03’je n’ai toujours pas de carte. Vous appelez ceci du « bashing » ?? Je suis ici depuis 7h00 et j’étais le n° 84. La sentence vient de tomber, les responsables de la Ceni sont là et ont vu beaucoup d’irrégularités. Et donc tout tombe, il parait que quelqu’un a déchiré la liste et donc j’ai perdu mon temps. Que Dieu bénisse le Congo.
Joseph Kabila parmi les heureux…
En effet, en dehors des « personnes mieux placées » dont le président Joseph Kabila et quelques chanceux malgré le système de jeton numéroté, c’est fut une journée cafouillage. Arrivé très tôt le matin à l’Ecole primaire de la Gombe, le président de la République a été le premier servi sous les acclamations des partisans de sa Majorité Présidentielle dont le SG et président du parlement Aubin Minaku tout joyeux. Autres témoins de cet événement, Corneille Nangaa et Norbert Basengezi respectivement président et vice-président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) ainsi que André Kimbuta, gouverneur de la ville-capitale du pays. Si pour la MP, « Le go des élections est donné par le chef de l’État lui-même et même s’il y a encore des gens qui pensent qu’il n’y aura pas élections » ; du côté de la Ceni on rappelle à qui veut l’entendre que le train des élections est lancé et personne ne peut l’arrêter.
Kimbuta au cœur d’une polémique
Le lancement de l’opération d’enrôlement des électeurs dans la capitale Kinshasa a commencé sur une controverse soulevée par le gouverneur André Kimbuta. Dans une déclaration qu’on prendrait pour théâtrale, il annonçait deux chèques de 10.000 et 5.000 Dollars US qu’il attribuerait aux deux quartiers où il y aura un grand nombre des personnes enrôlées. Car pour lui, avec plus de 12 millions d’habitants, la ville capitale province devrait au moins avoir 7 millions de nouveaux électeurs enrôlés que les 4 millions estimés par la Ceni.
Coté opposition et avec l’UDPS en tête, on en appelle à un enrôlement massif du plus grand nombre d’électeurs : Je lance un appel fort à tous les combattants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès social d’aller chacun dans sa commune respective se faire enrôler en vue des élections générales qui doivent avoir lieu à la fin de cette année 2017, expliquait Augustin Kabuya ; Secrétaire national à l’information. Le but visé étant carrément de faire de ces élections de fin d’année 2017 une sorte de référendum contre le régime en place. C’est ce qu’on pouvait déjà lire entre les lignes dans le communiqué du SG Jean Marc Kabund, du 13 mars 2017 : « J’attends de vous particulièrement que vous puissiez mobiliser les combattants ainsi que toute la population de vos juridictions respectives, afin non seulement qu’ils se fassent enrôler, mais qu’ils soient avec vous des témoins dans les centres d’enrôlement, conformément à la loi électorale en vigueur dans notre pays, pour prévenir toutes tentatives des fraudes », qui s’annoncent.