home Politique, RD Congo Révélations de Jeune Afrique sur le PPRD : Aubin Minaku, Henri Mova et la CENI, un scandale de trop au sommet de l’Etat

Révélations de Jeune Afrique sur le PPRD : Aubin Minaku, Henri Mova et la CENI, un scandale de trop au sommet de l’Etat

Est-ce  peut-être un scandale de trop au sommet de l’Etat pour lequel Aubin Minaku devrait démissionner de son perchoir de président de l’Assemblée nationale après les révélations par www.jeuneafrique.com (Exclusif – Réforme électorale en RDC : un enregistrement sonore révèle la stratégie du parti de Kabila http://www.jeuneafrique.com/496609/politique/exclusif-reforme-electorale-en-rdc-un-enregistrement-sonore-revele-la-strategie-du-parti-de-kabila/).

Méfiant des caméras au début de leur réunion, les cadres PPRD qui ne pourront crier à un procès d’intention ne s’imaginaient pas qu’un enregistrement sonore clandestin réalisé par l’un d’eux pouvait les trahir sur les dessous de la réforme électorale voulue par eux-mêmes. Objectif poursuivi, asseoir l’hégémonie de leur parti politique, confisquer la démocratie   tout en se débarrassant de certains alliés devenus encombrant.

Décriée tant par l’opposition que dans ses propres rangs et à y voir de près, cette réforme électorale pourra être celle qui risque de signer « le clap de la fin » d’un régime au bout de son cycle malgré les apparences que l’on tente d’afficher explique un commentateur.

Le seuil de représentativité ou le point d’achoppement

Le caillou dans la chaussure du PPRD demeure bien l’innovation que les stratèges du parti avaient pansé introduire dans le projet de la nouvelle loi électorale contesté aussi bien par l’opposition que par ses propres alliés. Les réunions de jeudi 23 et vendredi 24 novembre 2017 ne sont visiblement pas parvenu à accorder les violons au sein de la famille politique présidentielle qui se révèle pas trop unie qu’on le pensait.

Et pour cause, une double peur d’abord de subir demain toute l’hégémonie du puissant PPRD qui risque de se transformer en un « parti-Etat » comme le MPR de jadis. Mais aussi celle de certains alliés de se voir carrément disparaitre de la scène politique.  En effet, si l’on veut prétendre demain remporter des sièges dans un hémicycle ; les listes des partis et regroupements politiques ou des candidats indépendants devront atteindre ou dépasser un seuil minimum de représentativité de « 3 % du nombre total de suffrages valablement exprimés au niveau national pour les législatives. Le même seuil étant relevé et fixé à 5 % pour les élections provinciales. Ce qui poussera les formations politiques de se regrouper dans de grands ensembles sous peine de disparaître.

Si l’idée en soit parait bonne pour pouvoir lutter contre les candidatures fantaisistes et la multiplication des partis et réduire le coût des élections selon la CENI, elle est pourtant mal prise par les concernés. Pour les « honorables députés », « c’est une honte, ils ont placé des seuils d’éligibilité tellement élevés qu’ils vont tuer la démocratie pour asseoir définitivement le pouvoir d’une famille politique et, donc, d’un homme » en l’occurrence Kabila.

Pour Mova à ce niveau, on n’a pas de choix : « il faut voter en faveur de ce seuil de représentativité car c’est quelque chose qui nous permet d’être beaucoup plus à l’aise ». Car pour lui, « il ne serait plus question de partager les responsabilités au sein du gouvernement et des entreprises publiques avec des alliés politiques parfois encombrants, voire avec des opposants, et « d’introduire des gens dans le gâteau, qui n’a pas grossi ». Ce qui sous-entend que les moyens financiers rétrécissant, plus personne au sein du PPRD n’a les moyens de financer le parti pour les élections alors que ses camarades le huaient…

La présence de Nangaa à la réunion du PPRD

Alors que la présence de son vice-président et membre du PPRD à la rencontre d’avec Joseph Kabila à Kingakati avait fait grand bruit, celle de Nangaa à la réunion des cadres du même parti n’a pas du tout plu aux concernés : « Il n’a rien à faire là. Quand le vice-président est à Kingakati, [Norbert Basengezi était lui aussi présent à l’Hôtel du Fleuve] par ailleurs) c’est déjà le tollé, imaginez ce que ça va être quand on saura que, ce jour, c’était le président de la CENI qui était parmi nous. Sa présence à cette réunion démontre bien qu’il ne roule que pour le président. Il est à la solde de Kabila » s’emportaient déjà certains députés PPRD le jeudi 23 novembre 2017.

Qui peut encore parler ou soutenir aujourd’hui l’idée des élections apaisées, équitables et libres qu’on a pas cessé de repousser depuis fin 2016 avec un glissement sans fin ? De l’opposition à la majorité présidentielle, dans quel camp se trouve réellement la peur dédites élections ? Jouant de sa double casquette de président de l’Assemblée nationale et de SG de la Majorité Présidentielle (MP) ; Aubin Minaku a-t-il encore à mesure de présider le parlement du pays qui a toujours bloqué les initiatives allant à l’encontre de ce que veut le régime ?

Comment peut-on expliquer la participation du président de la CENI, Corneille Nangaa censé être neutre à une réunion privée d’un groupement politique [(groupes parlementaires de la Majorité présidentielle (MP)], qui a clairement boudé le principe d’un « seuil de représentativité » prévu dans la nouvelle réforme électorale. , le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) s’est entretenu, vendredi 25 novembre, avec les députés et certains cadres triés sur le volet du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), la formation politique du président Joseph Kabila.

Lire aussi : RDC : Projet de loi électorale : entre le doute et la fronde, le cœur de la majorité présidentielle balance https://www.afriwave.com/?p=6012

De l’enregistrement proprement dit

Dans l’enregistrement sonore des échanges qui ont suivi l’exposé du président de la CENI Corneille Nangaa que s’est procuré Jeune Afrique, le premier à s’exprimer est Henri Mova Sakanyi ; le SG du PPRD pour qu’il faut défendre la ligne du parti jusqu’au bout : « La meilleure voie, c’est celle que nous avons choisie, il faut la défendre jusqu’au bout ici en discutant, plutôt que d’aller le faire devant les caméras parce qu’ici, nous pouvons approfondir et nous avons le temps de le faire. Mais si nous estimons que les choses devraient continuer comme ça, nous aurons triché par rapport à nos propres engagements et à la volonté de l’initiateur de notre parti. Donc, je souhaiterais que le camarade président intervienne pour lancer les débats et que vous ayez à nous dire nos chances de succès si éventuellement cette loi, telle que suggérée ou les introductions des changements que nous allons faire afin que triomphe notre point de vue. C’est pour ça qu’on est aussi une majorité et non pas subir l’effet de bombe parce que l’opposition a le vent en poupe, nous devons nous incliner, et renverser la pyramide là où nous devrions gagner par la loi du nombre ».

Pour sa part et jouant « une fausse prudence » tout en sachant bien ce que sa majorité espère, Aubin Minaku, SG de la MP et président de l’Assemblée nationale parait dubitatif. Surtout qu’au-delà de l’opposition, les alliés même du PPRD sont prêts à rejeter l’initiative au moment du vote venu : « Le débat devrait être franc pour qu’on sache, maintenant que tous les autres sont contres, nous les 150 députés plus ou moins que nous sommes de la majorité, encore qu’il faille relativiser, qu’est-ce qu’on fait ? Vous vous souviendrez, pour ceux qui étaient à la session passée, nous avions défendu l’apparentement [proposition de loi de la MP rejetée en 2011]. En plénière ce jour-là, ceux qui prenaient la parole pour défendre la révision de la loi électorale c’étaient Ramazani, Kayumba et moi sous la direction de Boshab. Et chaque fois, c’était un rejet. Rejet total ! Tout était finalement rejeté. Est-ce que nous allons jusqu’au bout en sachant que cela peut être rejeté de cette manière ? Sur le plan politique, est-ce bon ? ».

Le PPRD, les « alliés » de circonstance et ses partis satellites

Comme au début des années 1990 sous le règne du MPR parti-Etat avec ses près de 400 partis politiques, le PPRD aura battu tous les records dans les années 2000 avec près de 600 partis politiques ; souvent dédoublés de ceux qui quittent son giron. Pour ce qui n’était pas un secret de polichinelle, Minaku le dit tout haut que ces partis « directoires sans militants ni drapeaux » et souvent composés des amis et membres de leurs familles le sont pour répondre à une « stratégie électorale par rapport au mode de scrutin ». Une manière pour torpiller la démocratie que l’on feint de protéger.

C’est encore Minaku qui l’explique bien : « Les partis mosaïques, ce ne sont pas des partis politiques. C’est des instruments de stratégie électorale.  C’est des partis tiroirs, sans militants, sans drapeaux et tout ça. Je prends l’exemple du PPT. Mon assistant Alex, il est membre fondateur du PPT (rires de l’assistance) parce qu’il était à mes côtés au moment où on devait élaborer les statuts. L’épouse de Ramazani, mon épouse. Katumba n’était pas d’accord. Mon épouse, mes collaborateurs, c’est eux les membres fondateurs, parce que nous nous étions dit s’il y a déviance, il faut que les membres fondateurs qui nous sont proches puissent statuer Heureusement qu’il n’y a pas encore déviance… (Rires de la salle) … ».

De ses alliés de circonstance comme Tshibala et tous les autres traitres de l’opposition, peinant à convaincre ses propres amis ; Henri Mova n’a pas que des mots tendres : « Le PPRD est entrain de trahir ses convictions et ses engagements en défendant tous les jours le programme du gouvernement d’un premier ministre venu de je-ne-sais-quel bord politique ». Une allusion faite à Bruno Tshibala fait chef du gouvernement avec le soutien de la MP qui devra apprécier cette déconsidération dont il est l’objet de la part de ceux qui l’ont utilisé pour saborder l’opposition en provoquant une dissidence sans cause et ainsi prolonger le mandat de Kabila.

Aux autres alliés déjà autour du gâteau [entendez la gestion du pays] qui n’a pas grossis, les mots sont également durs : « Nous n’avons pas besoin d’écouter un camarade nous dire vous devez quitter le gouvernement parce que nous n’avons pas été capables de défendre les résultats nous-mêmes, nous avons eu d’un accord et d’introduire des gens dans le gâteau qui n’a pas grossi du fait qu’il y a de nouveaux venus. Le fait qu’on dise qu’il n’y a que 50 ministres, ça signifie que ceux qui en avaient plus doivent libérer. Vous vous imaginez ? On souffre ! Le camarade Shadary est témoin, c’est en dernière minute qu’on dit même le ministre des sports, trouver les moyens de dire au camarade Willy Bakonga que nous l’avons cédé. En dernière minute parce que le premier ministre insiste, lui aussi doit être crédible en face. Vous ne vous imaginez pas toutes les peines. Que telle province n’ait pas pu être représentée, quel argument utiliser ? Et les camarades n’ont pas démérité, mais ils doivent quitter du fait des arrangements politiques (…) Plus nous avançons, moins il y a des postes et donc plus de frustrations. Est-ce pour autant que dans la gestion des frustrations, nous devons empêcher quelque chose qui nous remet sur pied pour être beaucoup plus à l’aise ? (…) Ne parlons pas comme si nous étions de l’opposition. Qui est-ce qui se sont le plus enrichis finalement ? Même dans le gouvernement, combien ils touchent ? ».

Emmanuel Ramazani Shadari l’effacé

« Tout le monde est contre. Ici aussi, au niveau du PPRD, il y a des contradictions. Est-ce que nous aurons 260 voix pour faire passer notre projet ?»”, interroge sur un ton moins rassurant « l’effacé » ministre de l’intérieur Emmanuel Ramazani Shadary. Et la réponse de ses collègues PPRD de l’assistance est sans appel : « Non ».

L’homme qui semble ne pas être dans la bonne étoffe de ministre subit là un deuxième affront après celui d décrédibiliser même aux yeux des élus de la majorité présidentielle qui estiment que « Ce type ne peut plus prétendre à son poste, c’est une honte », tellement qu’il a du mal à défendre et expliquer ses propres dossiers.

De « la machine à voter » à « l’encadrement des députés »

A l’heure de tout « biométrique », la machine à voter présentée comme outil indispensable pour réduire le coût de vote n’est en réalité qu’une « machine à tricher » ; ce qui réjouit Aubin Minaku pour qui « Le président de la CENI Corneille Nangaa a vraiment saisi l’opportunité pour expliquer que la machine à voter, n’est pas un vote électronique. Il les a vraiment épatés et convaincus ».

A ce sujet, une inquiétude tout de même : lorsqu’il a fallu commander les « fameuses machines à voter », Nangaa n’a jamais lancé un appel d’offres. Mais aujourd’hui pour les kits électoraux, le même Nangaa fait perdre 6 mois pour la passation des marchés.

Minaku sans se soucier de ce que ses paroles pourront produire, il parle de « l’encadrement de certains élus » lorsque le moment du vote arrivera. Personne n’est sans ignorer que cet encadrement sous-entend la distribution des billes verts de dollars donc ni moins ni plus la CORRUPTION.

CRÉDIT SON YouTube CONGOVOX: https://www.youtube.com/watch?v=dENesqaMEh4

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