home Politique, RD Congo, Société KINSHASA : Judith Suminwa Tuluka nommée Première ministre

KINSHASA : Judith Suminwa Tuluka nommée Première ministre

Ce n’est pas un poisson d’avril. Plus de trois mois après sa réélection triomphale à la tete du pays avec la tenue des élections législatives, Félix Tshisekedi a surpris avec la nomination au poste de Première ministre de la République Judith Suminwa Tuluka, ministre sortant du Plan au sein du gouvernement Sama Lukonde 2 ce soir du 1er avril 2024.

Annoncée depuis près de trois semaines comme favorite dans la course à la Primature, le pronostic s’est confirmé en sa faveur alors que trois autres candidats étaient pressentis selon des indiscrétions. Pour cette première dans le pays avec une femme Première ministre, sa nomination confirme que le Chef de l’Etat consolide son parti. Etiquetée membre de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Sociale UDPS/Tshisekedi, c’est aussi une première sa province d’origine du Kongo Central qui n’avait jamais eu de Chef du gouvernement en dehors du premier Président de la République à son indépendance en la personne de feu Joseph Kasa Vubu.

La quinquagénaire devrait avoir une tache pas facile, celle de mettre en œuvre les engagements du second mandat de Félix Tshisekedi, dans un contexte sécuritaire toujours aussi tendu. Judith Suminwa Tuluka devrait composer son gouvernement avec les différentes forces politiques et sensibilités membres de l’Union Sacrée de la Nation, la coalition formée autour du Chef de l’Etat et qui est majoritaire à l’Assemblée nationale.

Titulaire d’une maîtrise en économie obtenue en Belgique, Judith Suminwa Tuluka succède à Jean-Michel Sama Lukonde, Premier ministre depuis février 2021, qui avait présenté sa démission le 21 février 2024. Elle est la première femme à occuper le poste. Cette ancienne Experte nationale dans un Projet d’appui communautaire dans l’Est du pays a travaillé au cabinet du ministère du Budget avant de devenir Coordonnatrice adjointe du Conseil Présidentiel de Veille stratégique (CPVS) aux côtés de François Muamba Tshishimbi.

« Je sais que la tâche est grande, les défis sont immenses, mais ensemble (…), on y arrivera », tels sont ses premiers mots à l’antenne de la télévision nationale juste après l’annonce de sa nomination. Proche collaboratrice de Félix Tshisekedi, elle est l’une des plumes attitrées derrière les discours du Président de la République, ses contributions étant régulièrement saluées pour leur pertinence, selon plusieurs sources.

Une nomination spirituelle ?

Des sources crédibles expliquent la décision de Félix Tshisekedi de nommer Madame Tuluka par deux choses alors que plusieurs hommes étaient sur la liste avec elle. D’abord qu’elle serait la candidate soutenue par le Chef spirituel des kimbanguistes, Simon Kiangani Kimbangu, petit-fils de Simon Kimbangu, qui dirige l’Église kimbanguiste depuis le 26 août 2001. Mais aussi sa proximité des liens étroits avec la famille présidentielle via la première dame Denise Nyakeru Tshisekedi.

Félix Tshisekedi aurait ainsi tenu parole à sa promesse faite à Simon Kiangani Kimbangu mais aussi celle durant la campagne électorale que le futur chef du gouvernement pouvait être une femme. Qu’on n’oublie pas non plus l’influence et le poids de l’église kimbanguiste face à l’appétence politique des églises catholique et protestante du pays.

Qu’on se rappelle de deux passages du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi à Nkamba Jérusalem, cette localité du territoire de Mbanza-Ngungu en province du Kongo Central connue pour être la ville de naissance de Simon Kimbangu, le père du kimbanguisme en 1887 et siège mondial de l’Eglise kimbanguiste. Mais aussi la visite de son Chef spirituel à la présidence de la République à Kinshasa le 18 mars 2024 comme sa dernière rencontre avec Augustin Kabuya, informateur désigné et responsable de l’UDPS/Tshisekedi.

Plus technocrate que politique, la mission de Judith Tuluka à la tête du gouvernement s’annonce plus complexe, les défis économiques et sécuritaires à relever étant colossaux. Notamment dans un contexte du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Félix Tshisekedi. Sa capacité à naviguer dans cet environnement politique chargé, tout en répondant aux attentes de la population, sera cruciale.

Il faut le dire que le gouvernement à venir serait très attendu au regard des multiples défis que traverse le pays en cette période de crise où de vastes zones du territoire national dans l’Est du pays sont attaqués par l’armée rwandaise et ses supplétifs de l’Alliance Fleuve Congo AFC-M23 dont Rutshuru, Nyiragongo et Masisi.

Un autre chantier important sur lequel la première ministre et son gouvernement seront attendus reste la situation socio-économique des Congolais marquée notamment par la perte du pouvoir d’achat avec la dépréciation de la monnaie nationale, le Franc Congolais face au puissant dollars américains.

Nous y reviendrons.

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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