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Qui est Bertrand Kirszbaum, le conseiller suisse de Moïse Katumbi ?

Publié le 29 décembre 2020

L’homme d’affaires Moïse Katumbi a confié la gestion de ses intérêts commerciaux à de discrets conseillers financiers, qui supervisent ses affaires depuis Genève. Devenu homme politique à temps plein, Moïse Katumbi n’en néglige pas pour autant ses affaires. En butte à l’hostilité du pouvoir de Kabila, qui l’a déjà accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat, il a toujours opéré de manière discrète, pour ne pas prêter le flanc aux accusations de mélange des genres.

Un homme de confiance aux multiples intérêts

Selon nos informations, une partie de ses affaires est gérée depuis Genève par le financier suisso-belge Bertrand Kirszbaum, Senior Relationship Manager du cabinet de gestion de fortune genevois Vistra. Employé par Vistra depuis plus de dix ans, Kirszbaum occupait auparavant les mêmes fonctions au sein de la branche privée de la banque belge Fortis.

Bertrand Kirszbaum est ainsi administrateur de la société Astalia Investment, enregistrée à Maurice et actionnaire de la société de services miniers Mining Co of Katanga (MCK), propriété de Moïse Katumbi. Cette dernière disposait d’un quasi-monopole sur l’évacuation de cuivre et de cobalt dans les provinces du Lualaba et du Haut Katanga (provinces créées en 2015 lors du redécoupage du Katanga).

La majorité du capital de MCK a été cédée au groupe français Necotrans en 2015 et renommé NB Mining, sous la houlette de Bertrand Kirszbaum, qui a signé l’acte de cession.

En difficultés financières, Necotrans a reçu un crédit d’Astalia pour boucler la vente. Jusqu’au remboursement de ce prêt, étalé sur trois ans, Astalia est donc resté actionnaire de NB Mining (ex-MCK). Et quand, en 2017, Necotrans a fait faillite, la holding administrée par Bertrand Kirszbaum s’est démenée devant les tribunaux mauriciens et parisiens pour empêcher le directeur général de NB Mining, la filiale minière de Necotrans, Pascal Beveraggi, de racheter le groupe tant que le prêt d’Astalia n’avait pas été remboursé. Le 15 mai, le conseiller financier suisse a obtenu gain de cause lorsque la cour d’appel de Paris a jugé NB Mining incessible.

Des Seychelles aux îles Vierges

Outre Astalia, Bertrand Kirszbaum est administrateur d’une autre société de la galaxie Katumbi : Jargo, enregistrée aux îles Vierges britanniques. Via une autre structure offshore aux Seychelles, Jargo est l’unique actionnaire d’une société d’ingénierie minière très active au Katanga, Mining and Teichmann.

Au Royaume-Uni, Bertrand Kirszbaum siège au conseil d’administration d’une société civile immobilière, KAS Realty, qui contrôle une propriété dans le comté du Hert-fordshire, très prisée par les grandes fortunes pour ses cottages typiquement anglais. L’unique actionnaire de KAS Realty est une holding des Seychelles, Triquetra.

Le financier suisse administre également, avec sa collègue Marie-Francine Kouame Wege Kaze, une société irlandaise, Jynsis, spécialisée dans « l’importation de matériel technique » et dont les actionnaires finaux, là encore, sont masqués (l’entreprise est contrôlée par un trust irlandais). Ces deux sociétés sont-elles liées à Moïse Katumbi, qui a bâti son empire dans les services miniers et le transport routier ? Sollicité par Africa Intelligence, Bertrand Kirszbaum n’a pas répondu à nos demandes d’information.

Son cabinet, Vistra, est pourtant très actif en Afrique centrale. Marie-Francine Kouame Wege Kaze, Senior Wealth Planner au sein de Vistra, a ainsi aidé le groupe de téléphonie Télécel, fondé par le Rwandais Miko Rwayitare et l’Américain Joe Gatt, à enregistrer leur holding de tête en Suisse en 2009.

Ailleurs en Afrique, Bertrand Kirszbaum est administrateur de SaroAfrica, la holding britannique du géant de l’agriculture nigériane Rasheed Sarumi. Comme l’a révélé Maghreb Confidentiel du 12/04/2012, le financier suisse est également directeur de la Chambre du commerce et de l’industrie Suisse-Libye (CCISL) fondée par l’homme d’affaires libano-libyen Abdul-Basit Igtet et sa femme, la philanthrope américaine Sara Bronfman, fille du milliardaire Edgar Bronfman.

Les délices de l’offshore

Avant même d’entrer en politique, Moïse Katumbi a toujours montré un goût prononcé pour les législations offshore. Peu après son élection à la tête du Katanga, en 2006, il avait enregistré au Panama une discrète société, GKMIC, dont le nom évoque celui de la société nationale minière congolaise, la Gécamines. Et pour cause : juste avant de devenir gouverneur, Katumbi a en effet racheté à la Gécamines les droits de trois périmètres de cuivre et de cobalt. Ces permis –Kinsevere, Tshifufia et Nambulwa– ont été immédiatement revendus à Anvil Mining.

Comme l’avait révélé l’édition belge du magazine Marianne, GKMIC a été immatriculé peu après cette transaction. Autre signe de l’intérêt de Moïse Katumbi pour les législations offshore : les lobbyistes qui défendent sa candidature à la présidence congolaise auprès de l’administration de Donald Trump, le cabinet Akin Gump Strauss Hauer & Feld, ne disposent pas d’un contrat direct avec l’homme d’affaires congolais, mais avec une petite société, Ask, enregistrée dans l’Etat américain du Delaware.

Dirigée par Daniel Piraino et Andrew Piraino, cette société est spécialisée dans la fourniture de pièces détachées aux sociétés de services miniers à Lubumbashi et assure une livraison aérienne bi-hebdomadaire à ses clients basés au Congo-K, via Lusaka et Johannesburg. Sur le contrat signé avec Akin Gump, Moïse Katumbi est domicilié au siège de Ask.

Sollicité, Daniel Piraino a assuré à Africa Intelligence que l’ancien gouverneur du Katanga n’avait aucun intérêt dans Ask, et que la société servait seulement de boîte aux lettres pour Katumbi.

 Africa Intelligence

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