home Dossiers, Politique, RD Congo, Société RDC : Un crime « environnemental » à ciel ouvert sous silence à Bolomba à l’Equateur [DOSSIER]

RDC : Un crime « environnemental » à ciel ouvert sous silence à Bolomba à l’Equateur [DOSSIER]

C’est un véritable « crime environnemental » contre la nature forestière pouvant mener à la disparition de toute une communauté locale qui se déroule sous silence depuis des années à Loolo, Secteur de Losanganya, Village Bolenge, Territoire de Bolomba tout près de Mbandaka en province de l’Equateur.

Ce cri d’alarme est porté depuis plusieurs années par le Pasteur Adventiste du 7ème Jour et Professeur Bongelemba Gombele Félix, un notable ayant droit-coutumier et liquidateur du Village Bolenge, Secteur Losanganya, territoire de Bolomba en sensibilisation des autorités politico-administratives de sa province de l’Equateur comme celles du pays au plus haut sommet de l’Etat du drame qui se joue à ciel ouvert dans son entité :  « Les autorités qui nous entendent doivent nous accompagner pour qu’il y ait lumière et qu’on arrête cette exploitation préjudiciable au risque de faire disparaitre toute un patrimoine ancestral. Je ne sais pas qui est ce Congolais qui ira un jour en Chine pour détruire une partie de ce pays et comment nous Congolais, nous ne pouvons pas être protégés par les lois de notre propre pays ? » déplore Félix Bongelemba Gombele.

Comparable à un génocide naturel, en effet depuis 2001 et sans compensation aucune au profit des autochtones en termes d’infrastructures socio-économiques ou de développement communautaire, la compagnie chinoise du nom de COKIBAFODE (Ex-Maniema Union 2) procède une destruction quasi quotidienne de la forêt équatoriale primaire au vu et au su de tout le monde. De plus, ces sujets chinois exploitent même le port fluvial de Loolo depuis 2019 sans aucun « Accord » de la communauté qu’ils privent ainsi de ses « redevances coutumières ».

« Alors que le changement climatique avance à grand pas avec ses conséquences que l’on connait et sans reboisement aucun, la coupe systématique de manière « sauvage » des étendues entières de la forêt s’effectue chaque jour pour exportation en Chine. Et pour asseoir leur « peur » dans cette contrée, les sujets chinois terrorisent tout le monde du village avec l’assistance et la complicité des policiers congolais commis à leur protection » explique le même leader de la communauté avec toutes les craintes des représailles possibles.

Face à cette situation ubuesque du drame de Lolo alors que le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi a rappelé son soucis de protection de l’environnement à la 78ème Assemblée Générale de l’ONU à New-York ce mois de septembre 2023, le pasteur professeur Félix Bongelemba Gombele saisi la balle au bond : « Toutes les orientations et stratégies doivent être mises en œuvre pour en découdre avec ce dossier qui dure depuis des années. La seule instance qui peut nous aider maintenant c’est seulement la Présidence de la République. Les Chinois utilisent la corruption et nous ont rendu la tâche difficile dans toutes les instances où nous sommes passés. C’est triste et regrettable, nous devons jouer toutes les cartes et frapper à toutes les portes pour que certaines oreilles bien ouvertes nous entendent ».

Cette même préoccupation pour son territoire, le pasteur professeur Félix Bongelemba Gombele l’adresse au Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et du Développement Durable Mme Eve Bazaiba Masudi pour ce qui concerne « la cristallisation de l’illégalité dans l’exploitation forestière dans leur territoire par cette entreprise chinoise qui bénéficie toujours de la protection de l’administration forestière ».

Et si finalement Mme Bazaiba se saisissait des réclamations des notables de Bonyanga contre COKIBAFODE (Ex-Maniema Union 2) s’interroge Félix Bongelemba Gombele : « Nous remarquons depuis tout ce temps que l’administration forestière s’attèle seulement à régulariser le contrat ou documents de cette entreprise pour lui permettre de continuer cette exploitation illicite. Et pourtant, la contrepartie de la communauté n’est pas restituée pour bien dire, la communauté est toujours perdante ». Et d’ajouter : « ne pas comprendre qu’il y ait un déboisement sans reboisement, dans l’entre-temps, sur le plan social, il n’y a même pas un hôpital, une école, une infrastructure sociale construit par ces gens. C’est triste ».

A croire Félix Bongelemba, « les différentes réunions entre l’administration forestière et la notabilité de Bonyanga n’ont jamais apporté une solution dans ce conflit qui l’oppose à l’entreprise COKIBAFODE, la dernière réunion ayant eu lieu le lundi 24 mai 2023. Quand vous lisez seulement l’intervention de l’expert Mola dans le compte rendu, il parle des contrats signés en 2020. Mais la période sombre de 2018 à 2020. Qui s’en occupe ? Ce manque à gagner terrible que la population encaisse ne leur fait absolument pas peur », précise-t-il.

Pour rappel, c’est en 2018 que la société chinoise alors Maniema Union 2 est arrivée à Bolomba pour exploitation du bois d’œuvre. Plusieurs abus signalés n’ont pas stoppés la rage destructive, les engins lourds utilisés ne se limitant pas seulement au transport de troncs d’arbres centenaires, mais creusent de sillons et labourent la terre ; laissant des espaces entiers totalement dénudés. Certaines souches d’arbres déracinées sont embarquées pour des destinations inconnues.

Pire encore, plusieurs sites sacrés ont quasi été détruits, notamment les cimetières et autres lieux de rituels des communautés. Malgré cela, les cris d’alarme de ces communautés n’ont jamais été entendus à Kinshasa.

Un Dossier réalisé par Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi à Mbandaka

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