home Culture, Diaspora, People, RD Congo DIASPORA : Baloji, l’artiste belgo-congolais primé au Festival de Cannes

DIASPORA : Baloji, l’artiste belgo-congolais primé au Festival de Cannes

« Augure », le premier long-métrage de l’artiste belgo-congolais Baloji, a été primé dans la soirée du jeudi 26 mai 2023 dans la catégorie « Un certain regard » lors de la 76ème Edition du Festival de Cannes qui se termine ce samedi 27 mai 2023. Ce prix met en avant des films originaux et audacieux de réalisateurs encore peu connus.

L’unique film belgo-congolais sélectionné et tourné entre la Belgique et la RDC, « Augure » retrace l’histoire de quatre personnages considérés comme sorcières et sorciers qui vont trouver le moyen de s’entraider pour sortir de leur assignation dans une Afrique fantasmagorique.

« Je suis hyper fier, honoré de cette sélection qui au vu de mon parcours a des allures de victoire. Je pense également à mon pays d’origine et ce que représente une visibilité à Cannes pour la création cinématographique du plus grand pays francophone au monde et que cela va en inspirer d’autres » expliquait l’artiste multi-facettes lorsqu’il apprit sa sélection.

Qui est Sammy Tshiani Baloji ?

Poète, auteur-compositeur, acteur, performeur, réalisateur et styliste ; cet homme aux multiples facettes est un touche-à-tout. Tshiani Baloji se définit lui-même comme étant « un poète avant tout », mais en réalité c’est un artiste aux multiples facettes. Surtout connu pour sa musique, il est également réalisateur et directeur artistique.

Révélé dans les années 1990 avec le groupe Starflam avec lequel il connaît ses premiers succès, Baloji revient en force mais en solo en se réinventant à travers des choix artistiques totalement inédits. L’homme de 44 ans dit vouloir « réactiver la mémoire et se réapproprier l’histoire de l’art africain »

« Durant quatre siècles d’échanges avec l’Europe, l’art africain a été instrumentalisé, catégorisé de façon simpliste, voire oublié. C’est l’espace vide de l’Histoire qui m’intéresse. Je veux faire parler ces espaces oubliés » explique Baloji qui révèle travailler sur « les généalogies ».

Ancien pensionnaire de la Villa Médicis à Rome, Baloji a participé à la Biennale de Venise et à la Documenta à Cassel. Il n’aime pas être catégorisé « artiste africain » et il a exposé à Paris (Grand Palais), à New York, à Washington, à Londres, à Sydney et en RDC, son pays natal et creuset d’une création foisonnante.

Le natif de Lubumbashi est aussi le créateur des « Rencontres photographiques de l’image de Lubumbashi en 2008 ». En 2006, il avait réalisé des photos des friches industrielles de la Gécamines, la société générale des carrières et des mines du Katanga. Les photos en couleur de cette ancienne puissance industrielle du Congo belge étaient confrontées à des documents d’archives, en N/B. Sammy Baloji continue à interroger l’héritage industriel et culturel et les vestiges de la colonisation. Il se penche ici sur l’urbanisation façonnée par l’histoire coloniale.

Auréolé de 4 étoiles par la presse mondiale (NY Times, The Guardian, El Pais, les Inrocks…) et une tournée de 260 concerts à travers le monde, le belgo-congolais multi-casquettes demeure un artiste fécond et protéiforme. Il évolue dans le creuset des arts et des cultures : sonorités africaines, chanson française, rap et sampling, harmonies afro-américaine (jazz, soul, funk).

L’homme dont le nom peut se traduire par « homme de sciences occultes et de sorcellerie » en Tshiluba comme en Swahili concentre son travail sur la résilience et réussi le tour de force de concilier ces diverses influences au service de son propos, dans une musique de collusion et de croisement, débridée et libérée des balises de « genres ».

Roger DIKU et TSHIKUYI TUBABELA à Bruxelles

print

Partagez