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RDC : De l’EAC à la SADC, entre espoirs et craintes dans la valse des armées étrangères contre le M23

D’un sommet à un autre, le Chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi poursuit son marathon de plaidoyer pour enfin trouver une solution de paix durable dans l’Est de son pays qui subit une agression-occupation militaire via des supplétifs rebelles tutsis suscités par son voisin le Rwanda depuis 29 ans.

Après Bujumbura au Burundi le 06 mai 2023 pour le 11ème Sommet des Chefs d’État signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba aux côtés de 13 autres Chefs et du SG de l’ONU le portugais Antonio Guterres, c’est à Windhoek en Namibie qu’il a présidé le Sommet de l’organe de sécurité de la SADC lundi 08 mai 2023 sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC.

Lors de la rencontre du Burundi où il a prononcé un discours d’évaluation dudit accord, Félix Tshisekedi n’a pas manqué de rappeler vigoureusement l’agression de la RDC par son belliqueux voisin le Rwanda dont le seul objectif affiché est d’exploiter illégalement les richesses minières du sous-sol congolais.  

Au termes de cette rencontre, une promesse importante avec bientôt le déploiement dans l’EST de la RDC en proie à des violences armées récurrentes des troupes des pays membres de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) pour rétablir la paix. Sans en préciser ni de date, encore moins le nombre et les pays contributeurs, l’on sait que cette brigade pourrait avoir un mandat offensive tant souhaité par la RDC.

Pour la concrétisation de cette décision, le sommet de Windhoek s’est résolu pour un déploiement d’une force pour rétablir la paix dans l’Est de la RDC, approuve une approche coordonnée efficace avec les autres forces déjà sur place, l’organisation d’un sommet quadripartite SADC, EAC, CIRGL, CEEAC.

Pour rappel, la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe) compte en son sein 16 pays de l’Afrique australe et de l’Océan indien : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, République Démocratique du Congo, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Comores. 5 d’entre eux sont francophones. L’institution fait de l’industrialisation et de l’intégration régionale ses priorités, parallèlement à la présidence de l’organe pour la politique qui s’occupe de la défense et la sécurité assurée par le Botswana.

Espoirs et craintes autour des soldats de l’EAC et de la SADC contre le M23

La valse des troupes étrangères sur le sol congolais fera bientôt cohabiter les armées de l’EAC (Burundi, Ouganda, Kenya et Sud Soudan) avec celles de la SADC, probablement l’Afrique du Sud, l’Angola et la Namibie qui pourraient en faire partie. Ce qui crée un sentiment d’espoirs comme des craintes dans l’opinion congolaise.

Pour la puissante Société civile congolaise, l’arrivée des nouvelles troupes étrangères risque ne rien changer sur terrain où les massacres continuent de décimer les populations locales remplacer par celles venues d’ailleurs, spécifiquement du Rwanda. Et pour cause, cette force créée par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) en parallèle aux démarches diplomatiques engagées pour tenter de ramener la paix dans l’Est congolais   fait preuve de son incapacité sur toute la ligne.

« La tentative de désescalade se conforme aux plans ou « balkanisation » de notre pays en marche. Le déploiement de la force régionale Est-Africaine chargée de superviser le retrait des rebelles du M23 dans l’Est de la RDC nous a donné à la fois un espoir prudent et une grande méfiance vu la fraternisation complice des troupes ougandaises et kenyanes avec les rebelles et la conséquence est connue : la démission du commandant kenyan Jeff Nyagah » fulmine de colère un responsable de la Société civile du Nord-Kivu.

A lire aussi : RDC : Jeff Nyagah, les dessous d’une démission obligée du commandant des forces de l’EAC ! https://www.afriwave.com/2023/04/28/rdc-jeff-nyagah-les-dessous-dune-demission-obligee-du-commandant-des-forces-de-leac/

Qui ne le sait pas que le mouvement rebelle majoritairement tutsi est soutenu par le Rwanda selon toutes les organisations internationales comme les experts de l’ONU. Ces supplétifs de la RDF l’armée rwandaise sont sortis de leurs bastions de montagne en reprenant les armes en novembre 2021, reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la réinsertion de leurs combattants.

Se disant défendre une frange menacée de la population en l’occurrence les tutsis et réclamant des négociations directes avec le gouvernement de Kinshasa, le M23 se retrouve face à une opposition et un refus catégorique de Félix Tshisekedi qui exclut toute discussion avec des « terroristes » aussi longtemps qu’ils n’auront pas déposer définitivement les armes.

Car si le M23 s’est retiré de certains villages, il reste toutefois présent dans d’autres, y compris là où se déploie la force de l’EAC qui, comme l’ONU incapable de ramener la paix, se retrouve accusée de passivité, voire de complicité avec les rebelles. Certains Congolais y voyant l’habituelle menace de « balkanisation » de l’Est du pays, en proie aux violences de groupes armés hérités pour beaucoup de guerres qui ont ensanglanté la région dans les années 1990-2000 au Burundi, en Ouganda et au Rwanda.

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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