C’est une histoire fiction digne d’intrigues policiers dont l’ancien « maître-espion » congolais n’a pas de secret qui alimente les réseaux sociaux congolais depuis quelques jours. Celle de ce « vrai faux-livre » annoncé et aussitôt démenti qui serait signé François Beya Kasonga, l’ancien Conseiller spécial en matière de sécurité du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi aujourd’hui en délicatesse avec le régime après son arrestation à son domicile du samedi 05 février 2022.
Avec son titre choc « Dans les couloirs du silence, Les mémoires d’un briscard Tome 1 » aux Editions L’Harmattan, et à moins d’une diversion pour des raisons inconnues ; le bouquin que l’on promet être un « best-seller » promettrait des révélations inédites. Notamment sur ce qui serait dite sur « l’opposition caviar à l’alternance pacifique, le choix de Tshisekedi face à la victoire de Fayulu ; Fortunat Biselele, les yeux de Kagame chez Félix Tshisekedi, son contrôle de l’appareil judiciaire et Jean-Claude Bukasa, le dernier de la classe à la tête du CNS… ».
Aussitôt annoncé et immédiatement démenti par des proches dont Claudel André Lubaya, Député national élu de la ville de Kananga au Kasaï Central et ancien Gouverneur de la grande province unifiée du Kasaï Occidental. Durant toute l’« Affaire Beya », Lubaya avait été l’un de ceux qui avaient défendu et soutenu mordicus l’ancien « Securitate » dans ses déboires ; dénonçant un complot contre sa personne qui serait ourdi par des officines ; ce qui n’étonne qu’il soit celui par qui le premier démenti formel.
#RDC Ce pseudo livre en gestation est le fruit de l’imagination prolifique des officines malveillantes qui ne tarissent pas d’artifices. L’état de santé préoccupant de #MrBEYA ne lui permet pas aujourd’hui de se consacrer à la rédaction d’un ouvrage. Ceci vaut démenti formel pic.twitter.com/gVWJLYKkFh
— Lubaya Claudel André (@LubayaClaudel) December 14, 2022
#AffaireFrançoisBeya
— Lubaya Claudel André (@LubayaClaudel) March 16, 2022
Son maintien en détention au-delà de la durée légale est une mesure extrajudiciaire qui ne trouve aucune explication dans aucune loi du pays, sauf dans l’arbitraire. Elle constitue une tache de boue qui souille les institutions établies pic.twitter.com/FSSaIMdoQ9
Une chose pourtant vraie dans la déclaration de Lubaya, depuis sa libération provisoire et son transfert à Paris en France, l’ancien maître-espion congolais n’a ni bonne mine, ni bonne santé. Selon des sources vérifiées qui ont requis l’anonymat, atteint d’une pathologie grave, Beya poursuivrait un traitement thérapeutique « expérimental » afin d’atténuer son mal entre les Hôpitaux Américain de Neuilly-Sur-Seine et Georges Pompidou.
Des rumeurs non vérifiés avaient même fait état d’un probable retour aux affaires de « Fantômas ». Et ce, pour cause d’un « désordre » qui serait observé à la tête des services de sécurité depuis sa mise à l’écart et son remplacement par Jean-Claude Bukasa, son ancien adjoint en qualité d’Assistant Principal et du coup devenu Conseiller spécial ad intérim pour les questions de sécurité nationale.
La nomination de Bukasa n’était pas pourtant sans une mise en garde claire : « Il va sans dire que la délicatesse de la mission qui vous est confiée exige de vous loyauté et abnégation » écrivait le 08 février 2022 Guylain Nyembo Mbwizya, Directeur du Cabinet du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi.
En attendant d’en connaitre les tenants et les aboutissants dans cette annonce et à moins d’une distraction, François Beya Kasonga restera le maitre espion qui aura traversé tous les régimes de Mobutu aux Kabila père et fils.
De Mobutu sous l’aile du puissant feu Seti Yale puis du « Terminator » feu Honoré Ngbanda Nzangbo Ko Atumba en passant par Mzé Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila, François Beya aura traversé trois régimes avant de servir Félix Tshisekedi.
De Joseph Kabila dont on le soupçonne d’avoir gardé des liens en lui rendant des comptes régulièrement, il récusait cela tout en lâchant : « Joseph Kabila n’est pas mon chef » en parlant des « conversations avec lui professionnelles et le président [Félix Tshisekedi] est au courant. Si je n’étais pas le trait d’union entre lui et le nouveau chef de l’État, je ne serais pas en contact avec lui » assénait-il lors de l’audition du 14 mars 2022 devant le chef de l’ANR Jean-Hervé Mbelu Biosha.
Depuis son arrestation surprise le 05 février 2022 à sa libération provisoire du 16 juillet 2022, l’homme aura été entendu près d’une dizaine de fois entre le 28 février et le 7 mai par les barbouzes de l’ANR, sans compter une confrontation avec d’autres acteurs clés du dossier. De ces interrogatoires en présence de l’Administrateur Général (AG) de l’ANR, Jean-Hervé Mbelu Biosha, il ressort comme s’il existait un problème personnel entre Beya et Mbelu dont il avait pourtant facilité la nomination au poste d’adjoint au patron de l’ANR de l’époque Justin Inzun Kakiak en 2019. En des termes durs, l’ancien conseiller accusant même Mbelu de faire preuve « d’acharnement » à son égard et se considérant comme étant son « prisonnier personnel ».
« Je suis victime d’une grande cabale montée contre moi. Je vous confirme que je suis fidèle [au président Tshisekedi NDLR] et je le resterai même sans fonction. De par mon éducation, je ne peux pas injurier quelqu’un, surtout pas le président Tshisekedi qui, en dehors de ses fonctions, est mon frère, que je connais depuis longtemps. En me nommant, il m’a fait bénéficier de son amour et de sa confiance. Je ne vois pas comment je peux injurier ou trahir un homme comme lui. J’ai servi Mobutu Sese Seko, j’ai servi Kabila, aujourd’hui, trahir mon propre frère ? Non ! » clamait Beya Kasonga dans plusieurs interrogatoires qu’il aura subi devant les services de l’ANR.
Poursuivit pour « complot contre le chef de l’État », Beya dont le procès s’était ouvert le vendredi 03 juin 2022 devant la Haute Cour Militaire siégeant en matière répressive au premier degré dans l’enceinte même de la Prison Centrale de Makala ; où l’accusé était appelé à « présenter ses dires et moyens de défense sur les faits » lui reprochés est en liberté provisoire depuis le 16 août 2022 pour des « raisons de santé ».
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Roger DIKU