home Politique, Société Entre ferveur et recueillement, Elizabeth II a rejoint son ultime demeure

Entre ferveur et recueillement, Elizabeth II a rejoint son ultime demeure

Texte par : FRANCE 24

Le cercueil de la reine Elizabeth II a été descendu lundi après-midi dans le caveau royal de la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, point d’orgue d’une journée historique qui a réuni une foule d’anonymes et de dirigeants du monde entier. 

C’est ainsi que s’achève l’un des règnes les plus longs de l’Histoire. Après des funérailles en grande pompe à Londres, Elizabeth II a rejoint, lundi 19 septembre, sa dernière demeure, la chapelle Saint-Georges de son château de Windsor, où la souveraine à la popularité planétaire doit être inhumée dans l’intimité.

Avant d’être descendu dans le caveau royal de la chapelle Saint-Georges, le lourd cercueil de chêne et de plomb a été délesté des joyaux qui l’ornaient depuis le décès de la souveraine le 8 septembre : la couronne impériale, le sceptre et l’orbe royaux symbolisant le monde chrétien.

Le roi Charles III y a déposé un étendard aux couleurs des Grenadier Guards dont la reine était la colonelle-en-chef, puis le lord-chambellan a brisé son bâton et l’a placé sur le cercueil, geste symbolique pour signifier la fin de son règne.

Après dix jours de deuil national marqués par une immense vague d’émotion collective, une cérémonie privée en présence du roi et d’autres membres de la famille royale est encore prévue à 18 h 30 GMT.

La dépouille d’Elizabeth II sera transférée, avec celle de Philip, son époux décédé en avril 2021 et actuellement dans le caveau royal, dans le mémorial George VI de la chapelle, aux côtés des parents de la reine et des cendres de sa sœur Margaret.

Un défilé de 6 000 soldats

Des milliers de personnes se sont massées le long des routes menant à la résidence de l’ouest de Londres où, encore princesse, elle s’était réfugiée pendant la Seconde Guerre mondiale, puis avait passé l’essentiel de ses dernières années.

Après les adieux de sa famille et de centaines de dignitaires étrangers à l’abbaye de Westminster, puis un défilé réunissant 6 000 soldats à travers Londres, la procession, encadrée des gardes royaux à uniforme rouge et bonnets de fourrure noire, est arrivée en parcourant au pas l’impressionnante « Long Walk », l’allée traversant le domaine, noir de monde.

Sur le perron du château : les deux corgis de la reine, Muick et Sandy, désormais sous la garde de son fils Andrew.

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Le dernier voyage d’Elizabeth II est arrivé à son terme. Depuis sa mort le 8 septembre, à l’âge de 96 ans, dans sa résidence écossaise de Balmoral, son cercueil clos a traversé son royaume, dans un corbillard, un avion de la Royal Air Force, ou lors de lents cortèges funèbres sur des airs tristes joués par des fanfares, tiré par des chevaux ou des marins.

À Édimbourg puis Londres, des centaines de milliers de personnes ont patienté des heures, parfois toute la nuit, pour se recueillir auprès de la dépouille de la seule monarque que la plupart des Britanniques aient jamais connue, dont le visage, présent sur les billets de banques et timbres, était reconnu dans le monde entier.

Immense émotion populaire

Un chapitre de l’histoire mondiale se referme avec ces adieux à la monarque qui a traversé ses 70 ans, sept mois et deux jours de règne avec un constant sens du devoir, sans jamais partager publiquement une opinion, mais remplissant ses fonctions de cheffe d’État avec sérieux, bienveillance et un humour pince-sans-rire parfois irrésistible.

À Windsor, Pauline Huxtable, 64 ans, est venue fêter la « vie extraordinaire » d’une reine empreinte de « dignité » : c’était une « figure maternelle ».

« Je ne verrai jamais une autre reine de mon vivant, car maintenant c’est le roi Charles III, puis ce sera le prince William, puis George », observe Caroline Lachman, 48 ans, présente sur la « Long Walk ».

Elizabeth II a eu cette capacité à rassembler pendant 70 ans, elle était incroyable », ajoute-t-elle, décrivant une atmosphère « triste », mais « en même temps de célébration ».

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La dernière journée d’adieux à la souveraine aura été à l’image des 12 jours qui ont suivi son décès : chargée d’une immense émotion populaire, soigneusement mise en scène, avec toute la pompe des traditions séculaires de la monarchie britannique. Elle avait été planifiée depuis deux décennies.

En milieu de matinée, au son des cornemuses, le cercueil, surmonté de la scintillante couronne impériale, a quitté Westminster Hall, la partie la plus ancienne du Parlement, pour rejoindre l’abbaye de Westminster voisine. Des dizaines de marins la tiraient, suivis du roi Charles III, ses frères et sœur et ses enfants, les frères William, l’héritier, et Harry, le Californien, en froid.

Dans l’abbaye, la reine consort Camilla, Kate, la nouvelle princesse de Galles, et Meghan, l’épouse d’Harry, les ont rejoints. Mais aussi les deux aînés de William et Kate, George, 9 ans, désormais deuxième dans l’ordre de succession, et Charlotte, 7 ans, sérieux dans leur tenue noire.

Dans l’assistance, le gratin des dirigeants de la planète, dont les présidents américain Joe Biden et français Emmanuel Macron, les six anciens Premiers ministres britanniques encore en vie, de John Major à Boris Johnson, et les têtes couronnées européennes, du roi d’Espagne Felipe VI au roi Philippe de Belgique en passant par le prince Albert de Monaco.

« God Save the King »

« Dans un discours connu, prononcé pour ses 21 ans, Sa défunte Majesté a déclaré que sa vie entière serait consacrée au service de la nation et du Commonwealth », a rappelé l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, chef spirituel de l’Église anglicane qui était dirigée par la reine.

« Rarement une promesse aura été aussi bien tenue », a-t-il ajouté, rendant hommage à une reine « joyeuse, présente pour tant de monde, touchant une multitude de vies ».

Après le « Last Post », hommage aux soldats tombés au combat dans l’armée britannique, la cérémonie s’est achevée par deux minutes d’un silence poignant, observées à travers le pays, avant l’hymne national qui désormais célèbre Charles III, « God Save the King ».

Des applaudissements ont retenti à l’extérieur de l’édifice gothique où Elizabeth, encore princesse, avait épousé à 21 ans en novembre 1947 le fringant Philip Mountbatten, avant d’y être couronnée le 2 juin 1953.

De plus en plus frêle ces derniers mois, souffrant de problèmes de mobilité, Elizabeth II recevait encore, souriante, deux jours avant son décès, la toute nouvelle Première ministre Liz Truss – l’occasion d’une dernière photo publique.

C’était la dirigeante en exercice la plus âgée du monde. Durant sa vie, elle a traversé la Seconde Guerre mondiale, vu la dissolution de l’Empire britannique, l’entrée puis la sortie de son royaume de l’Union européenne.

Après des jours épuisants de voyages dans les quatre nations constitutives du Royaume-Uni, de bains de foule conjugués au deuil d’une mère, Charles III devra écrire sa propre histoire.

Certains rêvaient d’une transition rapide avec le nouveau prince de Galles, son fils William, 40 ans. Mais le roi a promis, comme sa mère, de servir toute sa vie.

Si sa cote de popularité a grimpé en flèche, à 70 % selon YouGov, les défis, nombreux, ne font que commencer, certains pays du Commonwealth ne cachant pas leur désir de se détacher de la monarchie.

Dès mardi, le Royaume-Uni reprend le cours de sa vie suspendu depuis le 8 septembre, avec la crise économique et les mouvements sociaux en premier plan.

Avec AFP

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