home Politique, RD Congo, Rwanda RDC : Vincent Karega en convocation chez Eve Bazaiba, nouvelles menaces du Rwanda

RDC : Vincent Karega en convocation chez Eve Bazaiba, nouvelles menaces du Rwanda

C’est sur instruction du Président de la République Félix Tshisekedi et au nom du Gouvernement congolais que la vice-Première ministre et ministre de l’Environnement, Mme Eve Bazaiba ; a reçu ce mardi 31 mai 2022 en fin d’après-midi en convocation Mr Vincent Karega, ambassadeur rwandais accrédité à Kinshasa.

Le but de cette audience de courte durée qui n’aura duré qu’une une dizaine de minutes était de lui transmettre officiellement et d’un ton ferme la protestation et la désapprobation de la RDC au soutien de son pays au mouvement rebelle terroriste dit M23.

Le message du Gouvernement Congolais à l’endroit du Rwanda s’est résumé en trois mots : protestation, désapprobation et ferme mise en garde contre toute initiative dont l’attitude serait de nature à perturber le processus de paix engagé en ce moment.

Cette convocation de l’ambassadeur rwandais intervient dans un contexte de tension exacerbée entre les deux pays depuis la résurgence des attaques armées du M23 contre les FARDC et les forces de l’ONU de la Monusco. Depuis le 21 mai 2022, Kinshasa accuse officiellement le Rwanda d’apporter son soutien aux rebelles du M23 dans l’Est du pays ; accusations réfutées par le pays de Kagamé.

Alors que son expulsion est réclamée par la classe politique et la société civile après la mise en accusation de Kigali par Kinshasa, Vincent Karega plus discret que jamais s’est contenté de répondre aux médias sur place : « C’est aux deux pays d’estimer la nécessité et la durée de ma présence » sur le territoire congolais.

De la même manière, le rappel de son collègue congolais en poste à Kigali et la rupture des relations diplomatiques sont réclamés et le gouvernement congolais ne s’est pas encore prononcé.  La seule mesure conservatoire jusque-là étant la suspension des vols de la compagnie aérienne RwandAir sur le territoire congolais.

Pendant ce temps, une série de manifestations contre Kigali a débuté depuis lundi 30 mai 2022 dans le pays alors que Kinshasa a porté l’affaire à l’international. Dans une correspondance au Conseil de sécurité des Nations unies, le chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula, réclame une condamnation « sans équivoque et ferme » du Rwanda et du M23.

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Les accusations et nouvelles menaces rwandaises

Sans pour autant condamner le M23 et niant une fois de plus le soutient de son pays à ce mouvement terroriste rebelle, ce sont de nouvelles accusations et de menaces que Kigali a porté contre son voisin congolais.

Pour Vincent Biruta, le ministre rwandais des Affaires étrangères a lors d’un point de presse ce mardi 31 mai 2022 à Kigali, « Dans cette région, il y aurait une centaine de groupes armés à condamner. Il y a des frustrations liées au fait que le gouvernement congolais n’a pas appliqué ses engagements au sujet de groupes armés qui tentent de déstabiliser le Rwanda ». Pour Kigali, ce sont surtout les FDLR, un groupe rebelle hutu opposé au régime de Paul Kagame qui posent aujourd’hui le plus gros problème.

Soufflant le chaud et le froid sans endosser sa responsabilité dans la crise actuelle entre les deux pays, le régime rwandais brandi sa menace de droit de réplique en rappelant que la semaine dernière ; des tirs venant du Congo ont atterri sur le sol rwandais. De nouvelles attaques de ce type seraient la limite à ne pas dépasser : « Si les attaques continuent, le Rwanda aura le droit de répondre et de protéger la sécurité de ses citoyens. Et nous avons les moyens de faire cela » a-t-il dit.

Vincent Biruta a également dénoncé ce qu’il considère comme une vague de discours haineux anti-rwandais en RDC et sur les réseaux sociaux, ainsi que des propos que son pays considère comme des appels au génocide.

La médiation angolaise

C’est sur demande du Président en exercice de l’Union Africaine, le Sénégalais Macky Sall ; qu’une médiation angolaise dans le cadre de la CIRGL devrait être menée entre les deux pays par le Chef de l’Etat angolais João Lourenço. Et ce, pour éviter tout risque d’escalade comme le confirme la ministre sénégalaise des affaires étrangères : « Nous avons bon espoir d’arriver au moins à ce que les armes se taisent en attendant une solution politico-diplomatique ». Les deux pays se refusant de fermer toutes les portes de la discussion.

Le choix de l’angolais comme médiateur entre Kigali et Kinshasa parait une bonne chose, João Lourenço est respecté dans la sous-région et il entretient de bonnes relations avec Paul Kagamé et Félix Tshisekedi – tout en restant neutre – et pourrait jouer un rôle, souligne un analyste politique. L’Angola a été particulièrement actif dans la résolution des conflits ces dernières années, s’imposant comme médiateur en Centrafrique ou bien comme facilitateur entre l’Ouganda et le Rwanda il n’y a pas très longtemps.

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Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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