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DIASPORA : Solidarité mondiale à Debora Kayembe Buba, Rectrice de l’Université d’Edinbourg

Initiée depuis quelques jours sur la plateforme change.org, la pétition de soutien à Mme Debora Kayembe Buba, Rectrice de l’Université Ecossaise d’Edimbourg ; récolte un élan de solidarité mondiale inattendue avec déjà plus de 24.000 signatures à travers le monde. Cette pétition devient l’une des plus signées sur change.org indique l’organisation !

Tout est parti d’une prise de position personnelle de cette native de Kinshasa et habitante de Bonnyrigg, en Ecosse ; avocate d’origine congolaise spécialisée dans les Droits humains et une militante politique. En esprit libre, elle s’interrogeait sur « l’authenticité de la théorie du génocide rwandais » de 1994, ce qui lui a valu une volée des bois verts du régime de Kigali.

Cette interrogation de l’Universitaire Congolaise et Ecossaise intervient dans la foulée de l’accord signé entre Kigali et Londres le rapatriement futur au Rwanda aux frontières de la RDC des demandeurs d’asile arrivés en Grande Bretagne, un accord dénoncé par une opinion mondiale révulsée par les méthodes Kagame.

Sur toutes les plateformes des réseaux sociaux et surtout sur les pages de l’Université anglaise d’Edimbourg ont le « Board » se réunira ce lundi 25 pour décider du sort de Mme Kayembe alors qu’elle a déjà été forcée presque de présenter des excuses, plusieurs hashtag de soutien initiés par des Congolais ont vu le jour ; #KayembeMustStay, #KayembeHasOurSupport, #KayembeLiberteDopinion, #JeSuisKayembe.

Accusée faussement de « négationniste » pour ce qui est devenu comme un fonds de commerce et de chantage humanitaire, l’ambassadeur du Rwanda en Angleterre ayant même initié une pétition pour réclamer sa démission de la tête de l’Université d’Edimbourg. Dans cet acharnement avec un raccordement frauduleux, le régime rwandais ment jusqu’en accordant un lien entre « l’avis personnel de Mme Kayembe et son titre à la tête de l’Université ».

Une situation qui devrait interpellé les Congolais et les humanistes du monde entier, le Rwanda ne faisant toujours rien sans une arrière-pensée avec une occupation quasi permanente de la RDC via des milices armées entretenues depuis plusieurs années déjà.

Son université a publié un premier message Twitter sur la demande rwandaise inacceptable en expliquant clairement que Mme « Debora Kayembe s’exprime à titre personnel et non en sa qualité de Rectrice. Le rôle du Recteur est essentiellement cérémoniel, il est soumis à l’élection du personnel et des étudiants, avec lesquels il travaille souvent en étroite collaboration ».

L’Histoire de Debora Kayembe

Pour la petite histoire, plus de seize ans après avoir fui la RDC et demandé l’asile au Royaume-Uni ; recherchée par un groupe armé qu’elle a contribué à démasquer, Mme Kayembe est la première Africaine à voir son portrait érigé sur le mur de la Royal Society of Edinburgh, en hommage à ses réalisations et à ses contributions en 2019.

Confrontée à des agressions racistes en 2020, elle les avaient médiatisées sur les réseaux sociaux dans l’espoir de sensibiliser les gens, et d’empêcher qu’elle et sa famille ne soient victimes de nouveaux abus. Sa fille était revenue de l’école en larmes, une enseignante lui avait demandé de faire une danse d’esclave devant ses camarades de classe. Après des explications avec l’école, Debora Kayembe avait lancé une pétition pour que le Parlement écossais s’attaque d’urgence au racisme dans le système éducatif, une demande acceptée et débattue.

Plutôt que de chercher la confrontation, elle avait choisi d’adopter un message de tolérance et de dialogue avec ses agresseurs face au racisme au Royaume-Uni. « Je leur ai dit : écoutez, ces choses font partie du passé, on a dépassé ça, si vous ne comprenez toujours pas, il va falloir qu’on dialogue. C’était ça mon message. Rien d’autre ».

Cette sortie médiatique se passait en pleine mobilisation mondiale contre le racisme après la mort de George Floyd, cet Américain noir assassiné lors de son arrestation par la police aux Etats-Unis. Se rendant à un rendez-vous professionnel, sa voiture avait violemment quitté la route. En inspectant le véhicule, elle s’était rendu compte que des clous avaient été mis sur les quatre pneus. « Les fois précédentes, je pouvais dormir tranquille, explique-t-elle. Parfois il faut faire le dos rond et laisser passer les choses, mais ce qui m’est arrivé ce jour-là est inacceptable ».

Un message qui avait attiré l’attention de l’université d’Edimbourg, qui compte parmi ses anciens étudiants des premiers ministres, des prix Nobel et des athlètes olympiques. « Ils m’ont dit qu’en tant que Rectrice de l’université, mon message irait loin et que le monde entier écouterait ». 

Quelques mois plus tard en février 2021, elle est élue 54ème Rectrice de l’Université d’Édimbourg avec entrée en fonction le 1er mars 2021 de cette vénérable institution britannique fondée en 1583 et figurant parmi les dix meilleures universités d’Europe, pour en être la première fois dirigée par une personne noire ; poste qu’elle occupe jusqu’à ce jour et dont le Rwanda aimerait la faire partir.

Plus de seize ans auparavant après avoir fui la RDC, recherchée par un groupe armé qu’elle a contribué à démasquer, Debora Kayembe s’apprête à devenir rectrice de la vénérable université d’Edimbourg, qui sera pour la première fois dirigée par une personne noire. Depuis ce temps-là, l’avocate, aujourd’hui âgée de 45 ans, a demandé l’asile au Royaume-Uni, fondé une famille et s’est installée en Ecosse, où elle s’est spécialisée dans les dossiers de droits humains.

Faudrait-il le rappeler que depuis 28 ans, les congolais qui n’ont pas pris au génocide rwandais sont devenus les « souffre-douleurs » avec l’occupation militaire et l’exploitation économiques illicites de leur pays par le Rwanda sans que le monde ni personne ne dénonce ce pays.

Mme Kayembe n’est-elle pas aujourd’hui victime de l’intolérance d’un régime qui n’accepte aucune autre voix discordante dans sa logique sur le génocide des tutsis, 27 ans après l’assassinat du président Juvénal Habyarimana et la prise du pouvoir par les rebelles du Front Patriotique Rwandais (FPR) et leur chef Paul Kagame aujourd’hui au pouvoir comme pour l’éternité.

La colère des Congolais est qu’ils sont décidés à « ne pas permettre aux rwandais de remporter encore une fois de plus sur ce front, trop c’est trop !!! » peut-on lire sur les réseaux sociaux. Car ceux qui accusent aujourd’hui Mme Kayembe ne font-ils pas l’amalgame à dessein en déformant ses propos pour la faire taire.

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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