home Culture & Société, Diaspora, RD Congo RDC-DIASPORA : Hommages posthumes au Professeur Germain MULOWAYI KAYEMBA !

RDC-DIASPORA : Hommages posthumes au Professeur Germain MULOWAYI KAYEMBA !

MULONGESHI WANYI ! Il est des jours plus longs que d’autres alors que tous ont 24 heures.  C’est ce jour où enfants, épouse, familles, amis et connaissances apprennent le départ de l’un de leurs le plus cher. Les plus philosophes d’entre eux appellent ça « Voyage aller simple ». D’autres croient se consoler en le nommant tout simplement « voyage retour ». Pour les plus pessimistes quant à eux, c’est un « voyage sans retour », expressions à la fois faciles et difficiles à comprendre. C’est là toute la dimension philosophique. Le malheur comme le bonheur faisant rêver, rend tout le monde philosophe. Ici, il s’agit d’un autre philosophe unique dans son genre, le professeur Germain MULOWAYI KAYEMBA de son patronyme. Il effectue son dernier voyage. J’avais l’habitude de l’appeler Mulongeshi Wanyi.

Dans sa langue, appelée aussi « langue du Ciel », cela voulait tout simplement dire affectueusement « Mon cher maître, mon cher prof ! ». Il me le rendait bien. Nous communiquions régulièrement depuis des nombreuses années par téléphone ou en personne, chez moi ou ailleurs, en groupe ou à deux. Mais nous communiquions. Nos sujets de débat étaient divers et variés. Ils étaient surtout culturels.

Nous échangions nos points de vue, nos analyses des situations. C’était un féru de l’histoire en général, de la culture congolaise en particulier. Quant à la culture luba, je l’invitais souvent à en discuter. Je ne la connaissais pas ou la connaissais autrement que lui. Mieux que certains de sa génération, il la maîtrisait de ce point de vue ethnographique. C’était tout l’intérêt. Ainsi la notion ou l’histoire de « Bena Tshibanda » et « Bena mutu Wa Mukuna » très connue des balubas, assimilée comme l’explicitait historiquement Mulongeshi Wanyi ne peut être source de haine ni des conflits entre frères lubas. Elle concerne plus une seule ethnie divisée en deux que toutes les autres du Grand Kasaï.

Mulongeshi Wanyi ! L’appeler ainsi a comme toujours le goût de rappeler nos discussions littéraires après lecture de certains ouvrages à l’instar de celui portant ce titre de Mulongeshi Wanyi. Faut-il insister que ce soit à partir de ce dernier que ce petit nom trouve origine, prend tout son sens et toute son originalité. Une manière de le charrier, de le taquiner parcimonieusement avec tous les égards. Il lui est resté collé. Je l’ai toujours ainsi appelé.

Qui était Germain MULOWAYI KAYEMBA !

Né le 12 Juillet 1950 à Kolwezi dans la province du Katanga au sud de la République Démocratique du Congo, il poursuit sa scolarité à Mbujimayi où il obtient son diplôme d’État au Collège Saint-Joseph de Tshilenge en Section littéraire. C’est à l’Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu (ISP) qu’il commence ses études supérieures en 1971. Il les termine en 1977 par une Licence en Histoire. Tout semble avoir été dit sur son parcours académique qui s’est soldé par une Thèse de Doctorat en Archéologie et Sciences de l’Art. Thèse défendue à la V.U.B. (Université libre de Bruxelles version flamande).

Troisième d’une fratrie de 10 enfants, le professeur était marié à Marguerite KAMUANYA Bipendu depuis 1975. Père de 6 enfants : Étienne, Pierrot, Vichy, Emmanuel, Michaël et Germaine. Il a vu, embrassé et porté sur ses genoux 7 de ses petits-enfants : Kanye, Noah, Sara, Talia, Alexia, Teresia et Gabriel.

Germain fut acolyte pendant sa jeunesse. Il aimait la prière et la méditation. Au travail, il était très exigeant avec lui-même, sa famille et ses collaborateurs. Il aimait la musique classique mais aussi et surtout le « Mutuashi » pour égayer les amis. A l’ISP Bukavu, Germain était considéré comme un professeur entrepreneur, car à la fin de chaque année il pouvait offrir à ses collègues de quoi bien passer les fêtes de fin d’année. Il a été l’initiateur d’une mutuelle de santé pour les enseignants de l’ISP.

Au niveau de l’enseignement : Il a œuvré pour le renforcement du troisième cycle sur la didactique de l’enseignement au sein de son Alma mater (ISP). Les questions religieuses étaient débattues au département d’histoire sur son initiative sans complexe ni fanatisme religieux. Il a laissé une bibliothèque à son département d’histoire pour étudiants et professeurs. 50 ans de vie dans une institution universitaire ont fait de lui un Baobab ou la mémoire de l’ISP/Bukavu. Il parlait très peu de ses origines Kasaïennes là-bas. Cela lui a valu le qualificatif de véritable défenseur de l’unité de la RDC.

Souvenirs et ressentis 

A l’annonce de son décès personne n’y croit. De Bruxelles à Mbuji-Mayi en passant par Kinshasa, Lubumbashi, et à travers le monde ; ses amis se communiquent la triste nouvelle. Mais sans trop y croire. La plupart témoignant avoir causé avec lui jusqu’à la veille de son décès sans dire qu’il était si gravement malade et que l’irréparable serait envisageable. Sa manière à lui de défier le mal, de demeurer optimiste et de croire en la vie. Très courageux !

Pourtant le 04 octobre 2021 le professeur s’éteint douloureusement à Bukavu sa ville de cœur. Celle qui l’a vu gravir les échelons du savoir scientifique, professionnel et de la vie tout simplement. Il y a donc passé, plus de la moitié de sa vie. Il y a tout donné. C’est sa ville. Il s’y sentait chez lui, plus proche d’elle que d’aucune autre ville au monde.

Sentant sa mort proche après deux semaines de dégradation de son état de santé, il aurait voulu reprendre le vol vers la Belgique. Mais le corps médical n’aurait pas conseillé une telle témérité, même s’agissant de sa dernière volonté de périr parmi les siens en Belgique. Maman Marguerite son épouse, aussi intuitive que courageuse n’attend aucun avis pour voler au secours de son mari quasi agonisant. Elle est déjà présente au chevet du malade. Le courageux semble très affaibli par la pathologie. La mort dans l’âme, même si visiblement il l’a déjà dans le corps, le brave se doit d’accepter malgré lui le verdict tant du corps médical que de Dieu.

Pour une dernière fois, il s’allonge et ferme définitivement les yeux dans les bras de sa chère et tendre épouse éplorée. Inconsolable Marguerite ! Elle ne sait à quel Saint se vouer ni à quel Dieu se fier pour ressusciter son premier amour, l’amour de sa jeunesse, de toute sa vie, le père de ses enfants. La voilà qui se débat, fond en sanglot en recherchant le dernier « Kasala », ce panégyrique qui parle aux morts en les tutoyant. Elle en déclame un   pour celui qu’elle a aimé toute sa vie, le héros de son cœur. Souvent en telles circonstances pour certains, les mots sont difficiles à trouver pour entonner ce chant de deuil.

Mais pas pour Marguerite qui pleure avec son cœur, son âme et son esprit. Ses mots viennent aisément, elle sait où les placer pour réveiller et traduire les derniers de ses sentiments pour son compagnon de jour et de nuit, son amour de toujours. Dans la ville, le deuil s’organise et se tient. Maman Marguerite n’est pas seule. Toute la communauté estudiantine et le corps professoral l’assistent et lui tiennent compagnie. Le vice-recteur chargé de l’administration de l’Université officielle de Mbujimayi frère cadet du défunt, le Docteur Guillaume KALONJI Muasa Patoka est aussi présent. Il a fait le voyage pour épauler sa belle-sœur et ramener le corps du Prof en Belgique. Il le dit dans son mot circonstanciel :

« Chers toutes et tous,

Nous nous sommes réunis aujourd’hui pour honorer la mémoire de celui qui était le fils de ses parents, le petit frère, grand frère, l’époux, le papa, le papy, le cousin, le neveu, le beauf frère, le beau-père, l’ami, le voisin… Le temps s’est imposé et pourtant nous avions encore des projets à réaliser ensemble.  Dieu t’a pris en plein exercice de ton métier que tu adorais, celui de donner aux jeunes Congolais, un esprit critique et d’analyse de grands sujets de notre temps. Tu es parti comme Mukadi Bonaventure pour me laisser tous les poids de la famille. Que nos parents t’accueillent dans l’au-delà, je cite : Kayemba Pierre, Mushiya Anastasie, Mukuna Augustin, Ndaya Rose, et Kayemba Divin… ».

Ce matin un coup de fil retentit sur mon téléphone. Il me rappelle la tenue de la cérémonie d’obsèques du prof MULOWAYI. Je commence à y croire. C’est aussi le cas pour certains d’entre nous qui le connaissaient. Le premier réflexe est de déterminer le moyen de locomotion pour me rendre à l’autre bout du pays afin d’assister à l’inhumation de « Mulongeshi Wanyi », un ami, un frère. C’est à Renaix, région frontalière avec la France. Le train semble être privilégié. Le trajet est long avec changement de ligne avant la destination finale. C’est à bord de ce train que les souvenirs défilent en mémoire pour celui qui a décidé sans décider de quitter ce monde.

Mulongeshi Wanyi ! 

Il avait le verbe agréable, facile, surtout de l’humour à revendre. On ne pouvait se lasser en sa compagnie. Vers la fin de la décennie 1990, à l’apparition des groupes de discussion sur internet, nous faisions partie de l’un de ceux-là avant de nous retrouver sur LAUTREINFO. Outre son sens critique assez élevé, Il avait une drôle de façon de signer ses pamphlets et diatribes. Les plus anciens du groupe se souviendront de cette phrase chaque fois reprise à la fin pour conclure son intervention : HANGAMBI AHA NGAFU ANYI ? Une formule originale en tshiluba, à la fois comique et interpellant pour lecteurs et concernés. En swahili il la traduisait par : Apa minasema, minakufa ? En français par : « En le disant, en suis-je pour autant mort ».

Comment oublier ce prof qui à la fin de sa conférence sur la culture se débarrasse de ses manuscrits, veste et autres paperasses pour se jeter sur la piste, et l’ouvrir sans se faire prier ? De quoi mettre à l’aise et inviter tout le monde à la danse. Car, à la fin de cette partie cognitive, la fête était bien prévue. Mais alors quel excellent danseur ! Il ne se trompait ni du pas de danse, ni du son de la musique qui l’accompagnait. Ça s’appelle « Danser en chantant ou chanter en dansant ». Talentueux artiste était aussi Mulongeshi Wanyi. Nos violons ne pouvaient que s’accorder de son vivant. On ne pouvait manquer de sujet de discussion. De la musique au théâtre, c’était du pain béni pour nous entendre en parler avec délectation. Voilà à quoi me ramène mon cerveau pendant ce trajet à bord du train vers Renaix. Encore un peu j’aurais oublié de descendre à la prochaine gare pour changer de ligne tellement les souvenirs me semblaient vivaces.

Mais lorsque je descends en gare d’AUDENARDE en Flandre Orientale pour changer de ligne, je constate que je ne suis pas le seul à me rendre dans ces funérailles. Nous sommes au nombre de 3. Changeant de ligne, nous nous précipitons vers la voie 2 où attend encore le train pour Renaix. Malheureusement les portes du wagon restent fermées. Le conducteur nous voit-il ou pas ? Personne ne peut répondre. Après 4 minutes devant l’entrée, le train démarre sans nous. Il nous laisse donc en gare. Le prochain est prévu dans une heure. Entre temps la cérémonie a déjà commencé de l’autre côté. Nous voici à 3, deux hommes et une femme comme 3 étrangers perdus dans cette gare ne sachant à quel historien se fier pour raconter cette histoire aux petits fils de l’historien décédé.

Notre histoire cependant n’est pas la plus triste. La plus triste est plutôt celle qui nous attend, celle qui nous a fait bouger ce jour par ce temps de début du grand froid saisonnier. Pendant que je me penche sur mon téléphone pour appeler désespérément mon frère Bruno et voisin de l’illustre disparu, la seule dame parmi nous est aussi occupée à son téléphone. Le seul qui ne semble pas consulter son téléphone c’est le troisième passager. Nous finissons par nous parler en nous posant mutuellement la même question de savoir si on allait tous au même endroit. Il s’avère que oui. Tous nous allons au même deuil, celui de MULONGESHI WANYI.

L’employé de la SNCB (Société nationale de chemin de fer belge) nous propose de prendre le bus pour arriver à RENAIX. Quand j’informe Bruno, il se propose lui-même de venir nous prendre en voiture pour gagner du temps. Lorsqu’il me rappelle une dernière fois pour m’annoncer qu’il se met en route, la dame de notre trio d’infortune nous signale qu’elle a déjà fait appel à quelqu’un d’autre pour la même tâche. 20 minutes plus tard une voiture s’immobilise devant la gare. Nous sommes priés de prendre place à bord. Le conducteur, belge de souche nous fait part pendant le trajet du déroulement déjà en cours de la cérémonie des funérailles. Le retard est donc acté pour nous qui aurions voulu être à l’heure. Maudit soit le conducteur du train à la base de ce couac.

A l’église

Nous arrivons à l’église. Elle est pleine comme un œuf. La messe se tient encore. Vient le tour de la famille de prendre la parole. Le plus courageux des fils du Prof en cette circonstance s’avance doucement vers la chaire pour lire le dernier mot à son père, leur père. Il est le troisième de la fratrie. L’air responsable et rassuré. Il s’appelle Emmanuel Diyoka MULOWAYI. Il ne tremble pas. C’est un brave, rassurant mais triste. Cela n’empêche nullement l’émotion de s’emparer de son cœur. Celle-ci est si forte, intense que le brave au courage de guerrier finit par craquer à quelques secondes de la fin de son speech dont ci-dessous l’essentiel :

« Mon père ce héros parti bien trop tôt. Ce jour est donc arrivé. Le jour où nous nous rassemblons tous pour toi mais sans toi. Le jour où ton absence sera cachetée sur mon cœur à tout jamais. J’aurais aimé encore m’asseoir avec toi et discuter, de la vie, de mes projets, du Congo, de la maison à Bukavu, de tes cours ou encore des églises du sommeil comme tu aimais le dire. Ça va me manquer de ne plus t’entendre m’appeler “mon Cher ami”. Depuis ton départ je m’en veux en me rappelant nos instants en voiture, les matinées au service géologique, le jour de ta thèse, nos journées à Mons chez ton ami Raymond, ou encore notre temps ensemble à Bukavu où nous faisions route en taxi moto. Grand chef, tu es et resteras un héros parce que tu t’es battu sans jamais t’arrêter. C’est un peu fou de parler de toi au passé. Comme s’il fallait accepter ou croire que tu n’existes plus. Et pour moi dire que tu n’existes plus est comme une illusion. Ma vie et mon histoire avec toi ont aussi été à distance. J’ai célébré mes exploits sportifs, l’obtention de mes diplômes, et toutes mes petites victoires à distance. J’ai appris à te connaître à distance, t’écrire à distance, te lire à distance, t’aimer à distance, et te dire au revoir à distance. Je serai pour toujours admiratif de ta grandeur, de ton intelligence, de ta force et ta persévérance. Aujourd’hui, je repense à ces fractions de moments en ta présence. Pour moi, tu es là et bien vivant mais à une autre distance. Rest well grand chef ! Je deviendrai ce que j’aurais dû être, je garderai notre famille unie. Et nous continuerons ton combat… Papa merci pour notre histoire. A bientôt !

Emmanuel Diyoka MULOWAYI ! »

Mon invité !

Pendant qu’Emmanuel dit au revoir à son père au nom de tous ses frères et en son nom propre, je ne m’empêche de jeter un coup d’œil circulaire dans l’église. Déformation du métier oblige, je me dois de recueillir les instants à immortaliser pour le partage. L’instant est magique pour ne pas dire solennel. La voix d’Emmanuel électrise la foule. Elle communie avec les sentiments divers de tous. Surtout ceux de compassion de la plupart si pas presque de tout le parterre.

Plus il parle, plus le silence s’impose dans l’église. Mieux, on peut entendre le reniflement de chacun mêlé à ceux de tous les autres pleureurs involontaires en silence, mais un silence bruyant. Cela a le don de produire un dernier son de concert funéraire à notre excellent prof d’histoire, Germain MULOWAYI KAYEMBA. Mouchoirs en mains, chacun et tous essuient des larmes. Cependant, mes yeux larmoyants recherchent mes compagnons du train, les deux inconnus. Ils s’arrêtent net sur celui que je nomme mon invité. Des larmes coulent de ses yeux. Il est à mes côtés. Il pleure, pleure à fond, autant dans ses tripes que par ses yeux et c’est la fin de ce service religieux.

La messe est dite. La suite du programme prévoit que le cortège funéraire s’arrête à « Les Blancs Arbres » à Fraznes-les-Anvaing, c’est un service de crémation. Telle semble être la volonté du défunt. Mon invité ne se tient pas loin de moi. Il est parmi les 5 passagers à bord de cette voiture. Par décence, je n’ose pas lui demander son nom. Tellement il est triste et semble porter le deuil tout seul.

Pourtant il y a une grande foule à ces funérailles. Quand le service de crémation se met en place, la foule envahit la salle de réception, mon invité aussi. Tout se passe comme si un autre verdict est attendu. Avec Bruno, nous nous abstenons de nous approcher du four. La description du travail qui est effectué demande plus de courage pour supporter ce sacrifice. Mais comment font tous ceux qui sont entrés dans cette salle pour assister de visu à la crémation ? Poser la question c’est y répondre. Car ils en sortent émotionnés.

Mon invité plus que d’autres a des yeux rouges. L’on peut deviner qu’à l’intérieur les ingrédients sont réunis pour obtenir ce cocktail de chagrin. Reprenant place à bord de la voiture, nous arrivons chez Bruno en attendant l’inhumation prévue dans 3 heures plus tard. Pour casser cette morosité qui semble nous accompagner de bout en bout, un changement de sujet de conversation s’opère en douceur.

Parmi nous une dame d’origine rwandaise, elle parle des us et coutumes de son pays natal. C’est aussi l’occasion de parler de ces relations ambiguës frisant et favorisant l’inceste entre certains pères avec leurs filles. Un père rwandais de 83 ans et sa fille de 53 ans passent la nuit sur un même lit. Sa fille, une femme mariée croit trouver cela normal et raconte que c’est depuis son enfance que cette situation perdure. Deux de ses jeunes sœurs, la cinquantaine révolue, le font aussi avec leur père. Cela ne repose sur aucune norme culturelle ni coutume réagit la maman rwandaise. Un sujet qui aurait permis d’oublier et de nous éloigner pour tant soit peu, des cris de douleur et de chagrin du deuil qui nous réunit. Le défunt en raffolait. Il en avait une certaine idée. Mon invité est là, parle très peu ou presque pas.

Vers 17 heures nous prenons la direction vers HOGERLUCHT le cimetière de Renaix pour un dernier ultime instant d’adieu. Situé à 10 km du centre-ville, c’est un cimetière spécial qui accueille des bocaux plutôt que des cercueils. Ici la cérémonie est dirigée par madame la responsable de ce service de crémation. Un bref discours est prononcé par elle. On y découvre quelques-unes de dernières volontés et philosophies de vie du défunt notamment « La mort pour Germain, c’est une absence physique mais en réalité « je suis là car vous pouvez me parler ». Puisse cet hommage répondre à ta volonté MULONGESHI WANYI !

Secouée par tout ce qu’il se passe, devenue aphone, maman Marguerite n’a presque plus de souffle, ni d’énergie pour tenir le coup. Soutenue par ses 6 enfants, c’est aux bras de ses 5 garçons qu’elle traverse les allées du cimetière pour regagner la voiture. Emmanuel, coordonnant gestes et faits semble prendre la place du père et assumer déjà ce qu’il a promis lors de son discours à l’église c’est à dire : « continuer le combat de papa, celui de réunir toute la famille autour d’un idéal de paix et d’amour ».

En effet, ils ne lâchent pas leur maman. Les MULOWAYI fils passent déjà de la parole aux actes. Malgré la douleur, ils ne baissent pas les bras. Ils tiennent à se rassurer que tout est en ordre du cimetière à la salle de réception pour un verre d’amitié offert en cette occasion aux hôtes venus les consoler. Leur prise de parole ne ressemble pas à de l’improvisation. Ils assument. Du coup, ils deviennent responsables en une journée. L’homme se découvre-t-il devant l’obstacle ? La question reste posée, les MULOWAYI y-répondront, à l’avenir.

Il se fait tard. Le soleil se couche sur RENAIX. Contrairement à l’aller, nous reprenons le retour vers Bruxelles par route avec le sentiment d’un devoir accompli, celui d’avoir dignement accompagné à sa dernière demeure le Prof Germain Mulowayi Kayemba wa Ba Nzeba Mulongeshi Wanyi ! Mukuanga wa Ndeka !

 Notre journée n’est pour autant pas terminée. Nous sommes à 3 sans la bonne dame de l’aller. Elle est remplacée par le Dr Jean-Pierre Kanku qui conduit. Mon invité est toujours là. Le trajet est long. A l’arrivée, Jean-Pierre décide de poser la question à celui que j’appelle mon invité depuis ce matin, c’est quoi votre nom s’il vous plaît ? Gérard, répond-t-il en descendant du véhicule. Nous sommes à Bruxelles.

Zadain KASONGO

LAUTREINFO Bruxelles

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