home Politique, RD Congo, Société « De la table ronde du Numérique au Code numérique et le Plan National du Numérique E-Drc », que retenir ?

« De la table ronde du Numérique au Code numérique et le Plan National du Numérique E-Drc », que retenir ?

Dans les visées expansionnistes du président Felix Tshisekedi, le numérique fait partie intégrante de ses priorités. On peut le remarquer à travers les forums et sommets sur cette question durant ses premiers mois à la tête du pays. Il surgit ensuite, en date du 25 février 2020, le projet de loi sur le numérique imbriquée aujourd’hui en Code numérique…Mais au regard de la réminiscence que la succession de ces évènements laissent derrière, il y a lieu de se poser de bonnes et curieuses questions du type : Où en est-on avec…         

Sur son compte LinkedIn, Henrique MUKANDA, Directeur des opérations à ITOT AFRICA décide enfin de raconter la fâcheuse histoire de leur exclusion à un concours alors qu’elle (Itot Africa, une startup basée à Lubumbashi, œuvrant dans le secteur du numérique) se trouvait en bonne position pour être retenue et rafler une enveloppe d’au moins 500 000 dollars américains (ce n’est pas ici hein…).          Sur un total de plus d’une centaine d’entreprises à travers le monde évoluant dans le domaine du numérique participant à ce concours, Itot Africa était la seule qui représentait l’Afrique en général et la RDC en particulier à cette compétition mais cette dernière s’est vue être exclue pour une raison que vous allez découvrir dans la suite de cet article.      

« Laxisme du gouvernement » et « manque d’engagement et d’expertise » des législateurs sur la question      

Pour un Etat qui se veut assainisseur de l’écosystème de ce secteur en débloquant d’importants moyens pour l’organisation des « forums, sommets, table ronde etc… » autour de cette question, et cerise sur le gâteau : la création d’un ministère essentiellement dédié à celui, ne pas accélérer le processus de la mise en place des mécanismes du « Plan National du Numérique » dont la création d’un cadre juridique et réglementaire n’est, en plus d’être un manque de volonté qu’un laxisme.      

Par exemple, pour un projet de loi qui ne fait pas l’objet d’un quelconque débat à l’Assemblée Nationale, on évoquerait plusieurs raisons dont notamment le manque d’engagement de son initiateur ou carrément elle heurte certaines sensibilités parmi les programmateurs à la commission ad hoc chargée de traitement.    

Contrairement à celui-ci, là n’est pas la question, à en croire Jean-Claude KAHUADI, Expert en Sécurité des Systèmes d’Information (SSI) qui suit de très près l’évolution de la situation.

Pour lui, il ne s’agit pas du manque d’engagement du législateur mais plutôt du manque d’expertise sur la question de certains d’entre-eux :   « La matière étant nouvelle, il y a de choses qui doivent être faites en amont dont les informations spécifiques relatives à cette matière, qui doivent être mises à la portait de législateurs, par exemple la définition de concepts et certains termes  dont la cybercriminalité, la cybersécurité ou les données…Tout un préalable qui s’impose à ce stade, si cela n’est pas fait, poursuit-il, je ne vois pas comment ils vont procéder au traitement d’une loi qu’ils ignorent le contenu, c’est vraiment technique. Pour moi, il ajoute, cela ne relève pas de leur engagement, le bureau de l’Assemble Nationale doit bien organiser les choses pourvu que cela soit bien traité »

La ratification de lois sur le plan international s’impose…    

L’Etat devrait s’appuyer sur ce levier aussi longtemps qu’il n’a pas encore régularisé dans plusieurs domaines pour profiter de certains avantages.   

Pour Itot Africa, cette startup a été exclue pour une raison, une seule, alors qu’ils se sont battus comme des diables dans un bénitier, sinon mouiller les maillots, en franchissant multiples étapes pour se hisser parmi les cinq entreprises en passe de rafler l’enveloppe de 500 000 $, ces jeunes entrepreneurs se sont vus être remerciés et disqualifiés à la dernière phase qui n’en était pas une en réalité, selon leurs propres phrases, pour la fameuse raison de « Non émission d’une loi sur la politique de protection des données des utilisateurs », cela en 2020…           

Grace aux bruits générés par les médias après la réussite de la mise en place d’une plateforme fournie au ministère de la santé à l’annonce du premier cas positif à la Covid19 en collaboration avec le ministère de PT-NTIC, laquelle plateforme pouvait servir aux utilisateurs grâce un bot qui était disponible sur le site de signaler, envoyer leur localisation et prévenir ainsi les équipes de riposte, Une organisation canadienne du nom www.humanitariangrandchallenge.org  les avait repérés et, décidé de les inscrire à un concours qui pouvait leur permettre de remporter  500 000$.         

« Grace à notre courage, raconte, Henrique, nous avons franchis toutes les étapes et seulement à la dernière phase, qui n’en était pas une mais un contrôle ordinaire, il nous était demandé de fournir notre politique de confidentialité qui garantirait la protection des données collectées auprès des utilisateurs…Ce qui n’a pas été aussi simple que nous le pensions. Nous avions écrit une politique de confidentialité assez simple en se référant sur la loi RGPD en Europe [Règlement Général de la Protection des Données, qui n’est pas ratifiée sur le territoire Congolais, Ndlr], mais en réalité nous devions nous appuyer sur une loi émise par notre pays d’origine. Le pays n’ayant pas émis cette dernière, on a été remercié et disqualifié ».       

Jusqu’à quand continuerons-nous à passer à côté de telles opportunités ? Pour un pays dont le taux de chômage est largement élevé comme la RDC, l’Etat devrait faciliter aux jeunes certaines choses, pour leur entrepreneuriat, le contraire pourrait contraster la grande vision économique du président Tshisekedi, celle de créer des milliardaires d’ici la fin de son mandat.  Aujourd’hui, c’est Itot Africa qui est victime, demain ça sera une autre startup si on ne remédie pas plus vite à ce phénomène.

Sylvain-Gauthier KABEMBA

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