home Culture & Société, People, RD Congo RDC-CULTURE : « COLORE », une série TV made in DRC diffusée sur TV5

RDC-CULTURE : « COLORE », une série TV made in DRC diffusée sur TV5

Une véritable voix de stentor qui revient sur le calvaire des étudiantes à Kinshasa qui entre harcèlement et échec, la peste et la lèpre ; doivent trouver le juste milieu. C’est ce que nous narre dans cette série Patrick Mugosa, son créateur, producteur et monteur. Riche en thèmes, tous inspirés de la vie de tous les jours à Kinshasa, tout comme dans plusieurs grandes villes des pays africains, « Coloré » n’est autre qu’une œuvre révolutionnaire du point de vue féministe. Mais est-elle tournée à Kinshasa ? Sont-ils congolais, ces acteurs ?  Rencontre avec Patrick Mugosa, créateur- producteur et monteur de la série.

Coloré est cette série de fiction qui suit l’histoire d’une jeune femme, Olive Musimba, étudiante à l’Université de Kinshasa mais issue d’un milieu défavorisé tente d’égaler ses copines de la Fac. Et pour cela, elle compte sur son arme de prédilection ; sa beauté séductrice en entreprenant des relations sentimentales compromettantes.

Son parcours permet à la série d’aborder divers problèmes sociaux, des dysfonctions qui font le quotidien de la société congolaise et que les familles ont souvent tendance à « normaliser ». Au travers de Coloré, les auteurs ont dit tout haut ce que les gens pensent tout bas. La première congolaise a eu lieu le 31 octobre 2020 à Kinshasa.

Il faut le dire qu’en plus d’être peu habitué aux pièces classiques (sans mettre en exergue les talents locaux), l’industrie du cinéma en RDC est inexistante ou presque faute d’une bonne politique culturelle. Les acteurs en RDC pour faire vivre cette profession recourent aux « Nzonzing » (une sorte de pièces théâtrales populaires et amateurs plus courant à Kinshasa) qui, avant d’être diffusée, le producteur est tenu à un principe : verser une somme d’argent aux chaines de TV cibles pour acheter l’espace, cela pour voir ses œuvres être diffusées. Pathétique non !

Ainsi, « coloré » vient couronner le combat des cinéastes congolais, celui de « l’émergence du cinéma au Congo». Entretemps, je vous invite dans cet interview exclusif pour en savoir plus sur « Coloré ».

C’est vous qui avez écrit le texte ? Si oui, de quoi vous êtes-vous inspiré et pourquoi le titre Coloré ?

Patrick MUGOSA : ce n’est pas moi qui ai écrit Coloré. Cependant, je l’ai créé, produit et monté. Les thèmes abordés sont les reflets de ce que nous vivons tous les jours à Kinshasa et dans plusieurs villes des pays africains. Je signale en outre que quelques épisodes ont été tournées à Winnipeg (Manitoba) au Canada, là aussi nous nous sommes inspirés du quotidien des canadiens d’origine africaine. En ce qui concerne le titre, Coloré veut tout simplement dire « multicolore », c’est une métaphore qui veut dire « caméléon ».

 Vous êtes sans ignorer qu’à Kinshasa (RDC), jouer dans des pièces classiques n’est pas notre tasse de thé, comment vous êtes-vous pris au casting ? Est-ce votre premier projet ?

P.M : Le casting de Coloré était trop simple. D’abord, nous avions fait des affiches appelant les intéressés d’envoyer leurs photos et vidéos sur les numéros qui étaient indiqués sur les affiches. Ensuite, ceux et celles qui étaient présélectionnés étaient invités à participer à une rencontre avec moi. Certes, il y avait aussi des recommandations mais, tous les acteurs et actrices recommandés étaient invités à un casting face-à-face avec moi. Coloré n’est pas mon premier projet, je compte plus de 100 projets sur lesquels j’ai travaillé comme producteur, directeur photos, monteur etc. mais en RDC Coloré est mon premier projet.

A voir toutes les commodités qui vont avec cette production, on a l’impression que cela vous a coûté les yeux de la tête. Dis donc si cela n’est pas un secret, combien il vous a coûté pour réunir ces acteurs ? Avez-vous reçu un financement particulier, type subvention ?

P.M. : Coloré est un projet autofinancé. La grande partie des fonds était venue de moi et Rogers OFIME, le réalisateur et Co-créateur de la série. Nous reconnaissons également l’investissement en termes de services de Giresse J. KASONGA, Jason SHOMBA et tous les techniciens et comédiens qui ont participé dans la série. Le budget de la série sera communiqué sur le Web site officiel de la page IMDB de la série, allez donc consulter ces pages.

Du casting à la réalisation complète (synchronisation de sons et images), combien de temps vous avez mis pour finir ce projet ? Avez-vous recouru aux professionnels d’ailleurs aussi ? Tout s’est-il passé à Kinshasa ?

P.M. : De la pré-production à la diffusion, le projet nous a pris deux ans. La production de Coloré a connu la participation de plusieurs techniciens en provenance de trois pays connus pour leur bon travail dans l’industrie du cinéma. En Afrique, nous avons travaillé avec des nigérians et les sud-africains et en Amérique, nous avons travaillé avec les canadiens.

A quel objectif pensez-vous que cette œuvre vient répondre ?

P.M : L’industrie du cinéma en RDC est quasi inexistante. Certes, les cinéastes locaux tels que Tchoper KABAMBI, Emmanuel LUPIA etc. se battent comme des diables dans un bénitier pour l’émergence du cinéma au Congo, ainsi Coloré est venu les accompagner dans leur lutte. Entant que congolais, mon objectif est donc celui de contribuer positivement à l’émergence de cinéma au Congo.

Votre expérience dans ce domaine remonte de quand ? Coloré a-t-il déjà reçu un prix et c’est quoi le projet d’avenir ?

P.M : Je compte une quinzaine d’année dans l’industrie. Bien sûr que j’ai commencé à bas âge, mais du point de vue professionnel, je compte quinze ans dans ce domaine. Je suis dans les préparatifs pour la deuxième saison de Coloré.

Propos recueillis par Sylvain-Gauthier KABEMBA

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