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RDC : Le Colonel Eddy Kapend dans la liste des « Grâces présidentielles de fin d’année 2020 »

Vingt ans après leur condamnation à mort par la Cour d’Ordre militaire dans son arrêt du 07 janvier 2003 concernant le dossier assassinat de l’ancien président Laurent-Désiré Kabila, le colonel Eddy Kapend et ses co-accusés ont été graciés à l’occasion du nouvel an par le chef de l’Etat Félix Tshisekedi au soir du 31 décembre 2020.

Une ordonnance portant mesure collective de grâce présidentielle sur proposition du vice-ministre de la Justice et Garde des Sceaux faisant fonction de Vice-premier ministre ayant été rendu publique à ce sujet. Cette mesure concernera 28 personnes encore en vie sur les 39 à l’origine, 11 infortunés étant décédés durant leur très longue incarcération. Ces individus avaient été condamnés pour leur présumée implication dans la tragédie de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, le 16 janvier 2001.

Parmi les heureux bénéficiaires qui pourront sortir de la prison la semaine prochaine après signature des arrêtés selon le vice- ministre de la justice qui a fait la proposition d’amnistie, les personnes considérées emblématiques à l’instar du Colonel Eddy Kapend, ancien aide de camp et homme de confiance de Mzé Kabila, Nono Lutula, ex-Conseiller spécial à la sécurité, Georges Leta, ancien patron de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR). Mais aussi ceux anonymes toujours détenus dans les murs ocres du Centre Pénitencier de Makala dans la commune de Selembao et qui vont devoir recouvrir de leur liberté, étant exclus de cette mesure les « fugitifs et latitants ».

Eddy Kapend, une résilience exceptionnelle

Des années 1990 où je le rencontrais pour la première fois en sa qualité de responsable de la « Juferi » (Jeunesse de l’Union des Fédéralistes Indépendants) sur l’avenue des 3 Z, siège du parti politique de feu Jean De Dieu Nguz A Kar I Bond, Eddy Kapend n’a jamais changé physiquement.

Cet ancien civil et enseignant de son état d’origine comme nouvelle unité au Lycée Mwanga de Kolwezi dans l’ancien grand Katanga, Eddy Kapend devenu militaire dirigeait la jeunesse du parti de Nguz avec un autre illustre civil devenu pourtant le plus haut gradé de l’armée congolaise sous les Kabila à savoir John Numbi Banza Thambo.

Toujours ce corps mince sculpté et athlétique, un visage émincé avec une fine moustache et une barbichette ; Eddy Kapend n’a pas beaucoup changé malgré les conditions plus que difficiles de sa très longue détention avec toujours sa casquette militaire vissé sur la tête.

Ses codétenus témoignant même que la « conviction » et la « détermination » de celui qui est devenu militaire par hasard lors de sa rencontre fortuite d’avec Mzé Laurent-Désiré Kabila n’ont jamais variées d’un seul iota à savoir « qu’il n’a rien à voir avec l’assassinat de Mzé, les véritables assassins et commanditaires étant libres depuis bien avant et depuis le 16 janvier 2001 » et a toujours clamé son innocence.

Cette libération faisait partie de la ligne rouge jamais franchie par Joseph Kabila durant ses 18 ans de règne renforce encore davantage la « rupture » avec son successeur Félix Tshisekedi qui assume en accordant une remise totale de la peine restant à exécuter à toute personne condamnée dans le dossier assassinat Mzé Laurent-Désiré Kabila.

La route qui a conduit Eddy Kapend et ses amis de la peine de mort à la liberté fut longue et laborieuse. Après plus de 20 ans de détention, sa condamnation avait toujours été décriée par beaucoup qui le considéraient comme un bouc émissaire.

Pour rappel, c’est le 30 juin 2020 ; date du 60ème anniversaire de l’indépendance du pays que le président de la République Félix Tshisekedi avait annoncé la commutation de leurs sentences et des grâces collectives pour des centaines de prisonniers. Eddy Kapend qui ne pouvait bénéficier d’une quelconque grâce sortait du statut de condamné à mort pour ne plus être que condamné qu’à la prison à perpétuité, peine qui le rendait éligible désormais à la mesure exceptionnelle appliquée aujourd’hui.

Lire aussi : RDC : Grâce présidentielle, la peine d’Eddy Kapend commuée en servitude pénale à perpétuité https://www.afriwave.com/2020/07/17/rdc-grace-presidentielle-la-peine-deddy-kapend-commuee-en-servitude-penale-a-perpetuite/

Selon des sources, « A la demande du président Félix Tshisekedi et de certaines confessions religieuses, Joseph Kabila avait consenti depuis cette même date de juin 2020 à la grâce des condamnés du procès sur l’assassinat de Laurent-Desire Kabila ».

Pour sa famille biologique dans un communiqué signé André Tshibal Katak Mosh-A-Makunku, « Très Chers Camarades, Amis et Connaissances ; Au nom de ma Famille biologique et à mon Nom personnel, Tenons à vous annoncer la LIBERATION par grâce Présidentielle de nôtre FRÈRE, LE COLONEL EDDY KAPEND, emprisonné 20 ans durant pour des raisons personnelles des certains Individus. Sa Famille rend grâce à l’Eternel Dieu tout puissant de l’avoir gardé en Vie, et surtout en très bonne santé physique et intellectuelle ; et Présente Sa Gratitude au Président de la République et Chef de l’Etat, Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo, pour ce geste de grande portée politique, de la hauteur des grands Hommes d’Etats dont l’humanité compte sur les doigts de la main. Qu’Il en soit rassuré que la Famille Biologique du COLONEL EDDY KAPEND, sera derrière Lui pour Le soutenir Sa politique de développement de la RDC avec Sa Vision de l’Union Sacrée pour la République, et son slogan le « Peuple d’abord » : Vive l’avènement de l’Etat de Droit, et la Vérité finira par Triompher !!! Merci à Vous les héros dans l’ombre à travers l’Univers qui avaient lutté pour que CE JOUR arrive enfin ; devant la face du monde, Nous Vous disons que Nôtre Famille Vous restera Redevable… ».

Pour notre consultant Jeff Bunduki Kabeya, « Quand Félix a accédé à la magistrature suprême à la tête de la RDCongo, il était le fils de Tshisekedi Étienne, opposant charismatique et légendaire. Aujourd’hui, deux ans plus tard. Le fils de Tshisekedi s’est fait un nom « Fatshi ». Il se révèle être un tacticien averti et un fin politicien. Qualités qu’on ne lui connaissaient pas d’emblée. Il a réussi sans trop de casse à bouleverser l’échiquier politique et à le remodeler. Il a réussi à éteindre les tentatives de mécontentement des concitoyens de l’Est de la république à la suite de l’arrestation, du jugement et de l’emprisonnement de Vital Kamerhe. Il met sur orbite un fils de l’Est jadis négligé dans le FCC. Aujourd’hui, c’est Bahati Lukwebo qui devient la figure marquante de l’Est de la RDCongo ».

Et de poursuivre « Il a réussi à se débarrasser de Jeanine Mabunda qui a tout mis en œuvre pour l’humilier de mille et une façon. Le grand Équateur perdait ainsi un représentant de taille. Mais il a réussi à reprendre langue avec JP Bemba autre figure représentative du grand Équateur et l’amener à partager sa vision. Le grand Équateur n’a pas eu le temps de se plaindre. Le jeu de chaise musicale a fonctionné. Le grand Katanga et ses illusions d’indépendance ou de sécession n’a pas été oublié. L’un de ses fils Eddy Kapend retrouve la liberté après deux décennies de détention. Il sera bientôt en famille où il goûtera aux joies de la liberté de mouvements retrouvées en attendant qu’il dise sa vérité sur la mort de Laurent-Désiré Kabila et qu’il donne de son point de vue les noms des commanditaires de cet assassinat. En fin d’année 2020, par la désignation de l’informateur, en ce début d’année en relaxant Le colonel Eddy Kapend, Fatshi reprend la main dans des dossiers difficiles. Avec la présentation de sa vision du développement de la RDCongo aux gouverneurs de province, le fils du Sphinx de Limete balise sa route pour sortir le pays du sous-développement. Avec un peu de répit interne, il peut maintenant se consacrer avec un peu plus de sérénité à son mandat de Président de l’Union Africaine et s’y faire aussi un nom. Décidément, Fatshi ne cesse de surprendre ».

Une juridiction d’exception cruelle

La plus redoutée Cour d’Ordre Militaire (COM) de l’époque créée par Kabila père en 1997 et dissoute par Joseph Kabila en mars 2003 fut crainte par tous comme une juridiction d’exception cruelle. Elle fut dirigée par un ancien procureur militaire, le colonel Charles Alamba Mungako, lui-même condamné à mort en 2004 et décédé dans la même prison de Makala le 07 mai 2017.

Créée par Laurent Kabila en août 1997, trois mois après son arrivée au pouvoir, le décret qui établissait la COM stipulait que, « ses décisions n’étaient susceptibles ni d’appel, ni d’opposition. Elle devait juger les membres des forces armées mais aussi tout individu poursuivi pour des infractions à main armée portant atteinte à des personnes ou à leurs biens, y compris des civils » ; ce qui est contraire aux règles de base du droit.

Six mois après l’abolition de la COM, le colonel Alamba était lui-même accusé d’être le commanditaire de l’assassinat et de la mutilation de Steve Nyembo, Directeur des Ressources Humaines de la Direction Générale des Impôts (DGI), le 29 septembre 2003.

Un an plus tard, il fut condamné à mort avec dix autres prévenus, par la Haute cour militaire ; pour association de malfaiteurs, assassinat, terrorisme, évasion de détenus, incitation à la violence, détournement de biens saisis et détention d’armes et de munitions de guerre. La peine de mort n’avait pas été exécutée. Alamba et ses coaccusés furent condamnés à la peine capitale, au terme du verdict rendu le mardi 5 octobre 2004 par la Haute cour militaire (HCM).

Arrêté à Kinshasa dans la nuit de samedi à dimanche 19 octobre 2003, pour sa participation à cet assassinat ; l’ancien colonel des FARDC a rendu l’âme presque subitement après un arrêt cardiaque alors qu’il n’était pas souffrant selon sa famille.

Il assurait temporairement le rôle d’Auditeur Général   près la Haute Cour après avoir occupé les fonctions de procureur à la Cour d’Ordre Militaire (COM), l’institution qui avait jugé les présumés responsables de l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila, abattu le 16 janvier 2001 par son garde du corps Rachidi, lui-même abattu par Eddy Kapend selon les témoins présents au Palais de Marbre ce jour-là.

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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