home Politique, RD Congo RDC : La colère de Kabila sur un enregistrement sonore clandestin qui a trahit le FCC à Kingakati

RDC : La colère de Kabila sur un enregistrement sonore clandestin qui a trahit le FCC à Kingakati

Malgré leurs dénégations, c’est pour la deuxième fois qu’un « enregistrement sonore clandestin » réalisé via son téléphone par un membre lors d’une réunion privée est dévoilé par le même hebdomadaire, trahissant ainsi les intentions stratégiques des proches de Joseph Kabila dans leur quête de conservation à tout prix du pouvoir.

Un embarras qui a provoqué une « colère verte » de Joseph Kabila face à ses partisans dont il dit « ne pas avoir confiance totalement » selon un participant à ladite rencontre sous anonymat. Une situation qui a entrainé des démentis du FCC comme du PPRD et le journaliste à la base des révélations a confirmé, disant détenir un enregistrement sonore des propos de l’ancien président de la République sur son partenaire de coalition, le président en exercice Félix Tshisekedi et sa plateforme du Cap pour le Changement (CACH).

Surpris par l’annonce de son partenaire gouvernemental sur les prochaines consultations en vue de trouver une « union sacrée pour la Nation » et une nouvelle majorité progressiste face aux blocages systématiques du Front Commun pour le Congo (FCC), le camp Kabila pris de cours s’est organisé dans la hâte avec d’abord une réunion du PPRD puis deux rencontres avec leur autorité morale dans sa ferme privée de Kingakati. Des responsables FCC aux élus nationaux, députés et sénateurs s’y sont retrouvés pour renouveler leur loyauté face à un séisme politique qui risque de les emporter tous le moment venu.

Au cours de la première rencontre de crise du 29 octobre 2020 avec les membres du FCC, Kabila aurait parlé de la « résistance » et de l’accord qui liait les deux parties à savoir le CACH et le FCC. Etaient présents également les présidents des deux chambres du Parlement, Jeanine Mabunda et Alexis Thambwe Mwamba, le coordonnateur du FCC et ancien Directeur de Cabinet Néhémie Mwilanya qui jouait le rôle de modérateur des échanges durant plus de trois heures.

Pour Kabila, « la situation sécuritaire et économique du pays ne s’améliore pas » depuis son départ il y a deux ans bientôt. De son partenaire de coalition, il dit « ne pas avoir les mêmes valeurs ». Son dauphin battu lors de la présidentielle de 2018, Ramazani Shadary ; accusant pour sa part Félix Tshisekedi de poursuivre « un objectif d’isoler le PPRD et plus encore le FCC et donc, Joseph Kabila » en fin de compte.

Un précèdent pourtant…

La première affaire de « fuite » d’un enregistrement sonore d’une réunion privée de l’ancien régime et révélée par le même journal parisien date de cette rencontre du vendredi 25 novembre 2017 bien avant les élections de décembre 2018. Elle se déroulait entre le président de la Céni Corneille Nangaa et les députés et certains cadres triés sur le volet du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), la formation politique de l’ex-président Joseph Kabila.

Il était question ici de la réforme électorale sur le seuil de représentativité qui a abouti à « la majorité » volatile du FCC d’aujourd’hui et qui risque d’imploser sous peu à l’issue des consultations engagées par le président de la République.

Dans cet enregistrement clandestin sonore, il fallait à tout prix soutenir « le seuil de représentativité, quelque chose qui remet le PPRD sur pied alors que l’opposition avait le vent en poupe et que la contestation grondait aussi parmi ses propres alliés » selon Henri Mova Sakanyi, le Secrétaire Général du PPRD de l’époque.

Quant au président du parlement de l’époque, Aubin Minaku qu’on pensait être le dauphin de Kabila avant qu’il ne soit supplanté par le ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary ;  plus prudent, s’était employé à « sensibiliser ses camarades au risque qu’il y aurait à soutenir ce seuil de représentativité dans une Assemblée où, au-delà de l’opposition, les alliés même du PPRD sont prêts à rejeter l’initiative au moment du vote » et il se demandait : « Irons-nous jusqu’au bout en sachant que cela peut se passer de cette manière-là ? Sur le plan politique, est-ce bon ? ».

Lire aussi : Révélations de Jeune Afrique sur le PPRD : Aubin Minaku, Henri Mova et la CENI, un scandale de trop au sommet de l’Etat https://www.afriwave.com/2017/11/26/revelations-jeune-afrique-sur-le-pprd-aubin-minaku-henri-mova-et-la-ceni-un-scandale-de-trop-au-sommet-de-letat/

Pour l’analyste Joseph Bunduki : « En ce qui concerne l’audio clandestin dévoilé par Jeune Afrique, il faut se remettre en mémoire les révélations de Snowden qui ont montré que même éteints, les téléphones dits intelligents peuvent être contrôlés à distance et de loin par ceux qui possèdent la technologie et les capacités adéquates pour le faire. La question est de savoir quel est ce téléphone qui aurait été activé de loin à l’insu de son propriétaire et dans quel but ? En ce qui concerne le méfiance entre le Cach et le FCC, je pense qu’il n’y a jamais eu de confiance entre eux tout simplement. Outre le fait que le FCC a fait de son mieux pour glisser des peaux de bananes sous les pieds de Fatshi avec comme ténors de ces actions Mme Mabunda et M.Thambwe Mwamba, le climat n’a jamais été au beau fixe entre les coalisés ».

Il poursuit : « Au fil de temps, le FCC a nourri une seule ambition; celle de tout faire pour destituer son partenaire et par tous les moyens. Le summum de l’affront étant intervenu lors de la prestation de serment des nouveaux juges de la Cour Constitutionnelle. Cette politique de la chaise vide massive au Parlement avec l’adhésion du Premier Ministre était manifestement une manière pour humilier le chef de l’Etat à la face du monde. Des coalisés qui ont l’ambition d’être des hommes et des femmes d’Etat ne se comportent pas de la sorte. Ils ont des canaux et des moyens pour régler loin des médias et de la place publique leurs divergences de vue et de trouver des voies médianes car l’objectif est de développer la RDCongo et amener la Nation à jouir du bien-être qui découle de ce progrès national .
Je n’ai pas souvenance d’avoir vu ou entendu de la part du FCC des propos de compassion suite, par exemple, au crash de l’avion qui transportait la logistique présidentielle de Goma à Kinshasa. Quand le partenaire Cach de la coalition a perdu plusieurs cadres de la présidence, je n’ai pas le souvenir d’un acte de compassion du FCC
».

Et il conclut :« Ce regroupement politique qui a fait obstruction pendant 2 ans à l’inhumation d’Etienne Tshisekedi en RDC est celui qui aujourd’hui crie au non respect de la constitution par le fils du Sphinx de Limete, il faut oser. Pourtant que le FCC n’a pas respecté le prescrit constitutionnel qui imposait des élections en 2016. Il a trouvé normal d’avoir une rallonge illégale de 2 ans. Aujourd’hui, quand le FCC clame haut et fort que M. Kabila reprenne les rênes du pouvoir en 2023, on se pose la question de savoir qui ne respecte pas la constitution ? La méfiance entre les coalisés ne sera jamais immense. Elle n’a tout simplement jamais existé. La phase des consultations actuelles en est la preuve ».

Toute chose restant égale par ailleurs et en pleine crise au sein de la coalition CACH FCC au pouvoir, l’entente entre les deux parties ne seraient plus jamais la même alors que le chef de l’Etat Félix Tshisekedi a entamé ses consultations, la méfiance étant à son comble.

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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