home Politique, RD Congo, Société RDC : Lutte contre le Coronavirus, les Chefs religieux « snobent » Félix Tshisekedi

RDC : Lutte contre le Coronavirus, les Chefs religieux « snobent » Félix Tshisekedi

Reçus à deux reprises les lundi 20 et jeudi 23 avril 2020 en sa résidence de la N’Sele par Félix Tshisekedi, les chefs religieux du pays avec en tête les responsables catholique et protestant ; ont poliment « snobés » le président de la République en refusant de prendre la tête du Conseil de gestion du Fonds national de solidarité de lutte contre le Covid- 19 (FNSCC).

Faudra-t-il le rappeler que dans sa recherche des stratégies de lutte pour faire barrage à la pandémie de Coronavirus en RDC, le chef de l’Etat avait pensé associer les chefs des confessions religieuses à cette cause. Et ce,  pour leur « influence » sur des millions des fidèles membres de leurs communautés respectives. Outre les églises catholique et protestante ; la Communauté islamique en RDC, l’Eglise Orthodoxe, l’Eglise du Réveil au Congo, l’Union des Eglises Indépendantes du Congo et l’Armée du Salut y étaient représentées.

Suite à la première rencontre du 20 avril et surement avec leur accord tacite, dans une Ordonnance rendue publique le mercredi 22 avril 2020 ; le Président de la République nommait Mgr Fridolin Ambongo, Archevêque de Kinshasa et Vice-président de la CENCO, Coordonnateur principal du Conseil de gestion du Fonds national de solidarité contre le Coronavirus (Covid-19).

A ses côtés et dans la foulée, le Révérend André Bokundoa, Président de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), était nommé Coordonnateur adjoint de FNSCC sans compter les autres chefs des confessions religieuses nommés membres de la même structure.

Ces nominations venaient ainsi compléter l’Ordonnance n°20/018 du 6 avril 2020 portant création, organisation et fonctionnement du Fonds national de solidarité de lutte contre le Covid- 19 (FNSCC). Ce Fonds ayant pour mission « la recherche et la collecte  des moyens financiers destinés à servir, sous forme d’aides, assistances ou soutiens, aux personnes physiques ou morales, personnels médicaux soignants, services médicaux et hospitaliers ainsi qu’aux entreprises et autres structures exerçant une activité économique, qui seraient particulièrement touchés par les conséquences économiques, financières et sociales de la propagation du Covid-19 et des mesures prises pour en limiter la propagation ».

Rebuffade…et Conseil consultatif…

Dans un communiqué de presse lu par le SG de la CENCO, l’abbé Donatien Nshole le vendredi 1er mai 2020 en présence du Cardinal Fridolin Ambongo et du pasteur protestant André Bokundoa ; les chefs religieux renoncent à prendre la tête de cet organe, évoquant entre les lignes « l’incompatibilité » de leur mission religieuse et la gestion de ce fonds.

« Après avoir scruté le texte, les chefs des confessions religieuses, disposés à apporter leur contribution dans la lutte contre le Covid-19, se sont rendus compte que les modalités de cet accompagnement telles que stipulées dans l’ordonnance s’avèrent incompatibles avec leur statut des chefs spirituels. Il s’agit surtout de leur implication directe dans la gestion au quotidien des fonds publics » ; annonçait l’abbé Nshole au nom de la plateforme des confessions religieuses.

Pourtant, les mêmes chefs religieux avaient obtenus du président de la République une modification des annoncées desdits ordonnances lors de leur deuxième rencontre :  « Ce jeudi 30 avril 2020, son Eminence le cardinal et le président de l’ECC ont été reçus par le chef de l’Etat qui a accédé à leur demande d’apporter des modifications à ses ordonnances ».

« Une chose qui reste à voir si le président y reviendra après le camouflet lui infligeait » note un conseiller proche.

Dans leur refus de coordonner au quotidien la gestion du Fonds de lutte contre le Covid-19, les chefs religieux souhaiteraient plutôt diriger le Conseil consultatif dont ils auraient obtenu de la part de Félix Tshisekedi une future incorporation dans l’ordonnance révisée et créant le FNSCC :« C’est pourquoi, le samedi 25 avril, le Vice-président de la CENCO et le Président de l’ECC ont sollicité un rendez-vous auprès du chef de l’Etat pour envisager la possibilité de modifier certaines dispositions de ses ordonnances n°20/018 du 06 avril et n°20/027 du 21 avril en y ajoutant un Conseil consultatif. Ce Conseil consultatif que le président et le vice-président de la plateforme des confessions religieuses acceptent de diriger fera régulièrement le suivi de la gestion du FNSCC et donnera ses avis au président de la République pour la bonne gestion des fonds et matériels récoltés » peut-on lire.

Ayant eux-mêmes poliment renoncé au service leur demandé en se mettant à l’abri d’on ne sait quoi, ils suggèrent : « Au niveau du Comité de gestion, les confessions religieuses pourront recommander au chef de l’État des techniciens crédibles et compétents qu’il pourrait nommer. Ceux-ci apporteront leur expertise sans engager les confessions religieuses».

Une situation qui met en colère un autre proche collaborateur à la présidence de la République sous couvert d’anonymat : « Ils sont les premiers à tout vouloir critiquer lorsque les choses semblent ne pas bien marcher. Mais lorsqu’on leur donne des responsabilités, ils se dérobent au nom de leur religiosité. Et comme le chef de l’Etat ne peut pas s’exprimer sur cette affaire, je dis clairement qu’ils se sont carrément moqué de sa tête ».

Et de poursuivre dépiter : « Ils devront à jamais se taire ces « princes » de l’église en s’occupant de la parole de Dieu que de s’immiscer dans les choses politiques pour lesquelles ils ne sont pas près d’apporter la contribution que l’on attendait d’eux car on peut vouloir à la fois une chose et son contraire ».

Un feuilleton à suivre…

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

print

Partagez