home Angola, Politique, Société ANGOLA : Libération de José Filomeno dos Santos, un signe du début de normalisation des rapports entre João Lourenço et José Eduardo dos Santos ?

ANGOLA : Libération de José Filomeno dos Santos, un signe du début de normalisation des rapports entre João Lourenço et José Eduardo dos Santos ?

L’arrestation puis l’inculpation et l’incarcération de José Filomeno dos Santos dit « Zenu » avaient créé un climat de tension entre le président João Lourenço et la famille de José Eduardo dos Santos. Par médias interposés, le président de la République et la famille José Eduardo dos Santos se sont livrés à une véritable guerre d’interviews faisant le régal de la presse angolaise.

Tout a commencé avec l’ex -président qui accusait ouvertement son poulain d’avoir fait disparaître de l’actif de la comptabilité de l’État angolais une colossale somme de 5 milliards de dollars US.

João Lourenço qui faisait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, n’a pas hésité à proclamer qu’il ne reculerait pas d’un seul pas dans son combat contre « les guêpes ». Dans l’expression du président de la République, les « guêpes », symboliseraient désormais José Eduardo dos Santos, sa famille et ses collaborateurs.

Si José Eduardo dos Santos a été le premier à donner le ton à cette partie de « ping-pong » verbal l’opposant à son dauphin, « Zé Dû » est vite rentré dans le silence passant le flambeau à sa fille Welwitcha dos Santos. La jeune député Mpla, « Tchizé » comme elle aime se faire appeler, s’était désormais dressée comme une opposante farouche contre le système de gouvernance de João Lourenço.

Pendant les 5 mois que son frère Filomeno Zenu a passé en détention, Welwitcha Tchizé n’a pas ménagé João Lourenço. Licenciée en sciences de communication d’une université londonienne, Tchizé n’a jamais hésité à recadrer les déclarations du chef de l’État. Fondatrice et gestionnaire de la seconde chaîne de télévision angolaise Tpa 2, Tchizé aura été la première victime de l’opération « Transparência ».

La chaîne de télévision appartement à la jeune député a été nationalisée suite à une ordonnance présidentielle. Tchizé n’a jamais digéré la perte de cet outil qui lui procurait l’admiration et la sympathie de la part de la jeunesse angolaise, à cause de l’impact de cette chaîne de télévision spécialisée dans le divertissement. Ajouter à cela l’arrestation de son frère « Zenu », Welwitcha, bien que député du parti MPLA que dirige João Lourenço ; s’illustrait déjà comme une marginale. Tchizé avec ses allures athlétiques n’hésitait pas à hausser les épaules quand elle qualifiait « d’incompétent » le successeur de son père.

Dans des interviews, João Lourenço lançait des boutades du genre « je n’ai peur de personne. Qu’il soit fils ou fille de je ne sais qui… j’affronterai ». Pour Welwitcha dos Santos, « le président de la République a un problème personnel à régler avec la famille José Eduardo dos Santos ».

Pendant que les quolibets entre João Lourenço et Welwitcha dos Santos alimentaient la chronique dans les salons huppés de Mutamba et Talatona, la libération de Zenu Filomeno surprend. Les attaques multipliées de Tchizé, que certains avaient surnommé « la mère des lamentations », contre João Lourenço ont cessé depuis deux semaines. Y aurait-il certainement eu un arrangement entre João Lourenço et les Dos Santos pour sauver le MPLA, un parti aujourd’hui divisé entre deux camps diamétralement opposés : les Lourencistes contre les Eduardistes.

L’opération « Transparência » a provoqué sur place au pays une dépréciation flagrante de la monnaie nationale avec comme conséquence la flambée vertigineuse des prix des biens de première nécessité. La tension populaire qui a fait éclater les émeutes du quartier Rocha Pinto, suite à la  mort d’une vendeuse ambulante cruellement abattue par un policier sur le trottoir aura servi de signal d’alerte pour  le pouvoir. Et João Lourenço aurait perçu  le risque de mener un combat sur des fronts multiples.  Il veut donc opter pour l’unité du MPLA pour affronter la bataille économique.

Mais certains observateurs de la vie politique angolaise voient déjà dans la libération de « Zenu » une faiblesse du système judiciaire angolais qui souffre encore d’une dépendance vis-à-vis du politique comme partout ailleurs dans cette Afrique en perpétuelle recherche.

João Figuereido Manuel

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