home Politique, RD Congo, Société RDC : Face à la population, Félix Tshisekedi et son « Programme d’Urgence des 100 jours »

RDC : Face à la population, Félix Tshisekedi et son « Programme d’Urgence des 100 jours »

Alors qu’il n’avait qu’un mois à la tête du pays depuis sa prestation de serment du 24 janvier 2019 et qu’on lui réclamait tout immédiatement, le nouveau chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi n’a pas eu de temps de grâce.

Les soubresauts du quotidien avec les multiples grèves, les manifestations en tout genre, la réclamation d’impayés des salaires ne lui ont pas permis de mettre sur pied le début de sa gouvernance ; au point qu’il devait décider en urgence pour trouver une solution rapide à certains problèmes.

Dès l’entame de son deuxième mois de pouvoir ce 02 mars 2019, c’est dans sa base de Limete à l’Esplanade de L’Echangeur qu’il a fait une présentation magistrale de son « Programme d’urgence, Les 100 Premiers jours » devant les membres du gouvernement sortant et autres responsables des institutions du pays.

Un tour d’horizon de la situation sécuritaire, politique, sociale étant fait et des promesses pour un mieux-être de la population. Les grands axes étant la sécurité, la justice, les infrastructures et voies de communication, l’agriculture, l’éducation, l’habitat, l’énergie (eau et électricité), l’emploi, la décrispation politique tant attendue…

Tout un symbolique de cet exercice face-à-face en s’exprimant devant le peuple dans sa base de Limete, on a senti chez le nouveau chef de l’Etat ce désir d’imprimer une nouvelle gouvernance faite de redevabilité et de lisibilité de l’action. Mais aussi et surtout une recherche de communion et d’implication dotée de responsabilisation de la population autour des actions à entreprendre pour le bien-être de tous.

Financé sur fond propre à hauteur de près de 304 millions de dollars américains, ce programme sera alimenté respectivement le Trésor public pour 206 millions de dollars USD, le Fond de promotion de l’industrie (FPI) pour 70 millions et le Fonds national d’entretien routier (Foner) à raison de 23 millions de dollars.

Un confrère analyste de la politique constate : « Félix en digne héritier du Sphinx de Limete a appliqué une des leçons apprises de son père. Ne parler qu’à bon escient. Il a enregistré les doléances du peuple, les a sériées et propose un début de solution. Cette dernière passe par le leitmotiv laissé par feu Étienne Tshisekedi « prenez-vous en charge ». En dégageant des sommes sur fonds propres, le président est dans cette droite ligne ».

Et de poursuivre : « D’autre part, il a compris le reproche fait au président sortant qui ne s’exprimait pas face au peuple. Il use de ce souci de communication réclamé par la Nation. À la différence avec le maître du MPR, il apporte un bilan chiffré de ce qui doit être réalisé et chose nouvelle en RDCongo, il associe le peuple à la surveillance de l’avancement de ce qui doit soulager le quotidien du peuple. Fort de sa prérogative de sentinelle de l’action gouvernementale, ce dernier a aussi réclamé un assainissement de la classe politique et une mise à l’écart de ceux qu’il considère comme des artisans de son malheur. La dynamique Fatshi est en marche et tous ceux qui se sont moqués de lui à Genève parce qu’il avait écouté la base vont devoir changer de stratégie sinon ils apparaîtront clairement comme de réels obstacles à la transformation de la RDCongo. Les jours et les mois à venir seront riches en rebondissements ».

Libération des prisonniers politiques et retour rapide des exilés forcés

Violemment critiqué pour une « présumée » inertie par rapport à ses promesses de campagne, le chef de l’Etat a promis sa grâce pour les prisonniers politiques dans la dizaine : « Pour consolider les acquis de la démocratie dans notre pays, j’ai décidé de faire de la décrispation un objectif majeur pendant les cent premiers jours de mon mandat.À cet effet, dans les dix jours, je vais prendre une mesure de grâce présidentielle au bénéfice des prisonniers politiques ayant été condamnés par des décisions coulées en force de choses jugées », a annoncé le chef de l’État.

Un souhait pour le retour des exilés forcés : « Dans le même ordre d’idée, je vais œuvrer activement à créer les conditions d’un retour rapide des compatriotes qui se trouvent actuellement à l’extérieur du pays pour des raisons politiques afin qu’ils y exercent leurs activités dans le respect de la loi et des institutions républicaines », a-t-il ajouté.

De ce fait, le ministre sortant de la Justice a été instruit « de prendre dans le même délai toutes les mesures nécessaires, dans les conditions prévues par la loi, pour une libération conditionnelle de toutes les personnes détenues pour des délits d’opinion, notamment dans le cadre des manifestations politiques avant les élections du 30 décembre dernier ».

Du secteur même de la justice décrié pour son inféodation au régime en place dans le passé, Félix Tshisekedi a promis de « veiller à ce que la justice soit administrée par des personnes intègres et aux valeurs morales irréprochables, disposées à lutter contre la corruption dans le pays ».

L’économie avec l’important secteur des mines n’a pas été en reste : « Nous allons assainir le climat des affaires par la vulgarisation du nouveau code minier et dans la conclusion des contrats miniers gagnant-gagnant. Je serai attentif aux doléances des opérateurs miniers et autres secteurs à travers un dialogue permanent », a-t-il promis.

Pour terminer, le nouveau président de la République a appelé ses concitoyens « au changement de mentalité notamment par le respect de la vie humaine, des droits et libertés pour tous » et les a responsabilisés à faire le suivi de son programme.

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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