home Politique, RD Congo, Société NOUVELLE PRÉSIDENCE EN RDC : Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, le « Jour J »

NOUVELLE PRÉSIDENCE EN RDC : Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, le « Jour J »

C’est en personne que le nouveau président de la République élu Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi a inspecté nuitamment les préparatifs de la cérémonie de son investiture et sa prestation de serment de ce matin  du jeudi 24 janvier 2019 au Palais de la Nation de Kinshasa.

Au même moment, son prédécesseur Joseph Kabila s’adressait au pays sur les antennes de la radiotélévision nationales dans un ultime message d’adieu plein d’une autosatisfaction personnelle et sans démesure. De ses presque 18 ans à la tête du pays, le président sortant n’en aura retenu que les choses qui l’encensent.

La cérémonie protocolaire devant la Cour constitutionnelle a eu lieu comme prévue, le président de la Cour Benoît Lwamba prenant acte de la prestation de serment ; Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi officiellement le 5ème président de la RDC à 14h17’.

Comme un défis par rapport à l’immense tâche qui l’attend, la base de L’UDPS son parti lui lance un appel en chanson : « Felix, kobosana te! Papa alobaki : le peuple d’abord = Félix, ne l’oublie pas! Papa a dit : le peuple d’abord ». Allusion fait au slogan de son père, Étienne Tshisekedi d’heureuse mémoire lors de sa campagne présidentielle de 2011.

Kabila sans barbe ni cheveux… et l’image dit tout !

Malgré une campagne intense parfois menée de loin, pas moins de 17 Etats africains et des ambassadeurs occidentaux avaient sollicités à assister à cette fête populaire. Ainsi sont cités les pays suivant : Tanzanie, Centrafrique, Angola, Burundi et Soudan du Sud pour les pays voisins directs ainsi que l’Egypte qui prend bientôt la tête de l’Union africaine le 11 février prochain. L’Afrique de l’Est et Australe ne sont pas en reste : Kenya, Namibie, Zimbabwe, Malawi, Afrique du Sud ; auxquels s’ajoutent l’Ethiopie, le Soudan, la Sierra Leone, Haïti, le Maroc et la Côte d’Ivoire.

Uhuru Kenyatta du Kenya étant le seul chef de l’Etat présent, les autres pays étant représentés par des vice-présidents, des ministres des Affaires Étrangères ou des ambassadeurs. Un invité inattendu et insolite pourtant, le togolais Edem Kodjo dont les congolais se souviennent pourtant.

A lire aussi : RDC : L’Investiture du nouveau président de la République Félix Tshilombo Tshisekedi se fera au Palais de la Nation https://www.afriwave.com/2019/01/23/rdc-linvestiture-du-nouveau-president-de-la-republique-felix-tshilombo-tshisekedi-se-fera-au-palais-de-la-nation/

Des absents et non de moindre à l’instar de ces autres voisins directs comme la Zambie  dont le communiqué du président Edgar Lungu demandant un recomptage des voix de la présidentielle n’avait pas été apprécié par Kinshasa. Mais aussi l’Ouganda de Yoweri Kaguta Museveni et surtout le Rwanda, dont le président Paul Kagame avait cru bon de donner une leçon de probité démocratique en initiant un appel de l’Union africaine qui évoquait « des doutes sérieux » sur les résultats de l’élection.

La Cour constitutionnelle ayant courcircuité son voyage annoncé à Kinshasa par la confirmation de la victoire de l’opposant Tshisekedi,  l’homme fort de Kigali termine un camouflet son mandat à la tête de l’Union Africaine. L’autre Congo d’en face, le président Sassou N’Guesso ayant préféré se faire représenter par son ministre des Affaires étrangères.

D’autres anciens candidats présents

Pour cette cérémonie d’investiture, certains candidats malheureux de la présidentielle 2018 sont aperçus parmi les invités au Palais de la nation comme pour manifester de leur soutien au 5ème et nouveau Président élu.

Ce sont Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin du Président sortant et classé 3ème selon les résultats de la CENI, Samy Badibanga Ntita, ancien premier ministre honoraire ; Seth Kikuni, Marie-José Ifoku et Noël Tshiani Muadiamvita. Mais aussi son allié et ancien Directeur de campagne qui s’était retiré à son profit dans la course, Vital Kamerhe.

Une succession « civilisée » et pacifique

Quoi qu’on en dise, c’est une journée historique dans les annales du pays avec une succession pacifique du pouvoir depuis l’indépendance du pays dans le lieu même où elle fut proclamée entre un chef de l’Etat sortant qui passe le pouvoir à un chef de l’Etat entrant.

L’on se rappellera qu’à l’indépendance en 1960, les rivalités entre le président Joseph Kasa-Vubu et son Premier ministre Patrice Lumumba avaient plongé le pays dans le chaos trois mois juste après sa souveraineté internationale. Un an plus tard, le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba et ses compagnons Joseph Okito et Maurice Mpolo sont assassinés. Le colonel Joseph Désiré Mobutu qui avait joué un rôle clé dans cet assassinat en profitera  pour prendre le pouvoir par un coup d’Etat  militaire le matin du 24 novembre 1965.

Trente-deux ans plus tard, Mobutu est à son tour renversé le 17 mai 1997 par une rébellion armée  initiée depuis l’Ouganda mais surtout au Rwanda à la tête de laquelle un certain Laurent-Désiré Kabila, le père du président sortant Joseph Kabila (sic !). Laurent Désiré Kabila assassiné le 16 janvier 2001 avec la complicité de ceux qui l’avait soutenu se fait succédé par Joseph Kabila dix jours plus tard, le 26 janvier 2001 alors qu’il n’avait que 29 ans.

Elu en 2006 lors des premières élections libres du pays depuis l’indépendance et réélu en 2011, Kabila ne pouvait rempiler ; atteint par la limite des deux mandats constitutionnels. En 2018, c’est Félix Tshisekedi ; le fils de l’opposant légendaire feu Etienne Tshisekedi qui l’emporte malgré les contestations. La passation de pouvoir entre Kabila le fils Tshisekedi  marquant un tournant majeur dans l’histoire politique du pays : « La première passation de pouvoir  civilisée », selon les mots du président sortant.

Roger DIKU (BRUXELLES) et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi (Kinshasa)

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