C’est le jour même du lancement de la campagne officielle pour le triple scrutin législatif, présidentiel et provincial du 23 décembre 2018 qu’avait choisi Martin Fayulu Madidi pour son retour au pays. Ce dernier intervenant après sa désignation comme « candidat commun » à la présidentielle pour le compte des 5 opposants réunis à Genève en Suisse du 09 au 11 novembre 2018.
Malgré l’appel à la mobilisation de la population par des responsables de la coalition Lamuka (Réveilles-toi) depuis l’extérieur du pays, ce fut plutôt un ciel nuageux et quelques milliers des militants qui ont accueilli le candidat président commun d’une partie de l’opposition. Le présage d’une campagne électorale qui ne s’annonce pas aussi sereine malgré les apparences, surtout avec cette affluence somme toute autant faible que les espérances affichées pour un élu et natif de la capitale.
Accompagné depuis Bruxelles vers Kinshasa par Adolphe Muzito (Envol), accueilli par Freddy Matungulu (Congo Na Biso), Eve Bazaiba (MLC) et José Endundo d’Ensemble pour le Changement de Katumbi ; c’est sous escorte de la police et quelques tirs des bombes lacrymogènes à la clé qu’il faut condamné que Fayulu a été accompagné de l’aéroport de la N’Djili jusqu’à l’Esplanade du Boulevard Triomphal à côté du Stade des Martyrs pour un mini meeting improvisé a été tenue.
Quelques réactions…
Comme pour se convaincre eux-mêmes à défaut de leurs militants réunis, les responsables politiques de la coalition Lamuka présents ont tour à tour pris la parole pour s’adresser à une foule évaluée à près de 2.800 personnes par la police urbaine de Kinshasa, 5.000 selon Jackie Ndala ; un responsable des jeunes d’Ensemble de Katumbi.
Pour rassurer les militants toujours dubitatifs de ce qui s’est passé à Genève, quelques imprécations sans grande conviction ni persuasion pourtant. Eve Bazaiba du MLC en premier : « Vous voulez voir Bemba, Fayulu est là ; notre candidat unique. Vous nous avez demandé de choisir un candidat commun, et nous l’avons fait. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest et au Centre ; nous n’avons qu’un seul candidat qui s’appelle Martin Fayulu » a-t-elle clamé.
De son côté, Freddy Matungulu a estimé à l’endroit des militants que Martin Fayulu « incarne l’unité de l’opposition car étant la réponse à vos exigences » ; une raison de « tous voter pour lui. Des erreurs ayant été commises en 2006 et 2011, cette fois-ci il n’en faudra pas. Fayulu est censé diriger le pays après les élections du 23 décembre sans machine à voter ».
Comme pour attiser toujours cette « polémique », Adolphe Muzito devant la foule a « accusé la base » d’être à l’origine de la division entre les 7 de l’opposition, ayant désigné Martin Fayulu comme candidat commun de l’opposition à Genève en Suisse : « La trahison est venue de vous, qui êtes de la base. De notre côté, nous avons choisi notre candidat parmi les sept comme convenu avec vous. C’est vous qui nous avez divisé. Cherchez à trouver un compromis puisqu’en ce qui nous concerne, nous avons déjà fait notre choix. Il est le candidat commun de sept leaders de l’opposition, et devient le candidat unique de l’opposition. Tout se retrouve à présent entre vos mains, préparons cette élection que nous voulons bonne, sans fichier corrompu et sans machine à voter que nous gagnerons ».
Jouant surement à l’autisme comme les 5 autres personnalités restant dans la coalition Lamuka, Muzito devenu opposant par l’opportunisme que l’on sait a oublié de souligner le rôle combien néfaste il aurait joué dans la division des opposants qu’on lui attribuerait. En lieu et place d’accuser les autres au travers des messages subliminaux, il aurait été aisé que chacun dise en quoi il a été responsable dans l’échec d’aujourd’hui.
Prenant à son tour la parole, le candidat Fayulu avait préféré remercier Dieu et les congolais, promettant un meeting dans les jours à venir alors que la foule réclamait de savoir qu’est-ce qui s’était réellement passé à Genève et où se trouve Félix Tshisekedi ?
Qu’on tente de se le cacher ou non, l’opposition congolaise infiltrée et minée; pour des raisons politico-tribalistes a sillé la branche de l’unité sur laquelle elle était assise, ouvrant ainsi un boulevard triomphal au régime pour des années encore d’un leadership incompétent et de gabegie. En attendant, il ne reste plus aux congolais à démocratiser que leurs yeux pour pleurer.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi