home Analyses, Politique, RD Congo, Société RDC-PRÉSIDENTIELLE 2018 : L’After meeting trompe l’œil réussi du FCC au Stade Tata Raphaël

RDC-PRÉSIDENTIELLE 2018 : L’After meeting trompe l’œil réussi du FCC au Stade Tata Raphaël

Malgré le coté faste de son meeting de présentation du candidat pour le FCC (Front Commun pour le Congo) hier samedi 27 octobre 2018 dans un Stade Tata Raphaël comble, rien de nouveau le soleil de Dieu, le Congo s’est réveillé sur ses réalités du quotidien sauf ces images  insolites d’après le semblant de réussite qui resteront.

A côté des membres de la famille avec la sœur jumelle Jaynet et le frère Zoe Muanzambala, les ministres du gouvernement et gouverneurs venus spécialement de l’intérieur du pays étaient nombreux pour afficher leur soutien au candidat choisi par Joseph Kabila.

Un moment tristesse tout de même, preuve de la réalité de tournure de casaque politique ; cette prise de parole de Bruno Tshibala, ex-opposant de 36 ans et premier ministre de Kabila lorsqu’il lance : « Voici notre candidat, Emmanuel Ramazani Shadary » dans un stade préalablement rempli des drapeaux avant l’arrivée du publique.

Savourant peut-être son heure venue tout en restant plus que réservé, l’homme du jour Shadary déclame : « Je suis le candidat de Joseph Kabila. Derrière lui, nous allons poursuivre le travail de la reconstruction du pays. Le 23 décembre 2018, il y aura élections, que personne ne vous parle de report. On n’est pas encore en campagne mais le raïs (Kabila) vous a désigné une personne, c’est Emmanuel Ramazani Shadary. Nous voulons la machine à voter», avant que le mot d’ordre ne soit repris en chœur par la foule.

Le dauphin choisi a fait ces déclarations sous le regard tout à la fois médusé mais aussi interrogatoire sur un avenir incertain et pas sûr de tous ce que compte comme cadres la majorité présidentielle avec ses nouveaux amis, les ex-opposants devenus accompagnateurs en qualité des membres du gouvernement. Surtout lorsqu’on sait que Kinshasa, la capitale frondeuse; n’a jamais porté dans son cœur ni ce régime comme ses prédécesseurs sous Mobutu ou encore Laurent-Désiré Kabila.

Lire aussi : PRESIDENTIELLE 2018 : Malgré le soutient réaffirmé, les jeux ne sont pas faits pour Shadary ! https://www.afriwave.com/2018/10/10/presidentielle-2018-malgre-le-soutient-reaffirme-les-jeux-ne-sont-pas-faits-pour-shadary/

Des images insolites pourtant

Plusieurs images auront marqué cette journée : d’abord cette présence policière discrète par rapport à celle de la veille, lors d’une manifestation de l’opposition réclamant à la CENI l’abandon des machines à voter lors des prochaines élections non prévue ni dans la loi électorale actuelle, encore moins dans la constitution que tous disent respecter ou vouloir le faire.

De fabrication sud-coréenne par l’entreprise Miru Systems, ces machines sont censés faciliter aux électeurs le choix de leurs candidats et d’imprimer les bulletins de vote, réduisant ainsi le temps des opérations selon la CENI. L’opposition estimant pour sa part que ces écrans tactiles vont plutôt favoriser la fraude.

Il y a eu aussi ce carnaval des véhicules circulant sur les artères des communes avoisinant le stade, diffusant cette musique à tue-tête à la gloire de Kabila et de Ramazani Shadary : « Que nous dormions, ou que nous nous réveillions, nous pensons à Kabila, nous pensons à Shadary » pouvait-on entendre.

Un historien contemplateur   

L’image de ce « grand »  professeur d’université vieillissant comme il se présente presque, hébété debout dans une foule surchauffée parmi les anonymes. Lui c’est Elikya Mbokolo, l’historien de renom qui avait défrayé la chronique il y a quelques mois passés en annonçant son adhésion au FCC avec des critiques acerbes contre les opposants.

A moins d’un choix personnel de se retrouver dans la foule parmi le peuple mais tout de même comme en mode « reconnaissance de lieu » avec pose selfie pour certaine personne, l’on s’est posé la question de savoir si honnêtement Elikya Mbokolo; l’homme qui « a donné trois enfants au Congo » se regarde chaque matin dans son miroir en se posant la question du choix fait par lui. Et ce à la lumière de son rang dont il s’est toujours fendu ou celui qu’il avait dans les têtes des congolais moyens.

L’autre image est celle de ces bagarres filmées dans les bars et à l’extérieur entre des groupes des filles comme des garçons pour se partager le butin promis pour l’assistance au meeting.

 

Acheminés tôt le matin par des centaines à bord des bus Transco réquisitionnés, de taxis, taxis-bus et autres motos-taxis prépayés et mises à disposition qui les ont déposés sur les artères conduisant au stade Tata Raphaël; les jeunes ont fini par déchanter avant de chanter « Nous étions venu pour l’argent promis, mais nous ne voterons pas pour eux ».

Un spécialiste de communication reconnu dans le milieu Kinois écrit et enseignant en journalisme sur son mur Facebook : « De dix mille francs congolais promis, l’on est tombé à trois milles après la manif ! L’écart est alors comblé par des directs de gauche, de droite, des crochets et autres uppercuts, sur fond d’une inflation de « recreativo » ! Ainsi, le mode « coup sur coup » [reconnu à Shadary NDLR] a été observé… ».

Pour justifier cet état de chose ubuesque, un ministre ex-opposant devenu accompagnateur du régime explique :

Le dernier constat est cette fâcherie avec des chiffres avec laquelle la police de Kinshasa s’est de nouveau distinguée après avoir évalué les marcheurs de l’opposition de la veille à peine 4000 manifestants alors que ceux du FCC étaient estimés à 180.000 personnes pour un stade qui ne peut en contenir que 45 à 50.000 maximum.

Ce qu’il faut dire qu’au-delà des murs d’enceinte du stade, il y avait au moins entre 120 à 130.000 personnes dehors sans que le débordement de cette foule compacte ne soit visible à la Place Victoire en plein cœur de Matonge !

Pour rappel, un triple scrutin législatif, présidentielle provinciale est prévue le 23 décembre 2018 s’il a lieu après avoir été reportées en 2016 puis en 2017. La campagne électorale officielle pour les différentes élections se tiendra du 22 novembre au 21 décembre 2018 prochains.

Si la présidentielle doit désigner le successeur de Kabila, resté dix-huit ans au pouvoir, il ne pouvait plus constitutionnellement se représenter. Et pour dauphin, il s’est choisi août dernier son ex-ministre de l’Intérieur, Ramazani Shadary comme candidat du FCC, une coalition qu’il s’est taillée sur mesure et mise en place en juin 2018.

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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