home Politique, RD Congo, Société RDC : Lorsque les francs-maçons congolais se dévoilent et embarrassent le Dr Dénis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018

RDC : Lorsque les francs-maçons congolais se dévoilent et embarrassent le Dr Dénis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018

C’est un fait plus que rarissime à moins d’en être un membre initié ou en voie de l’être que « les frères » des loges, des ordres et autres mouvements ésotériques prennent le risque de se faire connaître au grand jour et du grand public. C’est pourtant ce qui s’est passé  pour deux des « grands maîtres » de la confrérie congolaise des francs-maçons au travers d’un courrier de félicitation censé être privé mais qui a fuité dans la presse daté du 19 octobre 2018 et adressé par mail au Prix Nobel de la Paix 2018, le Dr Denis Mukwege.

En effet l’un, Kitenge Yesu ou Yezu selon ; plusieurs fois ministre sous Mobutu depuis le début des années 1990 jusqu’à sa chute en 1997 et son exil à Bruxelles et grand maître de la Grande Loge nationale du Congo, du rite ancien et primitif de Memphis-Misraïm. Et l’autre n’étant que Me Bernard-Claude Mbu Ne Letang, ancien sénateur et avocat près la Cour suprême de justice de la RDC et membre de la Grande Loge de France, passé par l’ex-Grand Orient du Zaïre, rebaptisé depuis Grand Orient du Congo. Les deux « frères » appartenant à deux obédiences différentes se sont donc unis pour adresser leurs félicitations à l’heureux promu.

Pour eux, la différence entre obédiences « finit par être des barrières démobilisatrices pour le pays ». Dans leur courrier embarrassant on peut lire : « Cela fait honneur non seulement à vous mais, avec vous, à tout le peuple congolais. Il fait également la fierté de toute institutions qui œuvrent à la promotion des valeurs humanistes, tel est le cas de la franc-maçonnerie » en exprimant les « sincères félicitations » des francs-maçons.

Denis Mukwege, aussi un franc-maçon ?

La lettre des deux « frères » est-elle un appel de pied pour un recrutement ou une confirmation de l’appartenance de « L’Homme qui répare les femmes » à la confrérie ? Même s’ils s’en défendent, des indices concrets se dessinent pour le Dr Denis Mukwege. L’homme a fait une partie ses études en spécialisation gynécologie-obstétrique à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) qui passe être une université par excellence des francs-maçons. Un auditoire de cette prestigieuse université vient d’être débaptisé en son nom…

Deuxièmement, certaines personnalités belge et française ayant pris Denis Mukwege sous leur aile sont des francs-maçons confirmés et qui ne s’en cachent pas à l’instar de l’ancien conseiller de François Mitterrand Jacques Attali. Mais aussi de l’ancien ministre des Affaires Etrangères aujourd’hui eurodéputé belge Louis Michel.

Si l’entourage du Dr Mukwege trouve « indécent » et comme de la « provocation » qu’il faut vite oublier la « marque de sympathie » des francs-maçons congolais pour « donner une fausse image » de leur champion, rien d’étonnant. Surtout que les loges, ordres et mouvements ésotériques restent très mal vus au sein de l’opinion publique congolaise ; dans un pays profondément chrétien et que Mukwege lui-même est un prédicateur.

Se disant appartenir à « un ordre initiatique traditionnel et universel, apolitique, sans distinction de races ni de religions, fondée sur les valeurs de fraternité, de liberté et d’égalité de tous les êtres humains », les maçons congolais pour justifier leur acte ajoutent tout de même que « Sans être franc-maçon Denis Mukwege vient ainsi de rejoindre le cercle restreint d’illustres Africains qui ont défendu des causes nobles, comme Nelson Mandela, Desmond Tutu, Ellen Johnson Sirleaf, Kofi Annan, Frederik de Klerck, dont certains ont été membres de [la franc-maçonnerie] ». Mukwege étant de ceux qui « défendent les valeurs humanistes, même s’ils ne sont pas francs-maçons » affirment Kitenge Yezu et Mbu Ne Letang.

De la Rose-Croix à la franc-maçonnerie…

Le parcours mystique de Kitenge Yezu, « l’homme qui avait mangé la tomate et la salade avant l’indépendance » ne date pas d’aujourd’hui. En 1990 après le discours de Mobutu du 24 avril, Kitenge Yezu est co-fondateur du Front Commun des Nationalistes (FCN), parti politique se réclamant de l’opposition mais en réalité une création de Mobutu qu’il rejoindra quelque temps après avec Kamanda Wa Kamanda et Mandungu Bula Nyati.

A l’issu d’un passage à l’opposition radicale de Limete au sein de l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale (Usoral) avec l’UDPS et la trahison de Jean Nguz Karl i Bond, Kitenge Yezu est nommé ministre de l’Information. Au soir de son installation dans la Tour de Lingwala après la prestation de serment devant Mobutu dans la journée, ce sont des rosicruciens qui l’accompagneront pour des cérémonies dans son futur bureau dont feu Kazumba Luaula, ancien Inspecteur des Finances et un éditeur de presse bien connu de la place de Kinshasa aujourd’hui également décédé.

Comme personne ne s’en cache plus, les ordres et autres loges sont au grand jour dans le Congo d’aujourd’hui. Nombres des responsables gouvernementaux et autres grandes sociétés du pays y compris certains opposants étant tous « des frères », ce que le Journal UMOJA dénonçait déjà en 1990 dans son article dossier consacré à la « Prima Curia » qui régnait sur le Zaïre de Mobutu.

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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