home Diaspora, Politique, RD Congo, Société MONS-DIASPORA-RDC : Kalvin Soiresse Njall, « Patrice Émery Lumumba est un modèle politique pour l’éternité » !

MONS-DIASPORA-RDC : Kalvin Soiresse Njall, « Patrice Émery Lumumba est un modèle politique pour l’éternité » !

Il a cette « fausse » aire de ressemblance physique avec un visage proche de celle de Patrice Émery Lumumba dans sa jeunesse et dont il entretien du reste à s’y méprendre le look mais sans aucune filiation parentale avec lui en dehors de celle politique dont il se réclame. Lui c’est Kalvin Soiresse Njall… : membre du Collectif « Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations (CMCLD) » qui milite pour une stratégie globale de décolonisation.

De passage dans la ville de Mons pour la cérémonie de l’inauguration de la plaque commémorative en l’honneur de Patrice Émery Lumumba, Maurice Mpolo et Joseph Okito pour laquelle le collectif avait pris parole avec le chef de fil de l’opposition libérale Georges-Louis Bouchez, Kalvin Soiresse Njall est revenu sur l’événement au micro d’AFRIWAVE.COM.

ENTRETIEN

Une copie conforme physique de Patrice Émery Lumumba, existe-t-il une familiarité entre les deux ?

« Non, il n’y a pas de familiarité, s’il y a familiarité je parlerai de familiarité politique dans la mesure où Patrice Lumumba est pour moi un modèle politique ; le fait que nous nous ressemblions n’est qu’une coïncidence. Est-ce que dans le passé il y aurait eu des liens qui existeraient entre mon arrière-grand-mère ou ma grand-mère et Patrice Lumumba, je n’en sais absolument rien. Ce n’est qu’une ressemblance physique qui est fortuite, mais au niveau de la ressemblance politique, c’est absolument mon modèle et je m’en réclame et c’est pour cela que je me bats pour ses idées puissent s’imposer, …s’éparpiller dans la société non seulement ici (en Europe NDLR), mais aussi en Afrique ».

Quel sentiment par rapport à l’évènement du matin à Mons avec l’inauguration de la plaque en mémoire de Lumumba, Mpolo et Okito

« D’abord un sentiment de fierté parce que ça été un long combat. A Mémoire Coloniale, il faut savoir que ce ne pas seulement à Mons que nous avons travaillé sur ce dossier, à Bruxelles nous avons obtenu Le Square Lumumba, à Charleroi nous avons obtenu la rue Lumumba et Mons est la 3ème étape. C’est un sentiment de fierté qui nous anime, aujourd’hui nous sommes arrivés même si nous avons été déçus par le fait que cette inauguration ait lieu un dimanche avec des festivités qui se passent sur la Grand Place ; ça ne met pas en valeur le travail qui a été fait. Les associations ont bossé pendant des années pour que cela arrive avec la volonté de décoloniser les mentalités mais aussi de permettre aux africains d’être fiers d’eux-mêmes et de dire aux belges Lumumba c’est aussi votre histoire. La manière dont les relations entre la Belgique et l’Afrique se passe aujourd’hui doit être changé à la lumière des idées et de la philosophie politique de Patrice Lumumba, donc aujourd’hui c’est un travail de plusieurs années qui connait son couronnement. C’est une immense fierté d’avoir assisté à cette cérémonie d’inauguration ».

Une reconnaissance du devoir de mémoire mais aussi une réparation matérielle pour réparer les affres de la colonisation…

« Nous nous travaillons concrètement sur le terrain parce que beaucoup des gens parlent mais actuellement, nous avons travaillé et l’un de nos objectifs c’est le lobbying politique. Actuellement sur la table du parlement fédéral, il y a une résolution qui a été introduite par Ecolo-Groen et qui est soutenu par le PS (Parti Socialiste) et le PTB (Parti des Travailleurs de Belgique) visant à mettre en place une commission d’enquête sur les crimes coloniaux qui ont été commis au Congo, au Rwanda et au Burundi afin que comme pour les juifs ; il y ait un travail de fond qui soit fait et que les familles qui ont été lésées notamment la famille Lumumba, indépendamment de la plainte parce qu’il y a une plainte pénale de la famille en justice. Que ces familles-là soient reconnues d’abord, avoir accès aux archives pour connaitre l’entièreté de la vérité ; avoir accès aux différentes informations qui vont permettre de faire leur deuil parce qu’il faut dire aussi que la famille Lumumba (comme celles de Mpolo et Okito NDLR) n’a encore aucune partie du corps de Lumumba pour faire son deuil. On est à 58 ans depuis janvier 2018, le deuil n’a pas encore été fait ; ça c’est inacceptable et c’est la première réparation qui doit être faite. Maintenant en termes d’indemnisation, moi j’ai bien entendu la fille du ministre Maurice Mpolo et je suis tout à fait d’accord avec elle. Je pense que l’Etat belge doit prendre ses responsabilités comme l’Australie et le Canada ont pris les leurs (en demandant pardon aux autochtones des pays et territoires jadis colonisé) parce que si on veut changer le cours de l’Histoire au niveau des Relations internationales, il est fondamental que ces questions soient prises en charge. Mais aussi ici en Belgique si on veut qu’une vraie interculturalité naisse et qu’elle prenne forme, il faut que les enfants qui sont issus des parents venant de ces ex-colonies puissent voir que leur identité est prise en compte. Il est essentiel que ces réparations aient lieu, pour nous c’est très clair et c’est pour ça aussi que nous avons poussé Ecolo à initier cette résolution qui est sur la table. Ce parti (Ecolo) a connu une poussée, nous espérons que le bloc de gauche qui a signé cette résolution et qui est pour qu’elle voit jour avec cette commission d’enquête qui doit être composé des scientifiques africains et belges. Nous espérons qu’au régional et au fédéral avec ce bloc de gauche on va pouvoir avoir des bons résultats (aux prochaines élections de mai 2019), ce qui va donner une chance à cette résolution de voir une concrétisation parce que ce ne pas avec des partis comme la NVA ou le Vlams Belaang que nous allons mener à bien cette initiative ».

Une manifestation sans la présence d’aucun média belge

« Je l’ai dit ouvertement et clairement à Joëlle Kapompole et Samy Kayembe qui sont les représentants politiques d’origine africaine ici à Mons, pour moi c’est inacceptable que l’on nous choisisse un dimanche à 11h00’ ; date où les gens sont chez eux pour faire cette inauguration. Nous avons vu les inaugurations de Charleroi et de Bruxelles qui se sont passées autrement parce qu’il y a une autre vision politique. Le choix politique qui a été fait ici l’a été pour un dimanche alors qu’il y a d’autres festivités culturelles sur la Grand Place de Mons, ce qui déplace l’attention des gens. Ça été fait en catimini, mais c’est aussi une leçon pour nous pour l’avenir pour que nous puissions faire un peu plus des pressions politiques et de lobbying politique pour la prochaine fois afin que les choses puissent changer. Un dernier élément, on ne peut pas analyser ce fait là si on ne tient pas compte du contexte politique montois parce que on sait le combat des tranchées qu’il y a eu entre Georges-Louis Bouchez et le PS (Parti Socialiste), Georges-Louis Bouchez était celui que nous avons sollicité au départ pour initier une motion au conseil communal. Nous estimons que malheureusement nous avons pâti de cette guerre des tranchées qui existe entre les deux parties. Nous retenons le positif, l’inauguration de cette plaque ; ce ne pas fini, il a un travail qui doit être fait avec les écoles, dans l’espace public avec les mouvements sociaux. Nous allons continuer ici à Mons ce travail-là ».

Propos recueillis par Roger DIKU à Mons

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