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Massacres à Djugu dans l’Ituri : Hasard, coïncidence ou coup bien planifié ?

La question mérite d’être posée dès lors que ces massacres se perpètrent de manière répétitive. D’aucuns se demandent si c’est la prolongation des massacres de Beni, à plus ou moins 450 km de Djugu où ces massacres sont en train de prendre forme. Ce deuxième épisode des massacres de Djugu s’est produit au lendemain d’un message virulent que des Evêques de l’Assemblée Episcopale Provinciale de Kisangani venaient de rendre public le 1er mars 2018. Et dans la nuit du 2 au 3 mars, ce massacre massif s’est produit, dans la même entité pastorale. Hasard, coïncidence ou fruit d’une planification bien montée ?

« Ne répandez pas le sang ! », c’est le titre de ce message sec et clair car n’ayant pas besoin d’être interprété. Ce message est destiné aux auteurs de ces massacres et à tous ceux qui les soutiennent de n’importe quelle partie du pays ou de quelque niveau que ce soit. Les Evêques de Kisangani se sont réunis en session ordinaire du 26 février au 1er mars 2018 à Kisangani. AFRIWAVE.COM a accédé à une copie de ce message d’alerte.

Dans ce message, les Evêques déplorent les violences à grande échelle qui se commettent contre des communautés ciblées sur base d’appartenance ethnique en Ituri, avec des tueries, des incendies des maisons, des pillages, des destructions des habitations et des déplacements massifs de la population. « Ces violences couvrent la volonté cachée d’opposer les ethnies les unes contre les autres et semblent destinées à vider ces espaces de leurs habitants pour des intérêts inconnus », pointent les Princes de l’Eglise.

Les princes de l’Eglise se sont aussi préoccupés de la présence des groupes migrants étrangers armés, tels les Mbororo dans le Haut-Uélé et le Bas-Uélé, des soi-disant « Banyabwisha » (Bwisha est un groupement du territoire de Rutshuru à moins de 100km au Nord de Goma dans le Nord-Kivu) en Ituri. Ceux-ci se déplacent avec de grands troupeaux de bêtes, en quête de terres arables ou de pâturage. « Ces migrants s’installent et leur présence devient une menace permanente pour la population locale », poursuivent les membres de l’Assemblée Episcopale Provinciale de Kisangani.

Dans le même message, les Evêques de la Province Ecclésiastique de Kisangani mentionnent que des groupes armés locaux comme les Maï-Maï, les Simba, les éléments FRPI et étrangers comme la LRA et d’autres non autrement identifiés sèment la désolation au milieu de la population par le vol, le viol, le pillage et la tuerie.

Les Evêques disent aussi observer la présence massive des réfugiés centrafricains et sud-soudanais dans le Haut-Uélé, le Bas-Uélé et Ituri dont le nombre dépasse celui des familles d’accueil et des populations locales. « Dans notre rôle d’éclaireurs des consciences, de guetteurs et de prophètes, nous avons dénoncé avec fermeté l’ambiguïté expressément créée et entretenue autour    de l’identité des migrants et des acteurs de conflits qui ensanglantent notre Province ecclésiastique et jettent en émoi des populations entières dans certains milieux », rassurent les Princes de l’Eglise.

Le flou sur l’identité des massacreurs

En début du mois de février 2018, les premiers massacres se sont produits à Blukwa dans la collectivité des Bahema Nord du même territoire de Djugu. Environ vingt-trois civils ont péri dans ce au village situé à une centaine de kilomètres au nord de Bunia. Ces massacres ont été à la base des tensions entre les Hema et Lendu, deux grandes communautés de la place.

Des notables se sont exprimés au nom de deux communautés précisant que « ces massacres sont entretenus par des personnes non encore identifiés pour des fins qu’ils connaissent eux seuls ». L’Evêque de Bunia, Monseigneur Dieudonné URINGI, avait d’ailleurs demandé que « la thèse d’une haine interethnique soit mise de côté ». En d’autres termes, il y a bien d’autres personnes qui ne sont ni Hema ni Lendu qui commettent ces massacres. La société civile n’avait-elle pas déjà, en son temps parlé des migrants non autrement identifiés.

Le mode opératoire ressemble de très près à celui des ADF et leurs alliés…

Pour cette nouvelle violence, les assaillants ont opéré à l’aide des armes blanches pour abattre les victimes. Pacifique KETA, vice-gouverneur de l’Ituri avait indiqué que les assaillants ont contourné le dispositif sécuritaire. « Nous sommes en train d’analyser s’il n’y a pas une main noire derrière ça », avait-il affirmé à la presse.

Le Centre pour la Paix et les Droits de l’Homme (CEPADHO) avait aussi du coup réagi face à ce bain de sang. « Il est curieux de constater que le mode opératoire des assaillants ressemble de très près à celui des ADF et leurs alliés, quand bien même rien ne puisse prouver que ceux qui endeuillent actuellement le Territoire de DJUGU soient en lien avec ces Terroristes », écrit cette organisation de défense des droits de l’homme.

Le CEPADHO se félicite tout de même que les Communautés HEMA, LENDU et autres ne soient pas tombés dans le piège des massacreurs. A l’avis du CEPADHO, les meurtriers cherchent à tout prix à provoquer les unes contre les autres afin de cacher leur véritable identité, en justifiant d’une guerre ethnique.

Dans un communiqué rendu public ce samedi, le CEPADHO redoute une conspiration de la déstabilisation de l’Est de la RDC par des malintentionnés qui veulent partir de l’ITURI et de deux KIVU pour semer la confusion dans le pays.

Jack Katson Maliro

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