home Politique, RD Congo RDC : Gisèle Mandaila Malamba : « Se taire face à l’injustice c’est choisir le camp de l’oppresseur, nous avons opté pour le côté du peuple »

RDC : Gisèle Mandaila Malamba : « Se taire face à l’injustice c’est choisir le camp de l’oppresseur, nous avons opté pour le côté du peuple »

Elle l’une des figures visibles de la communauté des Elus et Mandataires belges d’origine congolaise en Belgique pour avoir siégé au sein du gouvernement fédéral dirigé par le premier ministre Guy Verhofstadt en qualité de Secrétaire d’Etat aux Affaires sociales et à la Santé publique. Cette ancienne Députée aujourd’hui Conseillère communale pour le compte du parti Démocrate Fédéraliste Indépendant (DéFI, anciennement Front des Francophones -FDF-) est également investie aux côtés de la communauté congolaise de Belgique dans son combat pour l’alternance dans son pays d’origine.

Après les deux marches de protestation contre le régime de Kinshasa par la communauté congolaise à Bruxelles auxquelles elle a pris part, AFRIWAVE.COM est allé à sa rencontre par une série des questions auxquelles elle a bien voulu répondre.

[INTERVIEW]

AFRIWAVE.COM : Vous aviez été à la coordination, mais aussi à l’initiative de cette action d’une lettre ouverte ainsi que du mémorandum l’accompagnant des Elus et Mandataires d’origine congolaise au gouvernement belge ; quelle en est votre motivation exacte ?

Gisèle Mandaila : « Permettez-moi de signaler que je ne suis pas à l’initiative de cette action. J’ai été interpeller par les prêtres d’origine congolaise officiant en Belgique face à la situation qui prévaut en RDC. Ceux-ci m’ont demandé de rassembler mes collègues politiques pour une interpellation ou une action commune des élus d’origine congolaises.  C’est ainsi que j’ai contacté mes collègues de tous les partis confondus et qu’ensemble nous avons initié cette action.  La motivation est simple. Face au non-respect de la Constitution, de l’Accord de la Saint-Sylvestre, des Droits de l’Homme et à la répression sanglante du régime de Monsieur KABILA, on ne peut rester silencieux. En tant que démocrates, il est de notre devoir de dénoncer cette barbarie et ses nombreuses violations.  Si l’on choisit de se taire face à l’injustice, c’est qu’on a choisi le camp de l’oppresseur. Nous nous sommes mis dans le camp du peuple ».

AFRIWAVE.COM : Qu’en attendez-vous alors en final ?

Gisèle Mandaila : « Ce que nous attendons au final, premièrement que Monsieur KABILA renonce au pouvoir comme la lui recommande la Constitution qu’il a lui-même promulguée à grand coup de publicité, qu’il cesse cette ambivalence qui commence à le caractériser. Deuxièmement que la communauté internationale cesse son hypocrisie et qu’elle prenne ses responsabilités comme elle le fait pour la Syrie, en sanctionnant fermement Monsieur KABILA et ses proches. Qu’elle soutienne les revendications du peuple congolais qui aspire à une alternance démocratique. Non pas en décembre 2018 mais maintenant car Monsieur KABILA a épuisé toutes les « chances » que le peuple lui a données.  Ces revendications passent entre autres par une Transition sans Monsieur KABILA pour des raisons que je viens d’évoquer ».

AFRIWAVE.COM : La situation de grave crise politique devenue institutionnelle que traverse la RDC avec le maintien de Kabila à la tête du pays alors que son 2ème et dernier mandat constitutionnel a expiré depuis le 19 décembre 2016 ne date pas d’aujourd’hui. Qu’est-ce le peuple congolais peut-il en attendre de l’implication des Elus et autres Mandataires belges d’origine congolaise ?

Gisèle Mandaila : « En tant que démocrates, nous allons continuer à faire pression auprès de nos partis, de nos différents gouvernements (en Belgique NDLR) et de nos collègues pour que la question de la RDC ne soit pas renvoyée aux calendes grecques.  Nous allons également accompagner la Société civile dans ses réflexions en vue d’une meilleure stratégie. Nous allons mettre notre expertise à leur service ».

AFRIWAVE.COM : On sait que les relations entre pays sont d’abord guidées par des intérêts économiques que des considérations de démocratie et de respect des Droits de l’Homme. Quels moyens et stratégies avez-vous pour convaincre dans les jours comme les mois à venir ?

Gisèle Mandaila : « Le dialogue. Il faut montrer à tous les interlocuteurs que nous allons rencontrer que c’est dans leur intérêt de suivre le désir du peuple congolais pour préserver à l’avenir et de manière durable leurs intérêts. Les congolais ne sont pas fermés à un partenariat win-win. Soutenir Monsieur KABILA aujourd’hui alors qu’il vit ses derniers moments en tant que président équivaudrait pour nos pays partenaires de la RDC à perdre ces intérêts au profit d’autres pays. Nous avons donc en tant que Nations à soutenir et à aider le peuple congolais qui veut que Mr KABILA quitte le pouvoir comme le dit la Constitution congolaise.  Demain étant un autre jour, nous aurons sûrement à négocier avec la RDC. Et connaissant ce peuple, ils n’oublieront pas ceux qui les ont soutenus dans des moments sombres de leur histoire ».

AFRIWAVE.COM :  Vous avez eu à rencontrer le président Joseph Kabila à certaines occasions alors que vous étiez membre du gouvernement belge. Quelle image avez-vous de l’homme et pensez-vous qu’il peut encore changer grâce à votre pression comme celle des autres pour respecter la constitution et quitter le pouvoir ?

Gisèle Mandaila : « A cette époque, j’avais en face de moi un homme à l’écoute. Fin stratège. Il a su vendre une image positive et j’y ai cru.  Avec le recul on s’est rendu compte qu’il nous a tous dupé. Il est pire que MOBUTU. C’est un vrai héritier de Machiavel. Aujourd’hui, son masque est tombé. Monsieur KABILA n’entend pas céder son siège.  Que du contraire, il veut à tout prix se maintenir au pouvoir et ce, tant pis s’il doit passer sur les corps des congolais (c’est ce qu’il fait du reste). C’est le quitte ou double. Les congolais ne doivent pas relâcher la pression surtout de l’intérieur. C’est le seul langage que Monsieur KABILA comprend.  Dans son entendement, les congolais sont des peureux et il est convaincu qu’ils ne tiendront pas longtemps. Ceux aux congolais de démontrer le contraire. Souvenez-vous, MOBUTU a usé de cette arme mais il a fini par partir. Il en fut de même au BURKINA FASSO.  C’est donc aux Congolais de prendre leur destin en main. C’est à eux de voir s’ils veulent vivre ou survivre car aujourd’hui ils ne vivent pas mais survivent.  Ils ont un challenge à relever tant sur le plan national qu’international pour entre autres redorer l’image du Congolais ».

AFRIWAVE.COM :  Secrétaire d’Etat au Ministère belge des Affaires sociales et de la Santé publique sous la bannière du FDF (Front Démocratique Francophone) aujourd’hui DéFi, composante du MR de l’époque, pourrirez-vous nous en dire un peu sur l’intégration de la communauté congolaise en Belgique ?

Gisèle Mandaila : « L’intégration des Congolais se passe plutôt bien. Depuis une dizaine d’années, les congolais se sont investis pour une installation durable. Certes, il demeure encore des problèmes : racisme, discrimination à l’embauche, au logement, etc. Mais la grande majorité des congolais qui travaillent sont propriétaires de leur bien.  On les retrouve dans toutes les professions : avocats, professeurs, médecins, artistes, footballeurs, musiciens, comédiens, infirmières, à la poste et y compris dans la fonction publique.  Toutefois, je regrette le manque d’investissement des congolais dans l’entrepreneuriat alors qu’il existe des nombreuses structures d’accompagnement à la création d’entreprise. De manière générale, on observe une évolution. Jadis les congolais n’avaient à l’esprit que le retour au pays.  Aujourd’hui le centre de gravité a changé.  On s’installe de manière durable.  Il demeure néanmoins quelques congolais récalcitrants qui ne s’intègrent pas et continuent avec des comportements qui ne valorisent pas la communauté. Cette attitude contribue à la stigmatisation de la communauté.  Fort heureusement c’est une minorité qui malheureusement est très nuisible pour notre image.  Nous travaillons jour après jour à améliorer cette image. L’INFORMATION est capitale ».

Propos recueillis par Roger DIKU / AFRIWAVE.COM à Bruxelles

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