home Politique, RD Congo, Société RDC : La CENCO répond à Kabila, « Les Évêques sont dans leur rôle prophétique d’annoncer et de dénoncer »

RDC : La CENCO répond à Kabila, « Les Évêques sont dans leur rôle prophétique d’annoncer et de dénoncer »

Face à la virulente attaque dont elle a fait l’objet hier au cours du point de presse de Joseph Kabila du vendredi 26 janvier 2018 à Kinshasa, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) n’a pas tardé de réagir au nom de l’Eglise catholique.

« Les Evêques sont dans leur rôle prophétique d’annoncer et de dénoncer » a répondu le SG de la CENCO, l’Abbé Donatien Nshole par media interposés : « Nous ne sommes pas là pour faire la politique politicienne, mais c’est la situation ; le sort du peuple de Dieu qui lui ait confié qui justifie son interférence (de l’Eglise ndlr) en politique paracerque c’est une façon de gouverner qui amène à la situation actuelle. Là c’est une mauvaise compréhension-lecture de la mission de l’Eglise de la part de tous ceux qui croient que les Evêques ont quitté leur mission pour faire de la politique. Ils sont (Evêques) dans leur mission prophétique, le prophète c’est celui qui annonce et qui dénonce ».

« Nulle part, dans la Bible, Jésus-Christ n’a jamais présidé une commission électorale » disait Joseph Kabila, un petit sourire au coin de la bouche en lançant une pique suite à la prise de position de l’Eglise catholique et son soutien soupçonné dans la fronde contre son pouvoir. Et ce, à travers les marches pacifiques des chrétiens réprimées dans le sang et qui ont fait des morts.

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Se référant aux paroles du Pape Emérite Benoit XVI selon lesquelles « l’Eglise doit être présente là où la population souffre », l’Abbé Nshole explique que l’Eglise a « L’obligation au contraire de prendre position, c’est le cas en RDC et c’est la crise socio-politique qui a accentué cette souffrance ; donc c’est tout à fait normal que les évêques travaillent pour la consolidation de la démocratie ».

Autre cible, le Comité Laïc de Coordination (CLC) qui n’a pas non plus été épargné par Kabila qui l’accuse de proposer un saut dans le vide : « S’il y a ceux qui pensent qu’ils sont intelligents, qu’ils ont des idées pour améliorer le processus, la porte est ouverte. Mais essayer de faire dérailler ce processus avec des propositions farfelues, cela est tout à fait inadmissible ». Aujourd’hui en clandestinité dans Kinshasa après le mandat d’arrêt délivré par le régime est lancé contre eux, les leaders du CLC n’ont pas non plus tardé à réagir : « Nous irons jusqu’au bout pour notre dignité et notre humanité à tous » répondent-ils.

Entre autres revendications du CLC se trouvent pourtant les recommandations contenues dans l’Accord Politique Global et Inclusif de la Saint-Sylvestre signé par la majorité au pouvoir et son opposition le 31 décembre 2016 sous l’égide des Evêques. Parmi celles-ci une demande expresse au président de la République de faire une déclaration publique comme quoi il ne sera pas candidat à sa propre succession, l’application de toutes les mesures de décrispation politique avec la libération sans condition de tous les détenus politiques, ou encore la fin de l’exil des opposants menacés d’arrestation à leur retour dans le pays ; des questions sur lesquelles Joseph Kabila est une nouvelle fois resté vague hier ou dont il a répondu avec ironie.

Comme on le constate, un point de non-retour est bien franchi entre l’Eglise catholique du Congo et le régime politique en place.  Et l’on se demande qui sortira vainqueur de ce bras de fer engagé ?

Luaba Wa Ba Mabungi / AFRIWAVE.COM

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