home Politique, RD Congo RDC : Manifestation des chrétiens du 31 décembre 2017, bilan d’une répression à huis-clos

RDC : Manifestation des chrétiens du 31 décembre 2017, bilan d’une répression à huis-clos

Au fur et à mesure que les heures avancent et malgré le black-out total imposé, le bilan d’une répression brutale à huis-clos contre les manifestants du 31 décembre 2017 commence à être connu. Avec leur dispositif impressionnant, les forces de sécurité n’ont pas fait que dans les détails : arrestations, enlèvements et voir des morts par balles réelles sont signalés partout à travers la ville-capitale Kinshasa.

C’est à la paroisse Saint Alphonse dans la commune populaire de Matete où la répression aurait été brutale avec deux morts par balles semble-t-il tirées par la police. Des nombreux blessés dont un prêtre selon des témoins. Même scène à Saint Benoit de Lemba où déjà hier soir des échauffourées avaient opposées fidèles aux policiers. Ce matin, ce sont carrément des bérets rouges de la Garde Républicaine (GR), la garde présidentielle de Joseph Kabila qui ont intervenu pour disperser tout le monde.

A la paroisse Saint Joseph de Matonge dans la commune de Kalamu où officie l’abbé Tshomba cité en justice pour « tapage nocturne » à cause de « l’opération cloches », les fidèles et leurs prêtres en tête de colonne ont marché jusqu’au Rond-point Victoire situé à quelques mètres de là. Et ce, avant que la police ne les disperse comme témoigne l’opposant Martin Fayulu présent à l’eucharistie.

A saint Michel de la commune de Bandalungwa où se trouvait le président de l’UNC Vital Kamerhe, des fidèles et des prêtes ont été séquestrés dans l’église alors que des balles auraient été tirer par des militaires. Du côté de la paroisse Saint Gonzalos de Kingabwa où la foule était prête à marcher, la police a violement intervenu ; pendant ce temps des grenades lacrymogènes étaient utilisées à Binza Delvaux dans la commune de Ngaliema.

Dans la commune de Kintambo à la paroisse Saint François tout près du Vélodrome, le curé et le vicaire auraient été emmenés vers une destination inconnue par les forces de protection, de défense et de sécurité ; les fidèles évoquant la présence d’un major de police de locution rwandophone aperçu sur le lieu.

Du côté de Mbenseke, non loin de la résidence du général Tango Four, la foule a été disperser alors que la messe s’était déroulée sans aucun incident. Dans la commune de Makala à la paroisse Saint Mathias, les fidèles avaient pu avancer jusqu’à proximité de la paroisse Saint Gabriel du quartier Yolo non loin de là avant d’être eux aussi dispersés par les forces de l’ordre.

A Kinsuka dans la commune de Ngaliema, c’est une violation du lieu de culte par les agents de la Demiap qui serait signalée alors qu’à Notre Dame de Fatima de Mont Ngafula, les curé et les fidèles auraient été brièvement arrêtés.

Lorsqu’un « dissident opposant » renie ce qu’il a adoré hier

Toute cette agitation sécuritaire se déroule sous un « blackout » total dû à la coupure d’internet et de messagerie SMS sur ordre du gouvernement. Intervenant ce midi sur radio Top Congo FM et justifiant « pourquoi il a fait couper internet », le ministre en charge des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information ; Emery Okundji renie ce qu’il avait condamné hier en 2015 lorsqu’il n’était pas encore dissident de l’opposition.

Évoquant « des raisons de sécurité d’État » et aussi celles de la préservation des vies humaines pour justifier sa contestable décision, le ministre et frère du président du Conseil National du Suivi de l’Accord (CNSA), un autre opposant dissident ; explique : « Ceux qui ont organisé la marche ont dans leurs rangs des personnes à qui on a donné des armes pour tirer contre des civils, massacrer des chrétiens et imputer cela au gouvernement de la république. Nous avons l’obligation constitutionnelle te protéger des vies humaines et cela est conforme aux prescriptions de l’article 46 de la loi cadre sur les télécommunications. En 2015, je fustigeais la décision tout simplement parce que j’étais opposant et que je ne connaissais pas l’esprit et la lettre de la loi. Aujourd’hui, en tant que chef du secteur qui lis tous les jours les règles qui le régissent, je suis à mieux de comprendre ce qu’il faut faire et que ce que j’avais fait hier était une erreur. Manifester est un droit donné à tous les congolais mais maintenir l’ordre est une obligation du gouvernement ».

La confusion et la précipitation du ministre Emery Okundji n’ont pas échappé aux congolais qui le lui ont rappelé en le revoyant aux études des lois susevoquées. Ainsi Merphy Pongo, Membre du Collectif de Jeunes Pro Changement fait remarquer ceci au Ministre de Postes et Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et la Communication que « la loi N°012 /2002 du 16 octobre 2002 sur la poste contient seulement 40 Articles et que l’article 46 qu’il a évoqué pour justifier la coupure de l’accès à l’Internet aux congolais est imaginaire ».

C’est par contre dans « La loi N°13/2002 du 16 octobre 2002 sur les télécommunications en RDC, qu’on retrouve 82 Articles et là aussi L’article 46 est relatif aux servitudes générales qui pèsent sur l’usage des installations de télécommunications par l’exploitant qui peuvent faire l’objet de réquisition par l’État ». Enfin « la loi N°014/2002 du 16 octobre 2002 portant création de l’autorité de régulation de la poste et télécommunications ne contient que 31 Articles ». Aucune de ces trois lois ne confère le pouvoir à un ministre de postes et télécommunications de priver la population de l’accès à Internet à moins que l’on soit dans un régime totalitaire prédateur des libertés publiques conclut-il.

Lire aussi : Kinshasa : L’armée et la police au-devant des manifestants chrétiens de ce 31 décembre 2017 https://www.afriwave.com/?p=6591

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