home RD Congo, Société Homélie du cardinal L. Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kinshasa, à l’occasion de la fête de Noël 2017

Homélie du cardinal L. Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kinshasa, à l’occasion de la fête de Noël 2017

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes que Dieu aime » (Lc 2,14)

Bien-aimés dans le Seigneur,

  1. S’il est une réalité et une valeur désirées et recherchées ardemment aujourd’hui dans notre pays et dans le monde, chacun pour soi et pour les êtres qui lui sont chers, c’est la Paix. Aussi la fête de Noël apparaît-elle plus que jamais comme la fête de la Paix. Et qui dit Paix, dit Justice, Vérité, Amour.

« Amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent. Vérité germera de la terre, et des cieux se penchera la Justice ». (Ps 85,11)

  1. La Paix, oui, celle qu’apporte celui dont le nom est « le Prince de la Paix » (Is 9,6), l’Enfant de la Crèche. Celui qui, Dieu qu’il était, s’est défait de toute sa magnificence et de sa puissance. Celui qui s’est abaissé, s’est anéanti (kénose) (cfr Phil 2, 6…8), il l’a fait par amour pour nous, pour l’humanité à sauver.
  2. La paix de Noël, c’est la Paix que l’Enfant de Noël a en propre, et que lui seul peut donner, car elle vient de son œuvre de rédemption, la paix dont il dira au terme de sa vie : « Je vous laisse la paix ; c’est ma paix que je vous donne » (Jn 14,27). C’est la paix qui est son héritage à ses disciples. En tant que telle, elle doit être protégée par ces derniers.
  3. Notre Dieu s’est fait petit pour rejoindre l’être humain dans sa petitesse. Il s’est fait petit sans perdre sa grandeur, car ce qu’il avait, il l’a gardé ; ce qu’il était (Dieu), il l’est resté. Ce qu’il est devenu ne l’a pas changé ni n’a ajouté à sa grandeur. Ce qu’il est devenu, il l’a partagé avec nous, sauf dans le péché. Et il nous invite à partager avec lui ce qu’il était : la vie divine par notre filiation adoptive (des filii in Filio).
  4. Puisque fils dans le Fils, Prince de la Paix, les chrétiens congolais aujourd’hui ont la lourde responsabilité, devant Dieu et devant l’histoire d’assurer la paix partout où ils peuvent se retrouver, de dénoncer et de rejeter tout projet contraire à la réalisation de la volonté de Dieu, d’assurer la paix à tous. Car ce qui nous engage à travailler pour la paix ce n’est point une idée humaine, mais notre union au Verbe fait chair, qui nous fait communier à son projet de paix, de justice, d’amour. Comme le déclarent les Ecritures Saintes : « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9). Travailler pour la paix manifeste et accomplit notre identité d’enfants de Dieu. Et quiconque ne sème pas la paix nie son identité d’enfants de Dieu.
  5. Ce comportement de Dieu est une leçon pour nous. C’est comme si l’homme n’était grand que dans la simplicité, l’humilité « Infirma mundi elegit Deus ». « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort » (1 Cor 1,27).
  6. Noël, c’est un mystère d’amour : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix aux hommes qu’il aime » (Lc 2,11). Paix aux hommes parce que Dieu les aime. Paix aux hommes, paix à tout homme, paix à tous. Paix pour tous.
  7. Ici encore c’est aux humbles et aux simples que vont les faveurs de Dieu, les bergers qui étaient en train de paître leurs troupeaux (cfr Lc 2, 8). La Vierge Marie, dans son champ d’action de grâce (Magnificat) est un modèle d’humilité, de simplicité et de foi : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles, saint est son nom ». « Il s’est penché sur son humble servante, désormais tous les âges me diront bienheureuse ». « Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes », « il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles ». (Lc 1, 46…55). Toute gloire est reportée à Dieu, tandis que les grandes merveilles que le Seigneur fit pour elle, Marie, les considère comme une grâce due à la pure faveur de Dieu, sans aucun mérite de sa part.
  8. La grandeur de la personne ne provient donc pas de ses exploits, ou bien de sa malice ou de son habileté politique, bien au contraire. Mais du projet de Dieu. La preuve, c’est ce que nous donne le récit de Noël. L’Edit de César Auguste demandant le recensement de la population, est une « décision politique ». Voilà Joseph et Marie qui partent à Bethlehem, du fait qu’ils étaient de la famille de David. Marie accouche là, parce qu’il n’y avait pas de place à la salle commune. Tel est le plan de Dieu qui supplante « le politique ». Celui-ci passe à l’arrière-plan, sinon disparaît. Et le projet de Dieu fait son chemin : projet d’amour, d’exaltation des pauvres, projet de paix, projet de fidélité et d’accomplissement des promesses faites aux pères dans l’alliance. 10. La grandeur de l’homme se situe non dans les astuces politiques pour la conquête du pouvoir, mais dans la mesure où cette sagesse politique est mise au service du peuple, pour accomplir le projet de Dieu pour un peuple et pour un pays ; c.-à-d. dans la mesure où l’habileté politique est mise au service du rassemblement d’une nation.
  9. Noël, c’est le mystère de l’Homme-Dieu : « Dieu a tellement aimé les hommes, qu’il leur a envoyé son fils unique, afin que tout homme qui croit en lui, ne meurt pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3,16)
  10. Avec Marie, Joseph et les bergers, allons à Bethlehem adorer le Fils que Dieu nous a donné et chantons-lui avec tout le peuple chrétien : « Il est né le Divin Enfant… »

Joyeux Noël à tous et à toutes !

Avec mon affectueuse bénédiction

+ L. Card. MONSENGWO PASINYA

Archevêque de Kinshasa

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