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RDC : L’homme d’affaires israélo-congolais Dan Gertler touché par les nouvelles sanctions américaines

Un étau qui se resserre. C’est encore un ami proche du chef de l’Etat Joseph Kabila et un véritable tenant du « cordon boursier » qui vient d’être épinglé : l’homme d’affaires israélo-Congolais Dan Gertler. Il est frappé à son tour par les sanctions américaines comme le révélait hier jeudi 21 décembre 2017 un communiqué du Département (Ministère) américain du Trésor.

En effet une nouvelle liste de 15 personnalités et sociétés délivrée par le Bureau du Contrôle des avoirs étrangers du Département du Trésor dévoile une série des sanctions économiques à leur endroit pour « atteintes répétées aux droits de l’homme ». Conséquence immédiate pour les personnes et les sociétés concernées par ce nouveau volet de sanctions : « tous leurs biens et comptes bancaires sur le territoire américain sont saisis ou gelés. Il est par ailleurs interdit aux ressortissants des États-Unis d’effectuer quelque transaction que ce soit avec les personnes ou entités sanctionnées ».

Signé par le président Donald Trump le mercredi 20 décembre et publié le jeudi 21 décembre 2017, le décret ordonnant ces sanctions découle du Global Magnitsky Act, adopté en décembre 2016. Ainsi, il « bloque les propriétés de personnes impliquées dans de graves violations des droits de l’homme et de la corruption » (Executive Order Blocking the Property of Persons Involved in Serious Human Rights Abuses and Corruption).

Lire le document du Département du Trésor américain ici :  https://www.treasury.gov/resource-center/sanctions/OFAC-Enforcement/Pages/20171221.aspx

Cet acte dit que « la loi permet aux autorités américaines d’imposer des sanctions à des responsables publics dans le monde qui détournent des avoirs de l’Etat, qui s’attaquent aux journalistes et aux défenseurs des droits de l’homme et prévoit que les institutions financières américaines ne peuvent participer à l’appui des gens qui profitent de ces atrocités ».

Il faut rappeler que c’est aussi dans cet ordre d’idée que d’autres proches de l’appareil sécuritaire de Joseph Kabila ont déjà été sanctionnés par les Etats-Unis et l’Union Européenne en mai dernier.

Lire aussi : Américains et Européens sanctionnent de nouveau les officiels congolais https://www.afriwave.com/?p=1506

Mais pourquoi Dan Gertler ? Présenté comme un proche ami du président Joseph Kabila, le quadragénaire aux deux passeports congolais et israélien (passeport DB0009084 (République démocratique du Congo) émis le 28 mai 2015 et expirant le 27 mai 2020 alors que l’article 10 de la Constitution interdit la possession d’une autre nationalité que celle congolaise qui est une et exclusive) est un redoutable « businessman ». Avec ses deux autres passeports israéliens selon le site du gouvernement américain annonçant les sanctions, N° 10926248 (Israël) émis le 25 février 2008 et expirant le 27 février 2018 et N° 10945182 émis le 28 juin 2010 expirant le 27 juin 2020, il sait jongler avec les pays comme il en fait dans les affaires.

A la fois « ange et démon » l’homme d’affaires et un acteur-clé du secteur minier congolais depuis des années, les américains lui reprochent d’avoir profité de « ses relations d’amitiés avec le président Joseph Kabila pour jouer l’intermédiaire pour la vente d’actifs miniers en RDC, imposant à des multinationales de passer par lui pour faire affaire avec l’État congolais ». Le communiqué du Département américain du Trésor estime que « la RDC a perdu près d’un 1,36 milliard de dollars de recettes à cause de la vente à prix cassés de ses actifs à des compagnies offshore liées à lui ».

Une appétence insatiable

Le sulfureux homme d’affaire ne sert pas que d’intermédiaire, il possède également des multiples sociétés dont 18 d’entre-elles sont visées comme le révèle le document des sanctions américaines : Africa Horizons Investment Ltd, Caprikat and Foxwhelp sarl, Caprikat Ltd, Dan Gertler Diamonds Investments Ltd, DGI Israel Ltd, GDI Mining Ltd, Emaxon Finance International Inc, Fleurette Holdings Netherlands BV, Fleurette Properties Ltd, Foxwhelp Ltd, Gertler Family Foundation (Fondation Famille Gertler), International Diamonds Industries, Jarvis Congo sarl, Lora Enterprises Ltd, Oil of DRCongo sprl, Orama Properties Ltd, Rozaro Development Ltd et Zuppa Holdings Ltd.

Avec Gertler, c’est aussi son ami et associé belge Pieter Albert Deboutte, 51 ans, de Roeselare en Flandre Occidental ; lié à ses activités au Congo qui est sanctionné.

Des associés qui quittent le navire

Des lourds soupçons de corruption pesant sur lui et peut-être pour éviter d’en subir les conséquences, des associés avaient commencé de quitter le « navire » Dan Gertler. C’est le cas du géant suisse des matières premières Glencore qui avait a décidé en avril 2017 de prendre ses distances avec le controversé homme d’affaires israélien après des années de relations commerciales. « La société, dirigée par le Sud-Africain Ivan Glasenberg, a annoncé en janvier le rachat pour 534 millions de dollars – 495 millions d’euros – des parts de Dan Gertler dans Katanga Mining et Mutanda Mining, qui exploitent deux importantes mines de cuivre dans la région de Kolwezi, dans le sud-est de la RDC » note Jeune Afrique.

C’est le Rapport de l’ONG britannique Global Witness qui avait révélé comment la société d’Etat congolaise, la Gécamines (Générale des carrières et des mines) ; avait été dépossédé de ses « royalities dues à la Gécamines dans le développement du projet minier Kamoto Copper Compagny (KCC, mine de cuivre et cobalt opérée par Glencore dans le Katanga) versés au profit de Dan Gertler. Dans cette affaire de détournement présumé de revenus, l’ONG estimait les sommes indûment versées à la filiale de Dan Gertler à quelque 880 millions de dollars.

En outre, « De 2013 à 2016, Katanga Mining, société cotée à la bourse de Toronto et détenue majoritairement par Glencore, a adressé des pas-de-porte [supplément de loyer] et d’autres paiements d’un total de plus de 75 millions de dollars à la société Africa Horizons Investment Limited (AHIL), détenue par Dan Gertler [via son groupe Fleurette, NDLR] et enregistrée dans les îles Caïmans. En vertu du contrat initial, ces paiements auraient dû être effectués à la Gécamines ».

Chose que reconnaissait du reste Glencore dans son communiqué adressé à Reuters, et également confirmés à l’AFP : « Les paiements de pas-de-porte pour 2013, 2014, 2015 et 2016 à Africa Horizons Investment Limited ont été effectués conformément à l’instruction de paiement de Gécamines » et « des accords tripartites de royalties entre KCC, Gécamines et AHIL ». Les autorités congolaises pour leur part n’ayant voulu s’expliquer sur cette affaire même si Dan Gertler l’avait justifié via sa société aujourd’hui sanctionnée le Groupe Fleurette comme étant « un remboursement partiel d’un prêt de 196 millions de dollars consenti par Fleurette à la Gécamines ».

Des montages opaques aux détournements des fonds publics du pays par Dan Gertler, l’on se demande à qui profite en fin de compte le crime ? C’est un reportage de nos confrères de France Télévision dans l’émission « Cash Investigation » qui est venu révéler à la face du monde la manière dont la RDC est pillée au profit des individus alors que sa population croupit sous les misères extrêmes.

Lire aussi : Lire aussi : RD Congo et nouvelles sanctions américaines : les Généraux Amisi Kumba et Numbi Banza à la trappe ! https://www.afriwave.com/?p=858

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