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RDC : Attaque contre le camp des troupes tanzaniennes de la Monusco, interrogations et inquiétudes sur une violence sans issue

L’attaque de jeudi 7 décembre 2017 dont a été victime un camp des forces de l’ONU situé vers l’axe Mbau-Kamango, dans région de Beni vers la frontière ougandaise au bord de la rivière Semuliki continue de susciter autant d’interrogations que de réprobation. Face à la condamnation unanime de cet acte, les circonstances précises de « l’opération meurtrière » ne sont toujours pas déterminées. Par contre un bilan de plus que lourd : 15 soldats tanzaniens de la Monusco tués et 3 disparus et une cinquantaine des blessés évacués sur Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu où s’est déroulé le drame.

Côté congolais, si l’ONU annonçait 5 militaires FARDC tués, c’est une autre lecture contradictoire d’un bilan qu’annonce le porte-parole de l’armée à Beni : 1 militaire blessé, 1 autre disparu et 72 assaillants tués sans qu’aucune preuve ne vienne corroborer cette affirmation. Une interrogation pourtant demeure : les forces congolaises de FARDC qui seraient situé à quelques encablures (à plus ou moins 500 mètres) du camp de base de l’ONU sont-elles oui ou non intervenues en secours ou non lors de cette attaque ?

Que s’est-il passé au juste, qui sont les assaillants et pour quel objectif ; autant des questions qui demeurent sans réponse tant du côté congolais que celui de l’ONU pour qui cette attaque « était manifestement préparée et organisée » d’après Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire Général adjoint en charge des opérations de maintien de la paix aux Nations unies qui est du reste attendu en RDC dans les jours à venir. Et de préciser que ces assaillants, présumés miliciens ADF-Nalu ougandais sans pouvoir le confirmer étaient « lourdement armés de machettes, lance-roquettes… », avant de conclure qu’ils ont « presque tout rasé du camp de base » avant de s’en aller.

Ces propos du responsable de l’ONU sont corroborés par une autre source congolaise sur place en la personne de Jean-Paul Paluku Ngahangondi interrogé par RFI : « La responsabilité des ADF doit être vérifiée : « que ça soit les Maï-Maï ou les présumés ADF… ce sont des petits groupes qui n’ont jamais osé provoquer l’armée et moins encore les casques bleus ». L’attaque qui aurait commencé le soir tombé et duré toute la nuit se serait passé dans un blackout total, le QG de la Monusco étant complètement coupé de la base tanzanienne.

Les réactions congolaises

Face à la condamnation unanime de cet acte, surtout du côté des Nations Unies dont on parle d’un « crime de guerre », les réactions congolaises n’ont pas tardées ; dont celle de Claudel André Lubaya, député élu de Kananga dans le Kasaï. Sur son compte Twitter officiel, il fustige ce qu’il qualifie de « l’hypocrisie » et de la « duplicité » des Nations-Unies : « Lubaya Claudel André‏Compte certifié @LubayaClaudel Lubaya Claudel André a retweeté Radio Okapi ONU : 15 casques bleus tués égal « crime de guerre ». 5,000 tués au Kasai, aucune qualification ni action d’envergure. L’hypocrisie et la duplicité des Nations-Unies ont leurs limites et l’odieuse exécution de ses 15 casques bleus à Beni en est la conséquence logique ».

Le député national membre de l’opposition radicale du Rassop n’oublie pas de rappeler la tragédie dont sa province est victime de la part de l’Etat congolais et qui n’a jamais été dénoncée : « KASAI. La violence d’État y a semé la mort et la désolation : 5000 morts, 87 fosses communes, 600 viols, 1.300 million déplacés et réfugiés ; tous victimes de HAINTE d’État. Zone sinistrée, territoire dévasté. Ne jamais oublier. Leur sang crie JUSTICE ».

Pour rappel, cette attaque contre les forces onusiennes intervient juste après publication d’un nième rapport mapping sur la violence dans les provinces des Kivu faisant état d’au moins 526 civils tués, plus de 1.000 personnes séquestrées, 11 incidents de viols massifs en 6 mois au Kivu. Ce même rapport indiquait qu’au moins 120 groupes armés opéraient impunément dans cet espace, témoignant ainsi    de l’impuissance coupable des autorités de la RDC et de la Communauté internationale présente depuis plus de 20 ans au travers d’abord de la Monuc et aujourd’hui de la Monusco.

Ce qui a encore fait dire à Claudel André Lubaya que : « L’existence concomitante sur le sol de la RDC, des forces armées loyalistes et des groupes armés non étatiques, locaux et étrangers, opérant dans un même périmètre sans jamais se neutraliser rend URGENTE la refondation d’un Etat responsable, stable et progressiste en RDC ».

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