home Politique, RD Congo RDC : Quand un mobutiste « converti » parle du duo Olenghankoy-Tshibala (INTERVIEW)

RDC : Quand un mobutiste « converti » parle du duo Olenghankoy-Tshibala (INTERVIEW)

Ce n’est un secret de polichinelle qu’Olenghankoy est limite intellectuellement alors que Tshibala fut un fauché économique. Ces propos ne sont pas nôtre, mais de l’interlocuteur de notre rencontre du jour.  Poursuivant son enquête pour comprendre ce qui se passe réellement dans la tête et la pensée de ceux qui sont au pouvoir à Kinshasa, www.afriwave.com est de nouveau reparti à la rencontre d’un autre cadre du PPRD-Officiel, un ancien mobutiste converti non pour des raisons de cœur ; mais celle de survie pécunière. Thème de notre discussion, ce qu’il pense du duo Joseph Olenghankoy et Bruno Tshibala à la tête des institutions du pays.

Les langues se déliant peu à peu, notre invité est un conseiller de premier plan au sein du Cabinet du Directeur du président de la République au Palais de la Nation. Comme ses prédécesseurs, il a préféré garder sa discrétion pour parler de ceux qu’on peut considérer momentanément comme les alliés politiques les plus sûrs.

Que pensez-vous du rapprochement de Joseph Olenghankoy et Bruno Tshibala de la majorité présidentielle et de ses thèses ?

« Monsieur le journaliste, on ne peut parler d’un rapprochement pour les deux personnes citées, mais plutôt d’un ralliement pur et simple aux thèses de la majorité qu’ils ont rejoint et qu’ils sont obligés de défendre. Comme le disait deux autres proches de cette même majorité ici même dans l’une de vos publications, malheureusement l’utilisation de ces deux personnages par le pouvoir dans une œuvre de sape contre l’opposition ne sera que de courte durée comme ce pays nous en a habitué. Qui parle encore de Samy Badibanga au sein de la MP ? Et il n’y a rien de nouveau dans cette situation avec celle que nous avons connue dans les années 1990 à l’époque de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) et l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale (USORALE). Nguz Karl-I-Bond, Mungul Diaka, Birindwa-Bi-Chirirwa sont autant des personnages d’exemple qui ont trahi l’espoir du peuple pour un pouvoir frivole et on sait quelle a été leur fin ».

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Mais pourquoi alors Olenghankoy et Tshibala ont-ils accepté « ce deal » tout en sachant d’avance que ça ne sera qu’un passage de court terme ?

« En dehors d’Etienne Tshisekedi lors de sa première nomination comme premier ministre par Mobutu en septembre 1990 alors que la CNS avait commencé en juillet de la même année, avez-vous déjà vu quelqu’un d’autre dans ce pays refuser le pouvoir ? L’on sait que depuis le temps de règne du Marechal Mobutu comme celui éphémère de Mzé Laurent-Désiré Kabila et comme celui de Joseph Kabila maintenant, l’UDPS a toujours été le cauchemar des dirigeants ; mais surtout son feu président, l’imprévisible Etienne Tshisekedi dont on n’est jamais parvenu à comprendre sa pensée. Son décès inattendu (paix à son âme pour l’ensemble de son combat) a surpris tout le monde, en commençant par la majorité au pouvoir et le président Joseph Kabila en particulier. Sans oublier l’opposition du Rassemblement elle-même ainsi que son parti l’UDPS qui s’attendaient à un deuxième retour triomphal au pays de leur leader comme en juillet 2016 en vue de prendre ses responsabilités à la tête du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA) et du Processus Electoral. Sa brutale disparition a-t-elle donc permis la redistribution des cartes en faveur du président de la République qui a repris la main alors que ses délégués à la Négociation directe de la CENCO n’étaient jamais parvenus à mettre KO ceux de l’opposition plus affutés et déterminés malgré l’infiltration des individus comme Olenghankoy et Lisanga… ».

Pour quel type de personnage politique à débaucher au sein de l’opposition alors ? 

« …Dans cette entreprise de fragilisation de l’opposition radicale, Olenghankoy et Tshibala paraissaient les maillons faibles bien le dernier (Tshibala) n’était pas partie prenante à la table de la Négociations directe de la CENCO.  Pour le régime, il fallait donc trouver les pions de premier plan et les seconds couteaux de cet échiquier : une personne proche de feu Etienne Tshisekedi en premier et qui paraitrait financièrement fauchée et une autre dont l’intelligence et les idées seront sujets à caution. C’est là que le choix de tous les conseillers s’est focalisé sur les deux personnes citées, y compris d’autres sans personnalité comme Lisanga Bonganga. Souvenez-vous que Tshibala fut déjà approché du vivant de Tshisekedi lors de son arrestation-incarcération à Makala deux mois durant. Saviez-vous combien de fois Adolphe Lumanu lui a rendu visite à Makala et pour quelle raison ? Sachant quel rôle il devait jouer dans l’avenir contre Tshisekedi et l’opposition au profit du régime, Tshibala n’a pu raconter que des carabistouilles à Etienne Tshisekedi à sa libération sans conditions. Malgré ces mensonges, le vieux qui était plus futé lui a refait confiance sans s’en douter de ce qui allait en advenir avec sa mort brusque et la trahison au grand jour du même Tshibala… ».

Dans quelle mesure cela était-il possible ?

« … Il n’est un secret pour personne et ce ne pas une injure que les qualités intellectuelles d’Olenghankoy sont à la limite de zéro, de même Bruno Tshibala tout comme Lisanga furent des personnes dont les conditions matérielles et financières étaient proches également du niveau zéro. Ce ne pas du reste pour rien que dès la fin du Conclave de naissance du Rassemblement en Belgique et dès leur retour au pays, les mêmes Olenghankoy et Lisanga avaient commencé leur opposition de façade à Moïse Katumbi ; qui passe pour être un cauchemar pour Joseph Kabila et les membres de la nomenklatura. C’est du reste depuis cette époque qu’Etienne Tshisekedi et son entourage du Rassop auraient dû se rendre compte du retournement de Joseph Olenghankoy et bien d’autres qui venaient d’être recruté. Mais comme on dit, la fin d’une chose ne correspond toujours jamais à son commencement… ».

« … Lorsque vous comparez aujourd’hui le train de vie de Tshibala par rapport à ce qu’il fut il y a quelques mois, c’est une métamorphose totale. La manière dont Olenghankoy intercède en faveur du régime n’est-elle pas plus que loin du discours biaisé qu’il tenait à Genval ? Cela prouve tout et la MP qui a soutenu le dédoublement du Rassop en sa faveur ainsi que sa désignation comme président du CNSA connait bien ses limites intellectuelles ».

 Et le futur dans tout ça ?

« D’un mauvais arbre peut-il en sortir un bon fruit, c’est la question que je vous pose Monsieur le journaliste. Olenghankoy et Tshibala, deux frondeurs fabriqués de l’opposition ; subiront le sort de Samy Badibanga, un autre ex-UDPS qui avait été utilisé pour supplanté Vital Kamerhe lors du premier dialogue de Kodjo. Une fois sucés comme un citron, ils seront jetés dans la poubelle de l’histoire politique de ce pays ; même s’ils auront réussi à engrangés quelques miettes financières. Malheureusement pour notre pays qui n’aura avancé même d’un seul pas. La crise allant en profondeur, on ne sait ce que nous réserve demain car qu’on le veuille ou non, il n’y aura pas d’élections à la fin de cette année. Je peux aussi me tromper comme on dit ! ».

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