Joseph Kabila, encore grippé il y a quelques jours et apparemment rétabli est arrivé à Addis Abeba en Ethiopie l’après-midi de CE dimanche 2 juillet 2017. En compagnie de son ministre des Affaires Etrangères Léonard She Okitundu qu’il a rejoint sur place, il vient prendre part au 29ème Sommet de l’Union Africaine (UA) qui se tiendra du 3 au 4 juillet courant.
Des sources du siège de l’Union Africaine, il se dit que les questions du financement et de la solidarité entre Africains qui dans bien des cas, restent divisés domineront les débats lors de ce sommet. Car « on ne peut comprendre ni être crédible aux yeux du monde qu’une institution comme celle qui réunit les pays africains soit en partie financé par les Occidentaux (Union Européenne) et les Chinois » s’est alarmé le tchadien Moussa Faki Mahamat, le nouveau président de la commission de l’UA, élu en janvier dernier.
Le cas RDC
Ce déplacement de Joseph Kabila intervient deux jours après l’annulation par lui de toutes les manifestations de la célébration du 57ème anniversaire de l’accession du pays à sa souveraineté internationale. En effet, dans un message demeuré énigmatique diffusé sur les antennes de la Radiotélévision nationale congolaise (Rtnc) jeudi 29 juin 2017 au soir, il annonçait regretter « pour des raisons de santé, je ne puis, cette année, vous adresser mon message de manière traditionnelle » avant d’inviter « à cet effet, la population congolaise, dans son ensemble, à célébrer ce vendredi 30 juin 2017, l’anniversaire de l’Indépendance nationale dans le calme et la méditation ».
Lire aussi : RDC-indépendance : le défilé militaire du 30 juin annulé, pas de discours de Kabila https://www.afriwave.com/?p=3556
L’annulation des festivités liées à l’indépendance du pays intervenait à l’issu d’un autre déplacement à Johannesburg auprès de Jacob Zuma. Ce voyage à Addis Abeba comme celui en Afrique du Sud revêtent d’une connotation particulière après le soutien des pays africains à la RDC lors de la réunion du Comité des Droits de l’Homme de l’ONU la semaine dernière : celle de dire merci aux soutiens indéfectibles alors que son régime est malmené sur le plan intérieur par la pression des opposants et celui extérieur par des sanctions individuelles qui ne cessent de frapper sur le proche du pré-carré du régime. Car tout le monde le sait bien que Kabila n’est pas friand de ces grands sommets, note un observateur.
En effet, sous l’impulsion des Etats Unis d’Amérique et de l’Union Européenne, il avait été sollicité la mise sur pied par l’ONU d’une commission d’enquête internationale indépendante en relation avec les violences qui sévissent dans l’Espace Grand Kasaï au centre du pays depuis août 2016. La RDC n’avait jamais montré son empressement ni pour la création, encore moins la venue d’une telle commission sur son territoire.
Et pour toute explication, Kinshasa avançait le fait que sa justice avait déjà bouclé toutes les enquêtes possibles et que des procès étaient encours dans ce dossier des violences de le Kasaï. Avec le soutien des pays africains et de l’Union Africaine, il avait finalement été décidé l’envoi des simples agents en appui aux enquêteurs congolais qui gardent toute sa main dans leur enquête.
Lire aussi : Violences dans le Kasaï : Kinshasa ne s’oppose plus à une enquête conjointe avec l’ONU https://www.afriwave.com/?p=3277
Pour un observateur attentif de la scène politique congolaise proche de la Majorité Présidentielle (MP) contacté par notre rédaction et qui a requis l’anonymat, « l’annulation des festivités de l’indépendance nationale tout comme ces multiples voyages de Kabila ne sont qu’un temps de répit pour Kabila et le régime. Car on ne peut se mettre à dos sa population, ses bailleurs des fonds et la communauté internationale et survivre ».
Et un collègue journaliste d’ajouter : « D’ailleurs, quel aurait le sens de ce défilé et celui d’un discours de Kabila en ce moment charnier de notre pays ? 57 ans après, quel bilan peut-on tirer de l’indépendance ? Sinon, que le peuple est chosifié, paupérisé, clochardisé ! L’indépendance n’est qu’un mot dont le peuple n’a tiré aucun profit. Alors, défilé et discours n’auraient été qu’une occasion pour sortir plus d’argent sans raison alors que le pays n’en a même pas officiellement ».