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Nord-Kivu : Les 4 artistes-peintres de Goma toujours écroués à la prison centrale de Munzenze

L’art scénique dans la rue comme moyen de revendication. Les quatre jeunes artistes-peintres et activistes arrêtés vendredi 23 juin 2017 à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu d’abord détenus au cachot du parquet de Grande instance de la ville sont toujours incarcérés à la prison centrale de Munzenze ; le procureur indiquant qu’il traitera leur dossier ce lundi 26 juin 2017. Pour l’instance judiciaire comme la police nationale, « ils sont en état d’arrestation pour avoir manifester illégalement sur la voie publique sans autorisation des autorités de la municipalité au risque de troubler l’ordre public ».

Version contredite par le mouvement des jeunes indignés basé à Goma Lutte pour le changement (La Lucha) pour qui « l’action artistique et non violente de ces jeunes plasticiens se déroulait sur une place publique mais sans faire aucune obstruction à la circulation, quand la police a surgi, embarqué quatre des artistes, pour les emmener manu militari à la mairie de Goma », lit-on dans son communiqué.

A Kinshasa, un collectif d’artistes a marché ce dimanche 25 juin 2017 en soutien à leurs collègues incarcérés à Goma. En dénonçant cette action, ils ont également exigés leur relaxe.

Un nouveau genre dans la contestation pacifique

Aux classiques manifs populaire de la rue parfois emmaillées de violence et autres Sit-in statiques des mouvements citoyens des jeunes est venu s’ajouter cette action artistique de ces 4 jeunes artistes congolais #BenoitMugabo#BenitoMupenzi#PercyNumbi et #CruzzTaylor pour qui l’on réclame une libération immédiate et sans condition aucune. Visages et corps enduits de peinture rouge en symbole de sang répandu des congolais à travers le pays, lampes et croix en mains comme pour rappeler tous les morts et éclairer les consciences éteintes des dirigeants comme de la population en général ; ils voulaient passer un message : trop c’est trop avec ces massacres à répétition à Beni et au Kasaï.

Dans un tableau dynamique et vivant avec une mise en scène chargée en symbolique, ces artistes rendaient un bel hommage aux millions de congolais qui continuent encore aujourd’hui de vivre dans l’insécurité. Portant sur eux des croix avec mentions « Kasaï » et « Beni », allongés par terre dans un carrefour très fréquenté de Goma ; sans bouger, ni parler avec les yeux fermés comme des morts, attirant la curiosité de nombreux passants. Ainsi entendaient-ils dénoncer ces massacres quotidiens et à répétions à Beni comme dans le Kasaï…et finir par réclamer l’éducation pour tous les enfants du pays. Cette performance artistique arrangée en public n’ayant pour but que la sensibilisation de la population sur les massacres au Kasaï et à Beni, et plus généralement les violences qui endeuillent le pays depuis deux décennies.

Ces deux territoires martyrs connaissent diverses infortunes. La ville et le territoire de Beni situés dans le nord de la province du Nord-Kivu sont le théâtre des massacres et tueries sauvages depuis octobre 2014., plusieurs centaines des personnes y ont été tuées dans une série des massacres attribués aux Forces Démocratiques Alliées (ADF), une rébellion musulmane d’origine ougandaise présente en RDC.

Depuis août 2016, le centre du pays et son espace Grand Kasaï est en proie à des violences entre la présumée milice Kamuina Nsapu et les forces de sécurité (armée et police) ayant causé la mort d’au moins 3.000 personnes, plus d’un million des personnes déplacées interne et 30.000 réfugiés en Angola selon l’ONU. Par ailleurs, 42 fosses communes ont été listées et pour lesquelles une enquête internationale est exigée par tous malgré les réticences du gouvernement congolais.

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