Le document date du 14 mai 2017, soit trois jours avant son évasion spectaculaire de la prison centrale de Makala à Kinshasa le matin du 17 mai 2017 pour une destination inconnue ; il ne vient d’être rendu publique que le 10 juin 2017. Intitulé Note de Nomination, on y apprend que suite au mandat reçu du Grand Maitre Muanda Nsemi en date du 14 mai, le SG et le Directeur du Bureau Politique du parti BDM attestent de la nomination de Monsieur Ernest Wamba Dia Wamba comme Président National du Parti Politique Bundu Dia Mayala, en sigle BDM.
Qui est Wamba Dia Wamba ?
Ancien Président du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma) dans le Kivu en août 1998, une rébellion militaire soutenue par le Rwanda contre Laurent-Désiré Kabila ; Wamba Dia Wamba avait rejoint Kisangani pour fonder le RCD-Wamba qui n’a pas fait long feu. L’homme intellectuel qui n’a pas tellement de charisme politique pour entrainer les foules aura surement du mal à remplacer Ne Muanda Nsemi connu pour ses harangues aux foules.
Atteint presque par la limite de l’âge, il risque d’avoir difficile à entrainer les foules comme son illustre son prédécesseur. Depuis 1980, il était professeur d’Histoire à l’Université de Dar es Salaam (Tanzanie) où il était retourné vivre comme un reclus depuis la fin de son aventure dans la rébellion militaire des années 1998-2003.
Intellectuel congolais et Professeur d’université de son état, Ernest Wamba dia Wamba est natif de Sundi-Lutete dans le Kongo Central (Bas-Congo) en 1942. Ancien élève de l’école de la Mission suédoise, il a grandi à l’époque ou le prophétisme de Simon Kimbangu et l’agitation politique par l’Association des Bakongo (Abako) ont conduit à l’indépendance du Congo-belge en 1960. Lors de la scission du parti en deux tendances, il avait rejoint Daniel Kanza plutôt que Joseph Kasa Vubu.
Boursier de l’Institut Afro-américain (African-American Institute), il est trop vite parti pour étudier aux États-Unis dès la fin de ses études secondaires. Notamment au Claremont Colleges et à la Western Michigan University à Kalamazoo. Marié à une afro-américaine, il fut activement impliqué dans le mouvement des Droits civiques en Amérique avant de rejoindre les comités de soutien de différents mouvements panafricanistes existant aux États-Unis tout au début de la décolonisation de l’Afrique dans les années 1960. La plus grande partie de sa carrière d’enseignant s’est-elle ainsi passée aux Etats-Unis : Brandeis University ou il fut associé avec Peter F. Drucker. Il enseignât par la suite à l’Université Harvard de Cambridge (Massachussetts).
Arrêté et emprisonné un an durant par le régime Mobutu en 1981 lors d’une visite à ses parents dans son village, il faut accusé d’avoir rédigé un article critique considéré comme subversif. Expert de la palabre et d’autres formes locales de démocratie africaine, il a participé à la Conférence Nationale Souveraine (CNS) organisée de 1990 à 1992 au Zaïre. Fondateur et président du club de philosophie de l’Université de Dar-Es-Salaam, il fut président du Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique (CODESRIA) entre 1992 et 1995.