home Politique, RD Congo Violences dans le Kasaï : Kinshasa ne s’oppose plus à une enquête conjointe avec l’ONU

Violences dans le Kasaï : Kinshasa ne s’oppose plus à une enquête conjointe avec l’ONU

Rétropédalage. C’est contraint par les pressions internationales (Etats-Unis, France et Suède) et par l’ultimatum de l’ONU que les autorités congolaises ont fini par accepter le principe d’une enquête internationale sur les violences qui déchirent l’espace Grand Kasaï depuis 9 mois. En effet, mardi 6 juin 2017, à l’ouverture de la 35ème  session du Conseil des Droits de l’Homme à Genève, le Haut-Commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme Zeid Ra’ad Al Hussein avait lancé un ultimatum à la RDC, lui donnant 48 heures pour accepter de participer à une enquête conjointe sur les violences dans les Kasaï ; faute de se voir imposer une enquête internationale.

Les autorités congolaises n’ont pas tardé à se plier à cette injonction, ravalant par-dessus la « souveraineté nationale » brandit à chaque instant même en y posant une condition, question de garder la tête haute. Car ce que la ministre souligne comme étant une continuité dans la collaboration entre la RD Congo et l’Onu n’est en réalité qu’un reniement de ce qui avait toujours été affirmé, un rétropédalage en règle. C’est d’abord via son compte Twitter que la ministre chargée des Droits Humains, Marie-Ange Mushobekwa Likulia réagissait le 7 juin 2017 en écrivant : #RDC d’accord pour enquêtes conjointes Gouv/ONU sur les tueries du Kasaï. Mais la justice congolaise garde la direction des enquêtes. Et ensuite dans une correspondance adressée au Haut-Commissaire, elle rappelait que la justice de Kinshasa souhaite garder la direction dans cette enquête conjointe avec l’ONU.

Avec cette acceptation, l’ONU compte envoyer une mission dans la région dès la semaine prochaine : « La situation déjà dramatique dans les provinces du Kasaï en RDC continue de détériorer. Elle s’étend aujourd’hui à d’autres provinces et par-delà la frontière avec l’Angola. Compte tenu des difficultés d’accès aux zones où sont commis les différents abus et violations des droits de l’homme, je vais envoyer une équipe dans la région dès la semaine prochaine pour rencontrer les personnes qui fuient ces attaques. A moins que je ne reçoive une réponse adéquate du gouvernement à propos d’une enquête commune d’ici le 8 juin, je vais requérir la création d’un mécanisme international d’enquête pour les Kasaï », prévenait Zeid Ra’ad Al Hussein.

Jusque-là catégoriquement opposées à cette démarche d’une enquête internationale et indépendante, les autorités congolaises semblent, cette fois-ci, avoir pris au sérieux la mesure des menace des Nations unies et du reste de la communauté internationale. Plusieurs proches de Joseph Kabila étant déjà sanctionnés individuellement par les Etats-Unis et l’Union Européenne.

Pour rappel, ces investigations visent à faire la lumière à la fois sur les violences au Kasaï attribuée aux présumés miliciens Kamuina Nsapu après la disparition de leur chef tué le 12 août 2016 au cours d’une opération militaire après s’être révolté contre les autorités de Kinshasa. Mais aussi sur le meurtre des deux experts de l’ONU en mars dernier. Disparus le 12 mars 2017 sur une route à proximité de la rivière Moyo, entre Bunkonde et Tshimbulu, l’américain Michael Sharp et la suédoise Zaida Catalán ainsi que leur interprète Betu Tshintela ont été retrouvés assassinés le 27 mars 2017 et leurs corps jetés dans une fosse commune.

Lire aussi : Procès des meurtriers de Michael Sharp, Zaida Catalán et Betu Tshintela : les Etats-Unis exigent d’abord une enquête de l’ONU https://www.afriwave.com/?p=3258

Les trois autres accompagnateurs congolais conducteurs des motos ainsi que la tête de Mlle Catalán n’ont jamais été retrouvés jusqu’à ce jour. Le but de leur voyage dans cette région étant justifié par une enquête de l’ONU l’insécurité et les multiples violences constatées depuis plusieurs mois. Depuis ces meurtres, l’ONU a dénombré 40 fosses communes et comptabilisé plus de 400 morts ainsi que le déplacement de près de 1,3 million de personnes à travers 8 provinces et l’Angola voisin.

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