home Politique, RD Congo, Société Procès des meurtriers de Michael Sharp, Zaida Catalán et Betu Tshintela : les Etats-Unis exigent d’abord une enquête de l’ONU

Procès des meurtriers de Michael Sharp, Zaida Catalán et Betu Tshintela : les Etats-Unis exigent d’abord une enquête de l’ONU

Malgré l’ouverture ce 5 juin 2017 du procès des présumés meurtriers de deux experts de l’ONU Michael Sharp, Zaida Catalán et leur interprète Betu Tshintela dans le Kasaï en mars dernier par la justice congolaise, les Etats-Unis exigent une enquête officielle de l’ONU. C’est qu’a demandé l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley le même jour à Genève, en marge des réunions du Conseil des Droits de l’Homme qui s’ouvrent à Genève.

« Il faut la création d’une commission d’enquête séparée sur les violations des Droits de l’Homme dans cette province du centre de la RDC qui constituent des actes horribles. Nous le devons à l’engagement de Michael Sharp et Zaida Catalán pour mettre fin aux abus en matière de Droits de l’Homme perpétrés par des groupes armés et le gouvernement congolais contre le peuple congolais, mais aussi pour leurs familles qui méritent justice » a expliqué Nikki Haley avant son départ pour la Suisse.

Enlevés le 12 mars 2016 sur une route entre Kananga et Tshimbulu, l’Américain Michael Sharp et la Suédo-chilienne Zaida Catalán ; ont été retrouvés assassinés et jetés dans une fosse commune en compagnie de leur interprète Betu Tshintela le 27 du même mois. Décapitée, la tête de Mlle Catalán n’a jamais été retrouvée ; y compris les corps des trois conducteurs des motos qui les accompagnaient. L’éclatement de l’affaire Clément Kanku, du nom de ce député national dont les enregistrements sonores d’une conversation téléphonique avec un présumé milicien durant des opérations à Tshimbulu a encore jeté de trouble dans cette affaire de meurtre des experts.

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Un procès déjà contesté

Le procès qui s’est ouvert devant le tribunal militaire de la garnison de Kananga, 48 heures après le passage du président Joseph Kabila dans cette ville pour sa première visite officielle dans la région ; est déjà contesté et renvoyé d’une semaine. Ce faux démarrage pour un procès tant attendu est justifié par la contestation par la défense de la compétence même du tribunal à savoir s’il est habilité à juger le crime de guerre, mais aussi à cause de la détention jugée irrégulière des prévenus selon leur avocat. La défense souhaitant à ce que ce procès soit un combat loyal et non truqué au profit de qui que ce soit.

A la barre deux suspects :  Evariste Ilunga (élève, âgé de 16 ans) et Mbayi Kabasele (vendeur d’huile de palme, âgé de 30 ans) présumés assassins et qui sont poursuivis pour « crime de guerre par meurtre, crime de guerre par mutilation, terrorisme, participation à un mouvement insurrectionnel », expliqué leur avocat Me Trésor Kabangu. Pourtant, en mai dernier, la justice avait indiqué que 16 personnes étaient « incriminées » dans cette affaire.

La contestation venait déjà de l’ONU qui soupçonnait les autorités congolaises d’avoir enquêté un peu trop vite pour des conclusions bâclées.  Une coalition des 271 ONG (262 congolaises et 9 internationales) en avait appelé le 1er juin 2017 pour une action urgente du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies dont la 35ème Session s’ouvre en ce 6 juin 2017. Elle réclame la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale indépendante sur la situation qui prévaut depuis août 2016 jusqu’à ce jour dans la région de l’espace Grand Kasaï.

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Après les familles Sharp et Catalan, la France et la Suède, c’est donc au tour des Américains d’appuyer la demande et la création d’une commission d’enquête spéciale de l’ONU auprès du SG, Antonio Guterres ; seul habilité à le créer. Les Nations Unies s’étaient contenté jusque-là d’une simple enquête administrative dont les conclusions doivent être à la fin du mois de juillet. Si la commission d’enquête spéciale est créée, elle devra permettre de lancer une investigation beaucoup plus large et criminelle même si faute de pouvoir judiciaire, l’ONU restera tributaire de la bonne volonté de Kinshasa qui a déjà montré sa réticence à faciliter le travail d’enquêteurs suédois et américains qui auraient cherché à se rendre sur le terrain.

Certes le temps presse car les autorités congolaises, qui ont mené leur propre enquête, tiennent à leur procès qui recommence lundi prochain. Michael Sharp et Zaida Catalán enquêtaient sur les violences meurtrières qui secouent l’Espace Grand Kasaï depuis plus de 9 mois et où une quarantaine des fosses communes ont été mises à jour. Les affrontements entre les présumés miliciens Kamuina Nsapu, du nom de ce chef coutumier tué le 12 août 2016 ; et les forces de sécurité congolaise (armée et police nationale), ont déjà fait plus de 400 morts et causé le déplacement de 1,3 million de personnes selon l’ONU.

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