home Politique, RD Congo Violences dans l’Espace Grand Kasaï : l’ONU et les ONG n’abandonnent pas !

Violences dans l’Espace Grand Kasaï : l’ONU et les ONG n’abandonnent pas !

Une coalition des 271 ONG (organisations non gouvernementales), 262 congolaises et 9 internationales en a appelé en ce 1er juin 2017 pour une action urgente du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies dont la 35ème Session s’ouvre le 6 juin 2017, à son siège de Genève. Et ce, pour la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale indépendante sur la situation qui prévaut depuis août 2016 jusqu’à ce jour dans la région de l’espace Grand Kasaï.

En effet, « Les violences dans la région du Kasaï ont causé d’immenses souffrances, les autorités congolaises se montrant incapables ou peu désireuses d’arrêter le carnage ou de faire en sorte que les responsables des abus rendent des comptes. Une enquête internationale indépendante est nécessaire pour documenter les abus, identifier les responsables et aider à garantir la justice pour les victimes », a déclaré Ida Sawyer, Directrice pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. Les défenseurs des droits humains et autres enquêteurs-observateurs de l’ONU ayant eu d’énormes difficultés à atteindre certaines parties de la région.

Le 8 mars 2017, le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, en avait déjà appelé à la création d’une commission d’enquête chargée de rendre compte des violences dans les cinq provinces de ce que fut le Grand Espace Kasaï. Le 19 avril 2017, il revenait à la charge en déclarant que « les mesures nécessaires de la part du gouvernement congolais pour qu’une enquête immédiate, transparente et indépendante, qui établisse les faits et les circonstances des violations et atteintes aux droits de l’homme et à la justice, soit mise en place étaient jusque-là manquantes ».

Ces violences attribuées aux attaques des présumés miliciens Kamuina Nsapu et à la répression jugée démesurée des forces de sécurité nationale (armée et police) ont déjà fait entre 500 et 1 000 morts, plus d’1,3 million de personnes déplacées de leurs foyers au cours des derniers mois, dont près de 30.000 ont fui vers l’Angola, pays voisin. De plus, à ce jour, Les enquêteurs de l’ONU ont confirmé l’existence d’au moins 42 fosses communes dans la région depuis août 2016 sans qu’aucune investigation n’y soit menée pour en connaitre le contenu.

Deux membres du Groupe d’experts de l’ONU sur la RD Congo, Zaida Catalán, une Suédo-chilienne, et Michael J. Sharp, un Américain ; leur interprète Betu Tshintela, enlevés le 12 mars ont été retrouvés assassinés le 27 mars 2017, alors qu’ils enquêtaient sur les violations généralisées des Droits Humains dans la région. Les trois autres accompagnants congolais et conducteurs des motos n’ont jamais été retrouvés sans qu’on ne sache toujours qui est responsable de cet odieux crime.

Joseph Kabila à Mbuji-Mayi dans le Kasaï Oriental

Cette déclaration des ONG de Défense des Droits Humains intervient au lendemain du voyage du président Joseph Kabila dans cet espace Kasaïen, d’abord à Kananga depuis le mardi 30 mai ; puis à Mbuji-Mayi où il serait attendu ce vendredi 2 juin 2017. Alors que rien n’a filtré de son séjour dans le chef-lieu de la province de Kasaï Central, on ne sait pas non plus de quoi sera faite et pour quelle finalité son passage à Mbuji-Mayi dans le Kasaï Oriental.

Lire aussi : Laborieux voyage de Joseph Kabila à Kananga pour contrer le phénomène Kamuina https://www.afriwave.com/?p=3189

Ce qui demeure certain, le conflit dans l’espace Grand Kasaï a région des Kasaï et les violences qui s’en suivent découleraient d’une certaine volonté du régime de contrôler le pouvoir coutumier au travers des chefs locaux. Ce qui avait conduit à la mort le 12 août 2017 de Jean-Pierre Mpandi, grand Chef Kamuina Nsapu et héritier apparent du trône de la chefferie Bajila-Kasanga dans la région de Tshimbulu. Il lui était reproché d’être proche des thèses de l’opposition au régime et de s’être finalement rebellé contre l’autorité de l’Etat.

Un message fort et nécessaire pour montrer que ces crimes ne resteront pas impunis, c’est également ce qu’a voulu démontrer l’Union Européenne en annonçant une nouvelle série des sanctions individuelles contre certaines personnes clées du régime.

Deux ministres : Lambert Mende et son collègue de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadari, ainsi que le prédécesseur de celui-ci, Evariste Boshab, deux gouverneurs, Alex Kande Mupompa et Jeean-Claude Kazembe Musonda du Kasaï central et du Haut Katanga ; figurent parmi les nouveaux ciblés. Egalement visés le chef du service de renseignements, Kalev Mutond ; deux militaires, les généraux militaires Mundos et Ruhorimbere; et le chef de milice Bakata-Katanga Gédéon Kyungu.

Dans la foulée des sanctions européennes, ce sont les Etats-Unis qui viennent de cibler ce 1er juin 2017 le chef de la Maison Militaire de Joseph Kabila, le Général François Olengha et son complexe touristique le «Safari Beach Club» situé sur la route de la N’sele dans la périphérie de Kinshasa la capitale. Comme les premiers sanctionnés, il lui serait reproché nombreuses entraves dans le processus démocratiques. Notamment les arrestations, les exécutions arbitraires et le harcèlement des opposants. Pour John Smith, Le Directeur du Trésor américain ; les agressions et les violences  commises par l’armée congolaises sont plus inacceptables.

Général François Olengha

Lire aussi : RDC-UE : des nouvelles sanctions qui font très mal et qui ne passent pas https://www.afriwave.com/?p=3193

Ces sanctions qui ne sont pas acceptées par Kinshasa sont regardées comme une mesure vexatoire et ne resteront pas sans réactions de notre part révèle un proche du gouvernement à www.afriwave.com . Elles font encore très mal d’autant que certains responsables épinglés à l’instar de Lambert Mende, Alex Kande Mupompa et Evariste Boshab seraient détenteurs soit d’une carte de séjour, soit de la nationalité belge et qu’une bonne partie des membres de leurs familles vive encore dans le royaume depuis leurs années d’exil sous le régime Mobutu. Il en est de même pour Kalev Mutond qui avait des entrées et des proches dans le cercle de pouvoir en France.

Pour la liste complète des 262 organisations non gouvernementales congolaises et des 9 organisations non gouvernementales internationales appelant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à établir une commission d’enquête sur la situation dans la région du Kasaï, veuillez suivre le lien :

https://www.hrw.org/sites/default/files/news_attachments/signatories_dr_congo_kasai_press_release_-_june_1_2017_-_fr.pdf

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