home Politique, RD Congo, Régions Kinshasa sécurité : Célestin Kanyama, infortune d’un « généralissime » qui en faisait de trop ?

Kinshasa sécurité : Célestin Kanyama, infortune d’un « généralissime » qui en faisait de trop ?

Mais où est passé le Général, qu’est-il devenu, toutes ces questions taraudent la population kinoise depuis que des rumeurs persistantes ont fait état de la disgrâce du commissaire provincial de la Police Nationale Congolaise (PNC) de la ville province-capitale Kinshasa ; Célestin Kanyama, 55 ans dont près de la moitié au compteur dans les rangs des forces de sécurité. Si les uns le croit en état d’arrestation pour insubordination à la hiérarchie, d’autres le dit en fuite de la capitale et du pays.

Et ce, nonobstant les infirmations en cascade de son chef national le Général Charles Bisengimana qui se disait n’être au courant de rien depuis Kananga où il séjournait en compagnie du ministre de l’Intérieur le weekend dernier. Mais aussi de Kanyama lui-même à qui l’on prêtait toujours sa présence à la tête de la police de Kinshasa. La confusion s’est encore accrue avec la prise d’armes du colonel Elvis Palanga Nawej devant tous les corps de la police kinoise en qualité du chef intérimaire de la police dans la capitale ; place qu’occupait encore le général Kanyama.

La confirmation a fini par être faite par le porte-parole de la PNC, le colonel Pierre-Rombaut Mwanamputu en des termes lapidaires : Le colonel Elvis (Palanga Nawej) a été désigné commissaire provincial ad intérim de la police nationale congolaise (pour la) ville-province de Kinshasa.Il n’y a pas d’autres communications à faire à ce sujet. De l’intérimaire désigné, l’on fait état qu’il soit apprécié de la population et qu’il  a une image d’homme de terrain, proche de ses hommes, contrairement à Kanyama, habitué à monter en première ligne.

Que s’est-il réellement passé ?

Mutisme et opacité totaux dans le chef de la hiérarchie policière sur le sort de celui que l’on surnomme Esprit de mort par ses détracteurs pour sa supposée violence excessive dans la répression des manifestations de l’opposition. Il faut le dire clairement que Kanyama n’a pas non plus que des amis dans la police où la concurrence et la jalousie sont de mises pour tout celui qui croit mériter la confiance du chef suprême Kabila. Entre Kanyama et son chef supérieur Bisengimana, ce ne pas non plus le grand amour.

C’est de ce côté que se situerait le motif de sa suspension temporaire pour insubordination à dater du 13 avril pour 15 jours calendrier. Car la méfiance serait devenue tenace entre Kanyama et Bisengimana et pour cause le présumé mensonge au sujet du dispositif sécuritaire de la PNC pour sécuriser ou réprimer la marche du Rassemblement du lundi 10 avril  finalement interdite. Nul n’est sans ignorer que le pouvoir était sur son qui-vive après le mot d’ordre de l’opposition radicale du Rassemblement pour une manifestation le 10 avril en vue d’exiger l’application de l’Accord Politique Global et Inclusif du 31 décembre 2016. Pour Bisengimana, tout était fin prêt dans son dispositif sécuritaire (engins et primes de risques pour les agents), ce que contestait Kanyama pour qui rien n’était acquit pour lui et ses hommes. Et ce, en présence du vice-premier ministre chargé de l’intérieur Ramazani Shadari au cours de leur réunion d’évaluation tenue le 9 avril 2017.

L’échange d’amabilités entre Bisengimana et Kanyama en présence de leur ministre de tutelle se traitant réciproquement de menteur traduit bien le climat des relations entre les deux hommes dont les ambitions et rivalités ne sont plus à démontrer. L’on parlerait même de détournement desdites primes au risque de décourager les policiers désignés pour cette sale besogne dans le chef de Kanyama. Il aura donc fallu le hiatus de Kabila et Shadari pour que la décision de sa suspension soit prise et son remplacement soit effectué dans la foulée. C’est du reste son remplaçant, le colonel Elvis qui a dirigé les opérations du retour du chef du Rassemblement, Félix Tshisekedi au pays ce 17  avril 2017 depuis l’aéroport international de la Nd’jili jusqu’au QG de l’UDPS à Limete. C’est le 28 avril qui arrive que l’on saura de quoi sera fait l’avenir de Kanyama.

De Kanyama à la tête de la police de Kinshasa, l’on retiendra que son dernier haut fait fut l’arrestation-reddition dans l’assaut contre la résidence de Ne Muanda Nsemi le 3 mars 2017 dans la commune de Ngaliema. Ce député national, chef politique du parti Bundu Dia Mayala (Kongo) et en même temps chef spirituel de la secte Bundu Dia Kongo était retranché en son domicile après des heurts violents avec les forces de la police venues l’arrêter. Quatre personnes avaient péri dont 3 adeptes de la secte et un policier du groupe mobile Badara expliquait Kanyama aux médias.

Cet ancien gendarme reconverti en Garde civile sous Mobutu est aussi craint que respecté dans l’ère Kabila. Biceps bombés et écusson de parachutiste impeccablement accroché au thorax, il demeure l’une des pièces maîtresses du dispositif sécuritaire de Kabila dans la capitale en compagnie d’un autre influent général Gabriel Amisi dit Tango Four, qui est depuis la mi-septembre 2015 à la tête de la première zone de défense, qui couvre Kinshasa et la moitié Ouest du territoire. Kanyama dont on ne peut ignorer les ambitions s’est toujours targué en public comme en privée d’avoir la confiance du chef tout en rappelant qu’il a été l’un des premiers instructeurs des Bana Moura, les soldats de la garde prétorienne qui s’occupent de la sécurité du chef de l’État.

Plusieurs rapports pourtant les ciblent tous les deux sur les graves atteintes aux droits de l’homme commises pendant la répression des manifestations de l’opposition contre la tentative de réforme de la constitution sur la loi électorale, entre janvier 2015 et fin 2016 à Kinshasa. Plusieurs morts enregistrées par l’ONU et les organismes de Défense des Droits de l’Homme, Kanyama ayant été cité personnellement lors des opérations policières Likofi et Likofi + (coup de poing, en lingala), destinées à éradiquer le phénomène kuluna, ces gangs des rues dans Kinshasa dans la capitale.

Les Etats-Unis comme l’Union Européenne les ont du reste mis au banc comme personnalités contribuant à l’étouffement de la démocratie dans le pays, chose qu’ils ont toujours réfutée disant être au service du maintien de l’ordre et de leur pays. (Lire notre article Américains et Européens sanctionnent de nouveau les officiels congolais https://www.afriwave.com/?p=1506 ).

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