home Politique, RD Congo, Régions Nouveau gouvernement : Tshibala bientôt confronté à la réalité de l’exercice du pouvoir

Nouveau gouvernement : Tshibala bientôt confronté à la réalité de l’exercice du pouvoir

Ce n’est plus qu’une question de temps, le nouveau gouvernement de Bruno Tshibala sera connu avant d’être confronté à la dure réalité de l’exercice du pouvoir sans aucun réel pouvoir décisionnel. C’est du reste ce qu’avait appris à ses dépend le prédécesseur Samy Badibanga Ntita, qui a fini par rendre son tablier en un peu moins de trois et demi. Le nouveau premier ministre qui doit rencontrer le président Kabila incessamment devra discuter avec ce dernier de la composition du futur exécutif national dont il n’y aura pas de surprise quant aux hommes et femmes qui devront l’animer.

Bénéficiant de l’appui de la Majorité Présidentielle (MP) dixit son numéro deux, le président du parlement Aubin Minaku ; le premier ministre Bruno Tshibala à moins d’une surprise se verra cerné des ministres clés issus de la famille politique du chef de l’Etat comme dans tous les gouvernements s’étant succédés ces dernières années. Question de conserver l’emprise sur les institutions du pays et tous les moyens financiers qui y vont avec. Pour des observateurs avertis, le fait de nommer Bruno Tshibala à cette fonction est une manœuvre réussie du régime pour diviser davantage l’opposition ou ce qui en reste, Tshibala ayant été écarté de l’UDPS. En le recrutant, le pouvoir a fait un beau coup, mais pour combien de temps encore l’on se le demande ?

Tshibala, un homme isolé

Malgré un semblant de sérénité et en dehors de quelques soutiens de son groupe du Rassemblement dissident, Bruno Tshibala parait un homme isolé et fragilisé dès son départ qu’on ne le pense tant sur le plan intérieur qu’à l’extérieur du pays. Du reste, on voit très mal ses ex-amis de l’opposition radicale ralliés son gouvernement à moins que nous le prouve le contraire, ce malgré son enthousiasme : « L’appel que je lance est un appel sincère. Mes bras sont ouverts, ma main est tendue, que tout le monde vienne. C’est ensemble que nous allons réussir le défi de sortir de l’ornière et d’aller vers des lendemains qui chantent pour notre peuple qui a tant souffert. De l’UDPS à la société civile, personne ne sera abandonné au bord de la route. Nous serons tous sur la même route pour aller vers la réussite ».

Ces propos tenus au lendemain de sa nomination dont la communauté internationale se dit constatée avec « réserve » faute de consensus et en dehors du cadre de l’Accord politique du 31 décembre 2016 signé sous l’égide de la CENCO traduisent bien les inquiétudes de l’homme quant à l’avenir de sa mission. Pour l’Union européenne donc, c’est la vigilante qui s’impose selon son communiqué du 8 avril 2017 : cette nomination qui s’est faite contrairement à la lettre et à l’esprit de l’accord du 31 décembre 2016 n’est pas de nature à rassurer tout en rappelant la nécessité d’une mise en œuvre rapide dudit accord en tenant compte de la nouvelle résolution n° 2348 du Conseil de Sécurité de l’ONU sur le pays du 31 mars 2017. L’UE brandit en outre la menace que de nouvelles mesures restrictives individuelles pourront être adoptées contre ceux qui seraient responsables de graves violations des droits de l’homme.

De son côté la Belgique, ancienne puissance coloniale constate que la désignation de Tshibala s’écarte de la lettre et de l’esprit de l’Accord de la Saint-Sylvestre » qui prévoyait que la nomination d’un Premier ministre proposé par le Rassemblement comme pour ne pas se dire reconnaitre l’aile dissidente de l’opposition de laquelle il provient. Le gouvernement belge dénonce également les restrictions aux lois et libertés individuelles comme des masses suite à la forte détérioration de la situation sécuritaire et des droits de l’Homme dans différentes parties du pays tout en promettant une concertation avec ses partenaires internationaux quant au futur des relations avec la RDC.

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