home Politique, RD Congo, Régions Journée ville morte : un premier test réussi post Etienne Tshisekedi

Journée ville morte : un premier test réussi post Etienne Tshisekedi

Pari tenu à la mi-journée. Premier test presque réussi de l’opposition réunie au sein du Rassemblement (Rassop) après le mot d’ordre lancé à la population à observer une journée ville morte sur l’étendue du pays par son nouveau président Félix Antoine Tshisekedi. Cet appel vise à mettre la pression sur le pouvoir pour la mise en œuvre de l’Accord Politique Global et Inclusif du 31 décembre 2016 signé sous l’égide de la CENCO jusqu’à l’organisation des élections censées se tenir en fin d’année 2017 selon les organisateurs.

Malgré l’imposant dispositif sécuritaire déployé dans toutes les grandes villes du pays et parfois l’obligation faite aux fonctionnaires de se rendre au travail, l’activité a tourné au ralenti dans tous les secteurs de la vie. De l’effervescente ville-capitale du pays Kinshasa à Lubumbashi dans le Katanga en passant par Goma à l’Est, Kananga et Mbuji-Mayi au Centre du pays, Kisangani au Nord et Matadi à l’Ouest; c’est le même constat : trafic quasi inexistant ou aucune circulation intense, boutiques, magasins et autres marchés fermés…C’est en fin de journée qu’une timide reprise a été constatée sur l’ensemble du pays, la survie oblige.

Pour les observateurs du microcosme politique congolais, cette journée réussie conforte ainsi le leadership de Félix Tshisekedi, nouveau chef de l’opposition à la tête du Rassemblement qui a succédé à son père, le charismatique Etienne Tshisekedi décédé le 1er février 2017 à Bruxelles et dont le rapatriement du corps et les obsèques au pays se font toujours attendre. Cette démonstration révèle que la rue écoute Félix ajoute un Kinois dans la rue déserte de son quartier populaire de Masina, bastion des opposants radicaux au régime Kabila dans la bouillonnante circonscription de la Tshangu.

Kabila consulte…

Alors que la discussion sur l’Arrangement Particulier (AP) a échouée le 27 mars dernier, le pouvoir a lancé ses propres discussions dites informelles avec les différentes parties prenantes au dialogue politique ayant débouché le 31 décembre 2016 sur l’Accord Politique Global et Inclusif. Préconsultations auxquelles s’était dit opposé l’opposition du Rassemblement car Aubin Minaku et Adolphe Lumanu, deux cadres de la majorité et négociateurs auprès de la CENCO ; choisis pour conduire cette tâche sont de ceux-là mêmes à l’origine du blocage constaté pour parvenir à un consensus sur la mise en œuvre de l’Accord avec le choix du Premier ministre et la nomination du Président du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA).

Bien avant son adresse devant les deux chambres du parlement réunies, Joseph Kabila a décidé lui-même de recevoir lundi 3 et mardi 4 mars en deux audiences séparées, les délégués des parties prenantes   à la négociation directe de la CENCO. Et ce pour baliser la voie pour la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre 2016, ce à quoi se méfie encore le Rassemblement qui n’avait déjà pas répondu à l’invitation des pré-négociateurs de Kabila contrairement aux autres plateformes ayant participé à ces assises du Centre Interdiocésain de Kinshasa. Et de là à se demander si le groupe de Félix Tshisekedi-Pierre Lumbi pourra répondre à ces nouveaux rendez-vous qui, de l’avis de certains, ne sont que le prolongement des consultations menées par les envoyés de Kabila et dont l’issue est incertaine.

Le Conseil de sécurité averti

Dans sa résolution 2348 du 28 mars 2017, le Conseil de Sécurité de l’ONU qui a reconduit à l’unanimité la présence de sa force de la Monusco dans le pays a également adressé un avertissement au président Joseph Kabila :  son gouvernement doit respecter l’Accord de partage du pouvoir avec l’opposition et permettre la tenue des élections a déclaré l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft, dont le pays assume la présidence du Conseil de sécurité ce mois-ci. L’Union européenne, L’Union africaine, et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ont demandé que soit vite nommé un Premier ministre issu de l’opposition en application de l’Accord du 31 décembre 2016.

Dans la même résolution, il est décidé la réduction de ses effectifs des militaires et des policiers de la Monusco qui passeront d’une capacité théorique de 19.815 membres à 16.215. Dans la réalité, près de 500 Casques bleus devront quitter la RDC pour une force qui fonctionnait déjà avec quelque 3.100 membres du personnel de moins que le plafond autorisé. Le mandat de cette mission demeure la plus importante et la plus coûteuse des Nations Unies en temps de paix depuis 1945. Il est reconduit pour une année supplémentaire, mais devra faire l’objet d’un examen de sa stratégie d’ici au mois de septembre prochain.

Malgré des tensions et une insécurité grandissantes, dans tout le pays selon l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft, son homologue français, François Delattre se félicite et trouve avec le nouveau mandat une Monusco plus réactive, plus mobile. Ce nième vote du Conseil de Sécurité intervient sur fond d’affrontements entre miliciens présumés et forces de sécurité au centre du pays alors que la grave crise politique se poursuit dans le pays. Les élections présidentielle et législatives très attendues en fin d’année 2017 et censées décrisper la situation deviennent presque qu’hypothétiques en huit mois de l’échéance fixé. La signature de l’Arrangement Particulier (AP), texte additif et explicatif pour l’application effective de l’Accord de la Saint Sylvestre entre la majorité et l’opposition ayant échoué le 27 mars dernier suite des manœuvres dilatoires et des intransigeances irréalistes bloquant ainsi tout le pays. Joseph Kabila au pouvoir depuis 2001 ne peut se succéder à lui-même pour un troisième mandat que la Constitution lui interdit de se représenter. Toute la Nation attend donc son discours devant les deux chambres réunies (Parlement et Senat) en session extraordinaire incessamment pour connaitre ses pistes de sortie de crise

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