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Opposition en RDC : Une guerre des tranchées ouverte au sein du Rassemblement

C’est une conjoncture des mauvais astres, c’est ce qui semble se passer au sein de la frange majoritaire de l’opposition réunie au sein du Rassemblement (Rassop) depuis le début de cette année 2017. Comme en 1990 avec l’Union Sacrée de l’Opposition radicale (USORAL), c’est une guerre des tranchées ouvertes que se mènent aujourd’hui différentes composantes de cette opposition que l’on pensait pourtant assagie depuis sa naissance lors du Conclave de Genval (8 et 9 juin 2016) en Belgique autour de l’UDPS et d’Etienne Tshisekedi. (Lire notre article Le Conclave de l’opposition congolaise de Genval fait son «Rassemblement» https://www.afriwave.com/?p=330).

Les faits

Les négociations autour de l’Arrangement Particulier (AP) entre la Majorité et l’Opposition pour la mise en œuvre de l’Accord Politique Global et Inclusif sous l’égide de la CENCO piétinent : la grande divergence persistant autour du mode de désignation et de la nomination du premier ministre du futur gouvernement. Revenant de droit au Rassemblement   qui doit en désigner son candidat selon les termes de l’Accord en son Chapitre 3, la Majorité exige une liste des candidats parmi lesquels Joseph Kabila devrai en choisir un comme premier ministre. Sentant un piège comme ce fut le cas lors du premier dialogue avec Kodjo (1er septembre au 18 octobre 2016) où le favori pressenti Vital Kamerhe s’était vu souffler la primature par son ex-ami Samy Badibanga, le Rassemblement reste campé sur sa position en s’en tenant au texte de l’Accord.

Le départ de Tshisekedi en Belgique pour un check up médical le 24 janvier et son décès inopiné le 1er février dans la capital Belge complique encore plus la situation. Orphelin de son patriarche et figure tutélaire emblématique, Le Rassemblement semble aujourd’hui une famille divisée que réunie comme jadis. Qu’on en accepte ou non, c’est le camp de la Majorité présidentielle qui en profite. Face aux enchères que l’on fait monter pour retarder le plus longtemps possible la mise en application de l’Accord Politique Global et Inclusif, Le rassemblement s’effrite chaque jour à cause des ambitions personnelles des uns et des autres. (Lire notre article : Le Rassemblement de l’opposition 2016-2017, attention au syndrome Union Sacrée de l’opposition des années 1990-1993 https://www.afriwave.com/?p=1383).

Bien avant le départ de Tshisekedi et son décès en Europe, c’est la Dynamique pour l’unité dans l’action qui éclate en deux fractions qui se disent toujours membres du Rassemblement : d’un côté Joseph Olenghankoy, le trublion de l’opposition depuis 1990 qui en compagnie de Freddy Matungulu, Gilbert Kiakwama Kia Kiziki et Ingele Ifoto. De l’autre Martin Fayulu, Claudel Lubaya. Conséquence : deux messes d’actions des grâces au même moment en janvier 2017 en mémoire des manifestants morts le 19 janvier 2015 contre la tentative de révision constitutionnelle initiée par la majorité au parlement.

La disparition de Tshisekedi n’a fait que ressortir de bois les uns comme les autres : si son deuil n’est pas fait faute de rapatriement du corps au pays, les négociations entre la Majorité et le rassemblement n’étaient qu’informelles autour des Evêques pour un aboutissement rapide de l’Arrangement Particulier.

L’affaire Katebe Katoto

Raphaël Katebe Katoto, hier encore ami proche de feu Etienne Tshisekedi; il serait devenu aujourd’hui une affaire et problème en soi pour le Rassemblement. Son absence plus que remarquée aux hommages rendus à Tshisekedi trois durant à Bruxelles, sa supposée visite dans la chambre d’hôpital du malade quelques heures avant son décès n’ont cessé d’alimenter la chroniques. Tout ceci avant que n’éclate au grand jour ses propres ambitions pour être nommé premier ministre dans le cadre de l’Accord Politique Global Inclusif négocié par l’opposition. De son vivant Tshisekedi n’a jamais désigné Félix Tshisekedi comme premier ministre, lâche-t-il dans des interviews aux médias alors que son frère Moïse Katumbi soutient Felix Tshisekedi comme candidat  premier ministre du Rassemblement car, ce poste ayant été accordé à l’UDPS par consensus des composantes de l’opposition.

Frère aîné de Moise Katumbi Chapwe, l’homme d’affaires qu’on disait souffler à l’oreille du président du Conseil des Sages du Rassemblement serait aujourd’hui suspendu à titre conservatoire de la composante Alternance pour la République (AR), plateforme qui soutient la candidature à la présidentielle de son jeune frère Moïse Katumbi. Son parti, L’Union des Libéraux Démocrates (ULD) annonçant même l’arrivée de son président Katebe à Kinshasa dans les jours à venir dans sa course pour la primature.

Quid de la poursuite de la médiation catholique ?

Les choses trainant en longueur sans aucune perspective d’un issu, l’Eglise catholique commence à se poser des questions sur la poursuite de sa médiation dans le cadre des bons offices entre politiques. En formation à Kinshasa sur le Renforcement des capacités de gouvernance des diocèses en matière de gestion des finances et du personnel, les Evêques mettront à profit les deux premiers jours de leur rencontre pour réfléchir sur la situation du pays  en rendant compte à sa plénière sur l’état d’avancement de sa médiation. Il y sera question de voir ce qui bloque mais surtout il reviendra à l’Assemblée plénière qui est l’organe suprême de l’Episcopat de décider oui ou non de la poursuite de l’implication de l’Eglise.

A cet effet, la présidence de la CENCO a sollicité une audience auprès de Joseph Kabila depuis deux semaines sans aucune suite. Pendant ce temps, la Majorité ne jurant que sur la fin de la mission de l’Eglise dans cette discussion directe. Face à la mésentente d’une classe politique insensible aux problèmes du peuple, la CENCO avaient déjà par deux fois menacer de se retirer de sa médiation actuelle comme elle l’avait fait lors du Dialogue Kodjo (Lire RD Congo : Le dialogue politique national reprend sans la Cenco,  La Ceni pour les élections en fin d’année 2018 https://www.afriwave.com/?p=891).

Devant les incertitudes passées et actuelles, le vice-Président de la CENCO, Mgr Fridolin Ambongo; tirait déjà l’alarme sur cette mauvaise volonté d’une classe politique corrompue : Le Vice-président de la CENCO au journal La Croix : «Je suis d’un optimisme prudent et très mesuré car je ne suis pas sûr qu’il y ait une volonté politique de sortir le pays de la crise» https://www.afriwave.com/?p=1630. Comme Ponce Pilate, l’Eglise pense dire à l’opinion tant nationale qu’internationale ce qui se passe réellement avant des jeter définitivement l’éponge

Les jours à venir demeurent déterminants pour ce que sera le pays actuellement que toutes ses institutions sont devenues hors mandats.

Une correspondance de Tshikuyi Tubabela

 

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