home Diaspora, Politique, RD Congo, Régions Décès d’Etienne Tshisekedi : trois jours de deuil pour un ultime hommage à Bruxelles

Décès d’Etienne Tshisekedi : trois jours de deuil pour un ultime hommage à Bruxelles

Bruxelles, Palais 2 du Parc des Expositions. C’est un Plateau du Heysel noir de monde dont la foule estimée à plus de 5000 personnes qui a rendu un dernier et unique hommage à Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, Président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) et du Conseil des Sages du Rassemblement de l’opposition le dimanche 5 février 2017. Le cercueil ouvert de l’opposant politique congolais a été exposé en cet endroit où grâce à la ville de Bruxelles, trois soirées (3 au 5 février 2017) de deuil et d’hommages lui ont été rendu par des milliers de Congolais de la diaspora de toute l’Europe, de l’Amérique du Nord (USA, Canada), de l’Afrique et ceux venus de Kinshasa.

Des responsables politiques belges à l’instar du président du PS, Elio Di Rupo, André Flahaut, Marie Arena, Yvan Mailleur, Herman Decroo, Joëlle Milquet, Bertin Mampaka, Didier Reynders, Laurent Louis et l’eurodéputée italienne Cécile Kyenge sont venus lui rendre hommage sur place. Les Congolais Moise Katumbi, Olivier Kamitatu, Jean-Claude Mvuemba, Nzanga Mobutu, Roger Lumbala, Lilianne Texieira Bemba, maman Bobi LaDawa étaient tous là un moment ou un autre pour réconforter la veuve Marthe Kasalu et ses enfants.

 

Durant ces trois soirées, de ses partisans aux badauds venus très nombreux pour en savoir plus sur cet homme qui avait su tenir tête à Mobutu et aux Kabila; un seul mot : l’héritage politique que lègue le vieil opposant au travers de son ultime combat avec la tenue de la Négociation directe entre  la majorité présidentielle et l’opposition sous l’égide de la CENCO. Mais aussi et surtout la signature de l’Accord Politique Global et Inclusif censé conduire le pays durant une courte période d’un an avant l’organisation des élections générales en fin d’année 2017.

Il y a été aussi beaucoup question de son fameux mot d’ordre au peuple congolais de se PRENDRE EN CHARGE face aux tentatives de résurgence d’une nouvelle dictature incarnée par Joseph Kabila. Le décès de Tshisekedi, figure tutélaire de l’opposition intervient en un moment où sa coalition politique du Rassemblement négocie âprement l’Arrangement Particulier (AP), ce texte additif et explicatif  pour la mise en œuvre de l’Accord politique du 31 décembre 2016. Ces négociations ne devraient pas reprendre avant l’enterrement.

Décédé des suites d’une embolie pulmonaire à Bruxelles mercredi 1er février 2017, Etienne Tshisekedi, 84 ans; se trouvait en Belgique depuis plus d’une semaine pour un checkup médical. Une messe de requiem sera célébrée en sa mémoire le jeudi  9 février 2017 en La basilique de Koekelberg dans la commune du même nom avant le rapatriement de son corps à Kinshasa probablement vendredi 10 février 2017 pour des obsèques nationales et populaires.

Des obsèques sous haute surveillance

Depuis l’annonce de la mort d’Etienne Tshisekedi, c’est un  climat de véritable tension qui sévit dans Kinshasa la capitale du pays avec multiples affrontements entre forces de police et militants de son parti l’UDPS. Dans un climat politique tendu du fait du maintien au pouvoir de Joseph Kabila alors que son deuxième et dernier mandat constitutionnel a expiré le 19 décembre 2016, la question de ses obsèques au pays demeure un casse-tête logistique et sécuritaire et logistique. L’UDPS et le pouvoir disent vouloir éviter que ces funérailles ne donnent lieu au moindre débordement, alors que certains ultras du parti refusent aux autorités le droit de pouvoir rendre hommage à leur champion.

Sa famille biologique sous la conduite de l’Evêque de Mweka, Gérard Mulumba, le jeune frère d’Etienne Tshisekedi et une délégation de l’UDPS ont rencontré lundi 6 janvier la commission gouvernementale présidée par Ramazani Shadary, vice-premier ministre de l’Intérieur. Le gouvernement annonçant vouloir organiser des funérailles dignes du Premier ministre que fut Tshisekedi à trois reprises au début des années 1990 pendant la période d’ouverture démocratique sous la dictature de Mobutu (1965-1997).

Car,  l’on craint une foule encore plus nombreuse pour ses obsèques que lors de son retour à Kinshasa en juillet 2016. Tshisekedi avait été accueilli par près d’un million de personnes depuis l’aéroport et tout le long de son trajet, dans ce qui reste comme la plus grande manifestation à caractère politique en RDC depuis les élections de 2011.

Si aucun programme officiel n’est encore déterminé jusqu’à ce jour, l’on sait qu’une délégation d’une quinzaine des personnes; famille biologique et surtout politique se trouve à Bruxelles en vue de régler  les dernières formalités pour le rapatriement du corps et les obsèques dans le pays. Il faut dire qu’il s’agit d’un événement qui risque à la fois de drainer les foules, mais aussi très politique.

Raison pour laquelle on réfléchit pour ces funérailles à Kinshasa, des obsèques officielles au Palais du Peuple, mais aussi des obsèques populaires pour des nombreux militants et partisans pouvant se dérouler au Stade des Martyrs. La famille et le parti y tiennent beaucoup selon des sources bien informées. Son parti réfléchissant également à la construction d’un mausolée à son siège, un projet qui pourrait prendre du temps.

Pour le SG de l’UDPS Jean-Marc Kabund-A-Kabund, le message de son parti est clair : Nous, en tant que parti politique du président Etienne Tshisekedi, nous ne pouvons pas conditionner son enterrement à quoi que ce soit. C’est un grand homme, il a fait beaucoup de choses pour ce pays, il est mort, nous devons l’enterrer avec dignité et honneur. Mais le gouvernement ferait aussi mieux d’écouter la voix de la raison, la voix que l’ensemble de notre peuple est en train de lancer à son endroit, exigeant l’application intégrale de l’accord du 31 décembre 2016.

Roger DIKU à Bruxelles

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